News - 17.04.2020

Confinement / Déconfinement :Un faux-débat !

Confinement / Déconfinement :Un faux-débat !

En filigrane

Sous la psychose «Coroniene», l'univers linguistique de « Ferdinand de Saussure et Cie »  se trouve subitement au cœur d’une trilogie sémantique sans précédant, caractérisé par:

1- Une  montée en puissance du vocable  moyenâgeux  «confinement», jadis, signifia  l’enfermement d’un prisonnier dans une cellule ou l’internement d’un aliéné mental dans un  asile habituellement éloigné des villes, avant de connaître par la suite, des extensions multiples, entre autres,  se confiner dans la solitude ou dans le cas d'espèce, confiner des personnes  contaminées ou saines pour éviter la propagation d’une épidémie.
2- L’invention lexicale, par néologisme,  d’un nouveau terme baptisé  «Déconfinement»: c'est l’antonyme diamétral du terme confinement, se propageant aujourd’hui sur toutes les lèvres á la vitesse de la lumière sous forme d’un faisceau de questionnement: De quoi s' agit-il au juste? Quels aléas présente-il? Est-ce le moment propice de le faire ?
3- Un métissage  abusif et confus  des terminologies  «confinement», «isolement» «mise en quarantaine» bien qu’ayant des contenus contrastés!

En arrière plan

Dans un contexte pandémique  exceptionnel,  beaucoup d'entre nous se demandent : Où en sommes-nous exactement dans cette cacophonie sémantique ?
La  réponse vient tout droit des plus  hautes instances de l’Etat qui nous positionne dans un état de «confinement général» ! Est-ce vrai ? Est-ce possible ?
Mais, pour y parvenir  á satisfaire les strates basiques de  survie et de sécurité du pyramide de Maslow, les autorités publiques ont lucidement exclu du champ d'application de  «confinement général» un panel très large  de secteurs d’activité et de filières économiques renfermant l’agroalimentaire, santé, énergie, sécurité, eau, transports, communications, médias, hygiène et activités industrielles vitales… au point où on se demande légitimement de quel « confinement général» on parle !?

Par ailleurs, une batterie de mesures sociales ont été prises récemment autorisant à des milliers de personnes issues de familles démunies á prendre la queue et á se livrer á des bousculades interminables made in Covid-19 devant les bureaux de poste  ne fasse qu’accentuer la précarité  du plan de confinement mis en place.

En sus, nos grandes artères,  nos quartiers et particulièrement nos marchés de légumes, fruits et poissons  prennent acte,  chaque jour, de la présence d’un afflux humain échappant au concept de distanciation sociale!

Sur le même cap de timon, la plupart des pays même les plus cruellement secoués par la pandémie - l'Espagne et autres Etats -  sont en train de se libérer une fois pour toute, par voie de substitution, du  concept/leurre «confinement général»  par les termes « déconfinement graduel et progressif», que dire alors de notre pays dont les marges de manœuvres de résilience  de confinement  sont presque nulles!

Tant  d'exemples et d'indices révèlent  sans équivoque que le concept de «confinement général» n’est qu’une pure fiction, un simple vœu utopique d’où le débat national en cours devra s’affranchir de la dualité sans fin de confinement/déconfinement et s'orienter davantage sur  comment peut-on assurer une transition sécurisée de l’état de « déconfinement  déguisé et anarchique » dont nous vivons á présent vers un  « déconfinement intelligent » reposant  sur une nouvelle stratégie á multiple facettes, à savoir :

1- un dépistage du Covid-19 massif  et aléatoire, 
2- un confinement obligatoire des personnes contaminées par le virus dans des espaces aménagés et des zones réputées clusters ou foyers de la pandémie,
3- un port obligatoire des bavettes pour tous,
4- un transport de personnes  judicieusement planifié,
5- et des compagnes continues de désinfection des lieux publics.

Bref, avec ou sans corona, la vie doit continuer, sinon on va succomber au fond du grand piège tendu par le virus!

Mahjoub Lotfi Belhedi
Conseiller/chercheur en réflexion stratégique
Ex-rapporteur général et directeur de département de cybersécurité du «Centre Tunisien des Etudes de Sécurité Globale»