News - 20.02.2020

Il fallait bien sauver la soldate Lobna Jeribi... qui le mérite

Il fallait bien sauver la soldate Lobna Jeribi... qui le mérite

Rescapée ! Vivement attaquée, non pour sa personne, mais pour le ministère des Tics qui devait lui échoir, Lobna Jeribi a failli être sacrifiée sur l’autel des marchandages politiques. Jusqu’à la dernière minute, elle devait disparaître du casting final, mais la voilà repêchée par Elyès Fakhfakh qui lui confie le poste de ministre chargée des Grands projets, jadis détenu par Taoufik Rajhi. Selon la liste officielle, il ne s’agit que des projets nationaux, sans mention ni des projets internationaux, ni des grandes réformes. Il va falloir attendre la lettre de mission que lui adressera le chef du gouvernement afin de connaître son périmètre d’action. Sauf qu’entre la Kasbah et Carthage, son destin risque de balancer. Eclairage.

Constituante, présidente d’un think-tank (Solidar), et titulaire d’un doctorant en informatique, Lobna Jeribi s’est surtout distinguée par une riche palette d’actions pertinentes, inscrites dans un programme intégré de gouvernement et issu d’une vision perspicace. Ayant pris le temps, depuis son départ de l’ARP, fin 2014, de réunir un groupe d’experts, de multiplier les études, les forums et la participation à d’instructives rencontres à l’étranger, elle a pu se constituer un vaste carnet d’adresse et surtout un répertoire de projets prioritaires prêts à la mise en œuvre.
Lorsqu’Habib Jemli fera sa connaissance pour la première fois, en novembre dernier, il tombera immédiatement sur la séduction de ses propositions et en fera une proche conseillère dans l’élaboration de son programme. Afin de la garder auprès de lui à la Kasbah, s’il obtient l’investiture de l’ARP, il avait décidé de lui confier les Relations avec l’ARP et la société civile, comme mission centrale, mais en fait, élargir ses compétences sur les grands dossiers. Le niet du Bardo opposé à Jemli le 10 janvier au soir, décevra Lobna Jeribi.

Au cœur du dispositif Fakhfakh

Elle pensait du coup revenir à son enseignement et à son think-tank, lorsque Elyès Fakhfakh son ancien co-équipier au Ettakatol, l’appellera auprès de lui, dès la première heure de son installation à Dar Dhiafa, le lundi 20 janvier dernier. Fakhfakh avait apprécié Jeribi surtout en tant que Rapporteur de la Commission du Budget lorsqu’il était ministre des Finances, mais aussi à travers son implication intensive dans l’élaboration de la Constitution. Suivant de près les publications de Solidar, il sait qu’il peut y puiser une bonne matière pour son programme. Avec Hédi Damak, Adnene Ben Youssef et Fathi Touzri, notamment, elle se mettra à l’ouvrage pour concocter ce qui devait constituer la plateforme contractuelle du gouvernement.
Pressentie initialement pour le même portefeuille que lui avait assigné Jemli, elle devait prendre les rênes du ministère tant convoité des Tics, encore un domaine de sa compétence d’universitaire et de consultante. C’était sans compter avec l’âpre détermination d’Ennahdha de garder ce département (détenu par Anouar Maarouf) pour l’un de ses cadres, au point d’en faire un cas de rupture, alors que l’opinion publique ne comprenait pas l’ardeur de cet attachement et commençait à s’y poser des questions. Fakhfakh finira par proposer un ministre indépendant et de grande compétence, Fadhel Kraiem. Le compromis est accepté.

A Carthage ?

Quitte à allonger la liste des membres du gouvernement, initialement annoncé à 28 ministres + 1 secrétaire d’Etat, Lobna Jeribi siègera désormais autour de la grande table du conseil des ministres.

A moins que le président Kais Saied ne la rappelle auprès de lui pour renforcer son cabinet à Carthage. Ça sera quitte : on prête Hichem Mechichi, tout récemment nommé conseiller principal à la Présidence, pour faire partie du gouvernement Fakhfakh en qualité de ministre de l’Intérieur et on récupère Lobna Jeribi qui fera un excellent travail  aussi à Carthage, aux côtés du chef de l'Etat, un jour de l'autre.

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