News - 21.03.2020

Avis aux décideurs tunisiens: Réfléchissez dès maintenant à l’après mondialisation dans notre pays…

Avis aux décideurs tunisiens: Réfléchissez dès maintenant à l’après mondialisation dans notre pays…

Par Samir Gharbi. Un seul chiffre, pour commencer. Il concerne le déficit de la balance de nos échanges (exportations moins importations) alimentaires. Ce chiffre a atteint, selon les statistiques officielles, la somme vertigineuse de 1 398 millions de dinars en 2019, soit trois fois plus que le déficit de l’année 2018.

Nous avons exporté pour un montant de 4 252 MD et importé pour 5 650 MD en produits alimentaires!

C’est dire que nous dépendons largement de l’étranger pour notre alimentation humaine (seulement, c’est-à-dire sans compter l’alimentation animale).

A l’étranger, nous avons acheté en 2019, notamment du lait et produits laitiers pour 191 MD en 2019; du café, thé et épices pour 230 MD; du sucre et des sucreries pour 516 MD et des céréales pour 2 023 MD… Je ne parle pas des produits courants et quotidiens comme les glibettes de Turquie, les pistaches et les cacahuètes…

Autres secteurs où nous sommes dépendants: textiles (prêt à porter de Chine et de Turquie), des huiles végétales, des médicaments, des tonnes et des tonnes de friperies qui inondent nos marchés populaires…

Nos dirigeants doivent «bouger» et nous montrer l’exemple, en barrant les frontières aux produits de luxe (les voitures blindés et autres Audi, BMW… de très haut de gamme).

Je ne dis pas qu’il faut arrêter de s’ouvrir, d’échanger, mais qu’il faudrait à l’avenir savoir compter avec nos maigres devises: réduire le superflu, garder l’essentiel, ce que nous ne pouvons pas produire chez nous!

Savez-vous que rien que pour le mois de février 2020 ce que nous coûte notre commerce avec la Turquie? Je vous le dis: Importations 550 MD, contre 96,6 MD pour nos exportations; Et avec la Chine: 976 MD pour nos achats, contre seulement 17 MD pour nos ventes…

Ecoutez ce que dit un homme sage, comme Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, ancien ministre de la Défense, 72 ans. Il s’est exprimé clairement sur les conséquences de la pandémie du virus Covid-19. Je l’ai écouté attentivement. Extrait de son interview diffusée sur les antennes de la radio France Info, le samedi 20 mars de 8h30 à 9h00. Ce qu’il a dit sur la fin du modèle actuel de «multilatéralisme», mot pour mot.

«Le monde de demain ne sera plus le même que celui qu’on a connu. Nous étions dans une forme de mondialisation des opportunités, une certaine forme de mondialisation heureuse. Et là nous sommes dans la mondialisation des risques et des menaces. Donc, il est clair, pour moi, que demain on ne pourra plus déléguer à d’autres et notre sécurité et notre santé et notre alimentation et notre autonomie sur des biens essentiels. Donc, il faudra tirer les leçons de tout cela bien sûr. Avec une souveraineté sanitaire, une souveraineté nationale au sein d’une souveraineté européenne. Parce que l’enjeu vaut aussi pour l’Union européenne… sinon, elle passera à côté de l’Histoire.»

Samir Gharbi