News - 10.03.2020

Sadok Bouraoui: La Tunisie perd un de ses bâtisseurs

Sadok Bouraoui: La Tunisie perd un de ses bâtisseurs

Silhouette fine, regard séducteur et intelligence vive, Sadok Bouraoui a marqué sa génération hissée aux commandes par feu Hédi Nouira, dès le début des années 1970. Cet ingénieur diplômé l’École Nationale des Ponts et Chaussées (Paris, 1965), chaperonné par Ahmed Noureddine, Mokhtar Laatiri et Tijani Chelly, et adoubé par Abdelaziz Lasram, n’attendra le nombre des années pour laisser éclore toute sa compétence. Il n'avait que 32 ans seulement, lorsqu'il est nommé , en 1973, PDG de l’Office national du Tourisme Tunisien (ONTT). Avec Adel Boussarsar et Habib Kamoun, ainsi qu'une équipe de pionniers, il engagera une refonte de l’Office et son grand déploiement à l’étranger. La première représentation ouvra alors ses portes au 32 avenue de l’Opéra, au cœur de Paris, début de 1974 et Boussarsar y sera nommé. Le modèle prendra. De son côté, Habib Kamoun lancera tout le chantier de l’infrastructure touristique de la deuxième génération, celle qui consolidera Port El Kantaoui, les nouvelles marinas et les parcours de golf.

Pour Sadok Bouraoui, ce fut la rampe de lancement qui le conduira aux commandes de Tunisair, la BNDT, etc. La politique, qu’il avait toujours évitée, ne l’a pas épargné. A la compétence, certains nouveaux dirigeants préféraient la loyauté à leur personne. De ses aïeuls, il avait hérité le sens de la patrie, et le dévouement à l’Etat. Discrètement, il déclinera les offres d’embrigadement. Au Tennis Club de Tunis, comme en témoignera le doyen Fadhel Moussa, il consacrera son énergie à une restructuration en profondeur et une grande relance qui garde à ce jour son empreinte.

Hommage à un pionnier.

T.H.

Sadok Bouraoui nous a quitté le Lundi 2 mars dernier et la Tunisie perd à cette triste occasion, un de ses grands bâtisseurs.

Bâtisseur, Sadok Bouraoui le fut dès son retour au pays, en 1965, après de brillantes études à Paris. Quelques années auparavant, en 1958, sur les encouragements de son frère aîné Ahmed Bouraoui, ancien directeur général de l’Enseignement Supérieur durant la décennie Nouira et déjà installé à Paris à l’époque pour y préparer sa thèse d’État de Physique au sein du CNRS, Sadok Bouraoui débarque à Paris, intègre le Lycée Louis Le Grand en maths’ elem’ pour y suivre, après l’obtention du bac un an plus tard, un parcours classique mais prestigieux: la voie royale des classes préparatoires aux Grandes Écoles scientifiques (Maths Sup / Maths Spé). Il réussit le concours d’entrée à l’École Nationale des Ponts et Chaussées dont il sortira diplômé en 1965.

Motivé par le devoir de servir son pays, Sadok Bouraoui retourne de suite à Tunis et, sous la direction de Mokhtar Laatiri, dont il sera depuis le fils spirituel, il supervise plusieurs projets majeurs d’infrastructures au sein du ministère des Travaux Publics, dirigé à l’époque par Ahmed Nourredine. Quelques années plus tard, en 1971, il crée la SOMATRA (Société de Matériels et de Travaux), et en fut son premier PDG, nommé par Tijani Chelly, ministre de l’Équipement. Il avait alors à peine trente ans et a poursuivi pendant encore deux ans sa mission de bâtisseur dans le cadre de grands projets de construction de routes et autres ouvrages d’art importants.

En 1973, à l’âge de 32 ans, Sadok Bouraoui est nommé directeur général de l’Office National du Tourisme et du Thermalisme (ONTT), rattaché au ministère de l’économie, car ce n’est que beaucoup plus tard que le tourisme tunisien a pu bénéficier d’un maroquin plein. Il passe 5 ans à la tête de l’ONTT et c’est en patron du tourisme tunisien qu’il contribue à plus d’une occasion au rayonnement de son pays à travers le monde.

En 1978, il est nommé PDG de Tunis Air (à l’époque orthographié en deux mots). Il y travaille à la diversification de la flotte, jusque-là quasi exclusivement composée de Boeing’s, en passant commande du premier Airbus de la compagnie nationale, le fameux A300-B4 “Amilcar”, livré en 1982 et démobilisé il y a seulement quelques années. Il a aussi doté Tunis Air de son autonomie en matière de Grande Visite ou «D-Check», où l’avion est désossé et l’intégralité de ses composants inspectés et réparés si nécessaire.

Tunis Air avait la possibilité aussi d’offrir ce service à d’autres compagnies, notamment africaines, faisant de l’aéroport de Tunis Carthage et de son hangar de maintenance, un hub technologique international pour la maintenance des avions.

Après Tunis Air, Sadok Bouraoui retournera dans le domaine touristique en succédant à Mokhtar Fakhfakh à la tête de la Banque Nationale de Développement Touristique (ex COFITOUR). Il y passera six ans avant de quitter le service public en 1986 et de se lancer dans l’entreprenariat privé.

Sadok Bouraoui présidait l’association tunisienne des anciens élèves de l’École Nationale des Ponts et Chaussées, association dont la riche activité est un indicateur de la valeur et du grand nombre de nos diplômés de haut niveau.

Passionné de tennis, joueur averti, Sadok Bouraoui a présidé le Tennis Club de Tunis et a procédé à la refonte de ses statuts à la fin des années 80.

Parti à l’âge de 78 ans, prématurément, avec la discrétion qui a marqué la vie de ce grand commis de l’État, Sadok Bouraoui nous laisse un héritage précieux dont la jeune élite du pays se doit de s’inspirer.

Paix à son âme.

Famille Bouraoui