News - 17.04.2020

Banques, dites-nous ce que vous faites pour vos clients en cette crise !

Banques, dites-nous ce que vous faites pour vos clients en cette crise !

Des banques se plaignent d’un «faux procès» qu’on leur fait par média et réseaux sociaux interposés. En face, des clients déplorent ‘’l’absence du soutien et de l’accompagnement’’ escomptés de leurs banquiers. «On nous claironne engagement citoyen, proximité, et appui en mode Toujours avec vous, et à la première épreuve, tout cela s’estompe», vont jusqu’à s’indigner certains. Les banques n’ont-elles rien fait? Etaient-elle lentes à la détente pour ne se déclencher que tardivement, attendant les mesures gouvernementales et rechignant à sortir la grosse artillerie? Toute la relation s’en trouve affectée. Retour sur une mauvaise passe à rattraper.

Votre banque vous-t-elle contacté depuis la décision de confinement général. Un appel téléphonique, un mail, ou un SMS pour vous dire ce qu’elle met à votre disposition, professionnel ou particulier, vous présenter les mesures et facilités décidées en votre faveur et vous expliquer comment en bénéficier? Avez-vous écouté un spot radio, ou vu un spot télévisé, lu une annonce presse, à ce sujet ? Très peu de banque l’ont fait, et souvent d’ailleurs plutôt partiellement fait. Ce sont beaucoup plus des banquiers vertueux qui ont pris l’attache de certains de leurs clients, privilégiant bien sûr, les gros comptes, ou des connaissances et des proches.

Dans la quasi-totalité des cas, ce sont les clients, inquiets, paniqués, qui se sont rués vers leurs banques, pour s’enquérir des nouvelles mesures et demander des précisions quant à leur opérationnalité. Dans une confusion générale entre décisions du gouvernement, déclarations des autorités monétaires, et effets d’annonce lancés par certains médiavores écumant les plateaux radio et télé, on se perd dans cette jungle sans repères précis, adoptés par tous, compréhensibles pour tous. A chacun son demi-silence, sa propre interprétation. Le vide est alors comblé par la rumeur alors que l’angoisse ne fait que s’accentuer.

‘’Est-ce beaucoup ou très peu?'’

Comme pour se donner bonne conscience, des banques ont répondu à l’appel pour verser des contributions au Compte 1818, au profit de la santé. Les premiers montants ont été jugés dérisoires par la Kasbah. « Pas assez ! Faites un effort !», les a-t-on rappelés à l’ordre. Remettant la main dans les coffres, elles ont dû multiplié la mise, certains établissements de crédit, généreux, y allant jusqu’à 10 fois plus.

La seule prise de position publique de l’Association professionnelle des Banques et des établissements financiers (ATPBEF) tout au long du mois mars dernier a été d’annoncer fièrement le 27 mars, un montant total de contribution de 112 MD du secteur bancaire et financier. ‘’Est-ce beaucoup ou très peu’’, comme avait l’habitude de dire en boutade feu Béji Caïd Essebsi, devant des chiffres qui ne lui paraissaient pas suffisamment clairs.

Il aura fallu attendre jusqu’au 14 avril, pour que l’ATPBEF, après un rappel du gouverneur de la Banque central, précise les modalités d’applications des mesures de report des échéances de crédits aux particuliers, suite aux deux circulaires de la BCT N° 2020-07 et 2020-08. L’Association invite ses adhérents à « informer les clients par tout moyen laissant trace (sic) de la démarche de report de crédit en y intégrant les conditions applicables et en précisant que les nouveaux engagements ne sont pas générateurs de frais supplémentaires, ni de pénalités. » La notion de ‘’ tout moyen laissant trace’’ s’étend-elle aux médias ? Saint Thomas, n’en aura rien vu, lu ou écouté !

Le communiqué de l’ATBPEF se termine par une précision qui attire l’attention. « Le secteur bancaire s’est attelé dès la parution des circulaires de la BCT 2020-07 et 2020-08, à reporter simplement les échéances échues (re-sic) du mois de mars en attendant d’informer la procédure de traitement aujourd’hui. » Sans commentaire.

Le rappel de la BCT

‘’La Banque Centrale de Tunisie, indique-t-elle dans un communiqué, suit de très près l’application des mesures exceptionnelles et demeure à l’écoute des préoccupations de la clientèle bancaire dans un souci de protection des usagers des services bancaires et de suivi de la bonne marche des services bancaires(…) Le Gouverneur a insisté sur la nécessité d’assurer une application uniforme et transparente des mesures de soutien aux particuliers liées au report des échéances de leurs crédits en appliquant une méthode standard par l’ensemble des banques qui doit être portée à la connaissance du public et qui ne doit en aucun cas se traduire par une augmentation de la charge mensuelle de remboursement ni de coûts supplémentaires. Il a réitéré son appel aux banques pour être à l’écoute de leurs clients, particuliers et entreprises, s’enquérir de leurs difficultés et subvenir à leurs besoins de trésorerie immédiate afin d’assurer leur continuité et le maintien des postes d’emploi.’’

On s'en souviendra!

Que faudrait-il de plus ! Inutile de s’étendre là-dessus. Les banques qui ne l’ont pas jusque-là fait, se doivent de revoir leur communication, en changeant de concept, de mode et des véhicules. Le temps de l’opulence, des rentes et de l’exubérance se termine. Il est grand temps que les banques s’en ravisent et se reconfigurent. Ce qui vaut pour les banques, vaut également pour les établissement de leasing et de microcrédit. Premier levier de survie économique, financière et sociale est le système bancaire et financier.

Les Tunisiens en attendent beaucoup… et s’en souviendront.