News - 18.06.2020

Karim Ahres : Penser en rupture c'est aussi agir et comprendre les opportunités qu'offrent les technologies

Penser en rupture c'est aussi agir et comprendre les opportunités  qu'offrent les technologies

Par Karim Ahres. VP Conect  Digital - Le plan de relance doit être pensé en rupture tout en conduisant un changement difficile des comportements, ce changement ne passera que par l’utilisation des technologies disruptives.

En Tunisie, et depuis 2011, on a souvent entendu, écrit, compris les paroles mais sans jamais vraiment connaître la mise en œuvre … la musique.
L'économie des plateformes et de flux prend le dessus sur l'économie de stock, Airbnb qui ne possède aucun hôtel et dont le modèle d’affaire est basé sur des algorithmes en est le parfait exemple.

L'ère de l'informatique traditionnelle, des logiciels, des ERP sur site est derrière nous. Le cloud  et même les états plateformes sont déjà une réalité dans les pays développés et certains pays émergents.

La vraie rupture est dans la remontée, l'interprétation des données en temps réel et les algorithmes d'intelligence artificielle. La remontée d'information nécessite la connexion des machines entre elles par ce qu'on appelle l'internet des objets , IoT, véritable enjeu et cause des tensions sino-américaines pour le contrôle des futurs réseaux 5G et la guerre déclarée à Huawei leader mondial dans le domaine.
Cette nouvelle génération de réseaux arrive en rupture technologique car au-delà du très haut débit garanti, la 5G gère plus d'1 million d'IoT au km2 et avec un temps de latence inférieur à 1 milliseconde.

La 5G permet de connecter plusieurs technologies: le cloud, l'intelligence artificielle, l'internet des objets, la réalité virtuelle et augmentée qui se nourrissent les unes des autres.

La vidéo immersive pour la santé et le tourisme nécessite le très haut débit et un faible temps de latence pour pouvoir répondre en temps réel, la ville intelligente utilise aussi des objets connectés qui demandent souvent des réponses rapides.

Ce nouveau monde qui se matérialise par la voiture autonome, la télé-chirurgie en temps réel et les villes intelligentes a un avantage énorme pour l’évolution de l’industrie du numérique car il met de côté toute intervention humaine pour la saisie des données, vu que ce sont les machines qui se parlent entre elles et se remontent les informations.

Il est naturel que cela fasse peur mais le changement est déjà là et si on veut penser en rupture, il faudra se positionner rapidement. De nouveaux produits industriels vont apparaître et de nouveaux métiers vont émerger, d'autres vont devoir s'adapter. A titre d'exemple, à Barcelone, les chirurgiens commencent à opérer à distance en utilisant les technologies autour de la 5G, en France des espaces ont été réservés pour la circulation des voitures autonomes afin de commencer à tester des nouveaux produits industriels utilisant l'IoT (les chaussées, les abris connectés etc...), les villes intelligentes deviennent une réalité en Chine.

La 5G est déjà une réalité dans plusieurs pays, et sa vitesse de développement est beaucoup plus importante que celle de la 4G ou la 3G. D’ailleurs en Corée du sud, SK télécom (qui possède le plus grand réseau 5G au monde) a mis deux fois moins de temps (140 jours) à atteindre le million d’abonnés 5G que le million d’abonnés 4G. Ce résultat n’est que le fruit de la maturation rapide de l’écosystème puisqu’on parle de smartphones 5G a moins de 150 dollars pour 2020 et l’investissement énorme de certains fournisseurs en R&D a l’exemple du constructeur Huawei qui a investi plus de 90 milliards de dollars les 10 dernières années lui assurant sa position actuelle de leader mondial.

L'enjeu est aujourd'hui d'arrêter de débiter les paroles et d'enfin mettre la musique car le pays bouillonne de jeunes talents qui ont besoin de s'exprimer dans l'innovation industrielle, de santé, de tourisme, d'agriculture et d’art numérique.
Cette nouvelle rupture de la 5G, de l'internet des objets et d'intelligence artificielle va permettre à l'économie de passer à la forte valeur ajoutée et de laisser derrière elle la sous-traitance à faible coûts. Elle va aussi et surtout permettre aux entreprises de réinventer leur modèle d'affaires et leur organisation.

A mon humble avis, il faudrait lancer au plus vite la licence 5G afin de commencer à tester les cas d’usage et avoir une meilleure compréhension des opportunités d'emploi. Les entreprises et leur écosystème doivent collaborer avec les intégrateurs, opérateurs afin de co-construire des nouveaux cas d'usage et tester des proof of concept (POC) ou des proof of value (POV).

L'état pour sa part doit lancer des vraies initiatives pour inciter à l'innovation et envisager un dégrèvement fiscal pour tout investissement dans l'innovation, la recherche et le développement.

Pour finir arrêtons de regarder dans le rétroviseur, arrêtons de faire des études et de payer des consultants de stratégies et de présentations. La musique est dans l’innovation et les incitations financières, pour le reste nos entrepreneurs ont toujours été assez agiles pour se dépasser.

Ne dit-on pas que du besoin naît le talent ?   

Karim Ahres
VP Conect  Digital