News - 06.09.2020

Nouvel attentat terroriste, pluies diluviennes et recrudescence du Covid-19 : pas de répit pour le gouvernement Mechichi

Nouvel attentat terroristes, pluies diluviennes et recrudescence du Covid-19 : pas de répit pour le gouvernement Mechichi

Est-ce le sort de Hichem Mechichi que de devoir faire face, à chaque nouvelle nomination à de hautes fonctions à un attentat terroriste ? Comme le 6 mars dernier, lorsqu’il prenait à peine ses fonctions de ministre de l’Intérieur. Ce dimanche matin, 6 septembre, jour de célébration de la constitution, en 1956, de la Garde nationale, le terrorisme a frappé de nouveau. S’attaquant à une patrouille de deux agents de la Garde nationale postés au carrefour d’Akouda (Sousse), non loin de la station balnéaire de Port El Kantaoui, des assaillants se sont acharnés sur eux au couteau, faisant un martyr, Sami Mrabet et un blessé, avant de s’emparer de leurs pistolets et de la voiture de la patrouille et de prendre la fuite.

Traqués par les forces de sécurité, aussitôt alertés, trois assaillants ont été abattus non loin du lieu de leur forfait et un de leurs complice, a été arrêté. En moins de 30 minutes.

Le président de la République, Kais Saied, comme le chef du gouvernement, Hichem Mechichi se sont rendus sur les lieux, où les avaient précédés le ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine qui supervisait les opérations de secours suite aux inondations causées par les pluies diluviennes de la veille, ont vivement dénoncé cet acte terroriste, rendant hommage à l’engagement patriotique des forces sécuritaires.

Face au terrorisme : plus et mieux de renseignement, de moyens et de coordination

Cet attentat unanimement dénoncé a suscité de vives émotions. Il rappelle l’ampleur du danger terroriste qui demeure menaçant. Le dernier attentat remonte à il y sept mois, jour pour jour, lorsque le 6 mars dernier une patrouille fixe de la Police nationale, en poste non-loin de l’ambassade américaine, aux Berges du Lac, avait été la cible d’un attentat-suicide qui avait coûté la vie à un policier et blessé cinq autres.

En tête de priorités du tout nouveau gouvernement Mechichi, la lutte contre le terrorisme demeure une préoccupation majeure pour l’ensemble des Tunisiens. Elle exige plus de coordination, de moyens et de coopération en matière de renseignement. Et surtout, de collaboration des populations locales pour signaler tout mouvement suspect.

Pluies et Covid-19

Deux autres préoccupations aussi majeures accaparent l’attention de Hichem Mechichi et son cabinet dès leur prise de fonction, jeudi dernier : les inondations survenues durant le weekend, causées par des pluies diluviennes abattues sur un grand nombre de régions dans le pays et l’aggravation de la situation épidémiologique par la viralité accélérée du Covid-19.

Ces pluies bénéfiques qui risquent de nous coûter cher

Une fois de plus, les pluies abondantes ont fait de nombreuses victimes, isolé des quartiers entiers, rompu des ouvrages routiers et interrompu la circulation dans nombre de routes. Elles ont mis à nu la défection des réseaux d’assainissement et d’évacuation des eaux, la mauvaise qualité de la chaussée et l’accroissement des lotissement anarchiques non viabilisés et les constructions illégales aux abords des oueds. Sans cesses répétées, les mises en garde n'ont guère ni instruit les autorités concernées, ni dissuadé les riverains des oueds.

Un relâchement irresponsable multiplie les risques

Continuant à sévir lourdement, face à un relâchement individuel désinvolte, la pandémie du Covid-19 affiche en Tunisie une nouvelle côte d’alerte. Le dernier bulletin épidémiologique publié par l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONMNE), publié ce dimanche fait état à la date du 4 septembre 2020, de 234 nouveaux cas confirmés. Au total, la Tunisie a enregistré, depuis le déclenchement de la pandémie et à fin août 2020, 4476 cas, et déploré 93 décès, en attendant une mise à jour au 5 septembre. Une nette accélération a été observée depuis la réouverture des frontières, le 27 juin dernier, marquée par une augmentation de la positivité des tests effectués (155.862 analyses) et des incidences touchant toutes les tranches d’âge, avec de plus en plus de jeunes.

Le nouveau ministre de la Santé, Dr Faouzi Mehdi se trouve ainsi confronté en première ligne pour faire à une situation de première urgence. Avec le Pr Nissaf Ben Alaya qui dirige l’ONMNE et le Dr Amel Ben Saïd, qui vient d’être nommée de nouveau à la tête de la Direction des Soins de Santé de Baser (DSSB), et leurs équipes ainsi que toutes les unités du ministère, il est appelé à renforcer d’un côté la sensibilisation préventive et, de l’autre, le dispositif de dépistage et de prise en charge des patients.

La détection de nouveaux clusters d’infection dans des usines et autres lieux de travail ajoute une nouvelle dimension à cette crise sanitaire sans précédent. L’industrie, particulièrement, s’en trouve frappée de plein fouet, avec des arrêts de production et d’exportation, mais c’est aussi toute l’économie qui risque de connaître un nouveau coup dur. Dans nombre de gouvernorats, les autorités régionales ont suspendu à titre préventif les marchés hebdomadaires et décidé la fermeture de hammams et autres lieux publics.

L’impact économique, financier et social de la première vague du Covid-19, bien lourd, n’est pas encore supporté. Un rebond, redoutable, du virus mettra à genoux le pays, craignent les analystes les plus optimistes.

T.H.