News - 02.03.2020

Samir Marrakchi, en pionnier, revient sur les origines du capital risque en Tunisie, il y a 30 ans

Samir Marrakchi, en pionnier, revient sur les origines du capital risque en Tunisie, il y a 30 ans

Visionnaire, pragmatique ! Ingénieur centralien versé dans la banque de développement et l’ingénierie financière, Samir Marrakchi a toujours été une ‘’conscience d’avance’’ de l’industrie en Tunisie. Moulu à la BDET du temps de Bourguiba Jr, Chekib Nouira et autres Faouzi Belkahia, passé à la Banque Tuniso-émiratie (BTEI), il fera de l’identification des projets, de leur analyse, et de leur financement, plus qu’un devoir en ce début des années 1980, une passion nationale. Fils d’un illustre militant destourien, Ali Marrakchi, disciple de Hédi Chaker et son ténor, Samir voulait apporter à sa manière et dans son statut, sa contribution à l’édification d’une économie prospère.

Juste après le départ de Hédi Nouira et de Mansour Moalla, mais aussi de Tijani Chelly et d’Azouz Lasram, il devait s’ingénier à résoudre l’épineux problème d’un financement innovant d’amorce, mais aussi d’un accompagnement dans la gestion, pour soutenir les porteurs de projets. Avec la bénédiction de Mohamed Ghannouchi, le soutien effectif des banquiers de la place et du gouverneur de la Banque centrale, il lancera, il y 30 ans, le 1er mars 1990, la première société de Capital risque en Tunisie. Très rapidement, la société de Participations et de Promotion des Investissements (SPPI), s’imposera en lueur d’espoir et compagnon de réussite. Plus que des ressources financières, l’appui du management.

La force de Samir Marrakchi, qui repose aussi sur la confiance que lui fait la communauté d’affaires et bancaire, est d’avoir réuni dans son tour de table l'ensemble des banques tunisiennes (10 banques commerciales et 7 banques de développement). Le capital initial sera de 5,5 millions de dinars (équivalents alors à 5,5 millions de US$) qui doublera rapidement.

Sollicité par Leaders, Marrakchi a bien voulu revenir sur les origines du capital risque en Tunisie.

L’industrie du capital risque en Tunisie

Des amis m’ont rappelé que le premier mars 2020 marque le trentième anniversaire de la création de la première société de capital risque, la Société de participations et promotion des investissements SPPI le premier mars 1990 que j’ai eu l’honneur et le plaisir de la diriger depuis sa fondation et pendant vingt ans jusqu’a ma sortie a la retraite

Que des souvenirs des nombreux sauts d’obstacles réussis malgré toutes les difficultés pour parvenir à faire promulguer la loi sur les sociétés de capital investissement et qui a permis l’émergence d’une cinquantaine de fonds et sociétés de capital investissement dont les concours ont aidé à la création de milliers d’entreprises et des dizaines de milliers d’emplois

En tant que pionniers dans ce domaine nous avons œuvré à assoir des le début les meilleures pratiques du capital investissement en veillant a l’équilibre financier de la société par des exercices toujours bénéficiaires et dégageant une rentabilité satisfaisante pour nos actionnaires ce qui les a motivés de participer et créer d’autres fonds.

En même temps nous n’avons jamais cherché toujours plus de gains qui auraient signé nos entreprises affiliées et c’est cet équilibre qui n’était pas souvent facile à tenir

Le capital investissement a été la seule importante innovation financière pendant les trente dernières années et qui a impacté notre système financier resté toujours dominé par les banques avec leurs pratiques nettement en retrait par rapport aux transformations que vivent les banques internationales

Notre système financier a besoin d’innovation pour pouvoir suivre et accompagner l’entreprise et ne pas devenir un frein a leur développement

La SPPI en Bref

Objectifs
L'objectif principale de la SPPI est la promotion de l'investissement privé notamment la Petite et Moyenne Entreprise - PME tant au niveau de la création qu'au niveau de l'extension et ce :

  • En encourageant l'esprit d'innovation : introduction de nouvelles technologies, utilisation des techniques modernes de marketing et de gestion, création de nouveaux produits, ouverture sur de nouveaux marchés, etc. ...
  • En facilitant l'utilisation de nouveaux produits financiers pour faire face à l'insuffisance des fonds propres ;
  • En soutenant les jeunes chefs d'entreprises à monter leur projet, à travers une assistance permanente sous formes de conseils juridiques financiers, économiques et autres, tant au moment de l'investissement qu'en cours d’exploitation ;
  • En stimulant la recherche et le développement et ce, en assurant l'interface entre le milieu industriel et les centres de recherches appliquées.

Politique d'intervention de la SPPI

L'intervention de la SPPI s'opère de deux manières :

  • Par une prise de participation directe au capital sous forme d'actions ordinaires ou d'actions à dividende prioritaire ;
  • Sous forme de quasi-fonds propres tels que les comptes courants d'actionnaires, les obligations convertibles en actions et autres...

Tous les secteurs économiques à haute valeur ajoutée sont éligibles au financement de la SPPI exception faite des secteurs de la distribution et de l'immobilier.

La taille des projets bénéficiant d'une intervention de la SPPI est généralement la PME dont le coût d'investissement avoisine les 5 millions de dinars.

La participation de la SPPI au capital est souvent minoritaire avec une enveloppe maximale de 250.000 dinars par projet. Compte tenu de l'augmentation de capital, cette enveloppe sera vraisemblablement portée à 500.000 dinars.

Sortie

Le financement à travers une société de capital risque est avant tout un financement d'accompagnement qui dure en moyenne 5 à 7 ans. A cet effet, la SPPI signe avec le porteur du projet, une convention qui prévoit entre autres les conditions de sa sortie.
Réalisations

En quelques années seulement SPPI a approuvé lors de sa phase de démarrage pas moins de 45 projets pour un montant total de 4,8 millions de dinars dont 32 ont été engagés pour un montant de 3,6 millions de dinars.