News - 15.02.2020

Selim Azzabi : Pourquoi accepterait-il le ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale ?

Selim Azzabi

Beaucoup de ses amis n’en reviennent pas. Premier conseiller puis Ministre-directeur de cabinet du président Béji Caïd Essebsi (2015 – 2018), fondateur et secrétaire général du parti Tahya Tounès, Slim Azzabi a accepté un petit maroquin dans le gouvernement encore non-formé d’Elyès Fakhfakh , s’étonnent plus d’un. Rien qu’en équilibre électoral, le candidat de son parti à la présidence de la République, Youssef Chahed, avait recueilli 7.38% des voix, alors que Fakhfakh n’en avait obtenu que 0.34%. Plus encore, aux législatives, Tahya Tounès a remporté 14 sièges, contre zéro siège pour le parti Ettakatoll de Fakhfakh. Alors qu’elle est la logique qui explique la décision d’Azzabi ? L’intérêt national, le service de la patrie, le sens de l’union nationale et autre vœux pieux qui ne peuvent plus convaincre.

Ce qui est certain, c’est que Selim Azzabi, quadra (41 ans, bouclés le 9 octobre dernier) issu d’une famille aisée, financier de formation, politicien de passion, est bien imprégné des affaires de l’Etat. Ce moulage, il l’a pris dans le meilleur observatoire qu’est la direction du cabinet présidentiel et auprès du meilleur mentor, le président Caïd Essebsi, lui-même disciple de Bourguiba. Ceux qui le connaissent de près témoignent qu’il ne peut être mû ni par des intérêts financiers, ni par une ambition dévorante. Il est vrai où on a voulu, après avoir quitté le palais de Carthage, le trainer fin novembre 2018, devant le tribunal militaire pour haute trahison et atteinte à la sureté de l’Etat, sur plainte de Slim Riahi, il s’en était vivement indigné, se lançant en assaut pour défendre son innocence et laver son honneur de tout soupçon. C’est ce ressort puissant, avec la déliquescence de son parti d’origine Nidaa, qui l’avait le plus poussé à créer Tahya Tounès.

La Défense nationale, les Affaires étrangères...

Un « vrai politique » qui aurait légitimement brigué un ministère régalien, se voit proposer un département technique. Rien d’étonnant de la part de celui qui en a fait la proposition. Bien qu’il s’agit en fait d’une déterminante mission de prospective, de planification nationale, régionale et sectorielle, de mobilisation de l’investissement intérieur et extérieur et de la gestion de l’aide étrangère au développement et la mobilisation de l’assistance financière, et que tout est politique, Azzabi s’attendait à se voir confier un autre ministère. Sans jamais l’exprimer, il aurait probablement songé en son for intérieur à la Défense nationale, aux Affaires étrangères, à un grand pôle économique et financier...

Ministre-directeur du cabinet présidentiel, Selim Azzabi gérait une grande institution bien complexe couvrant du protocole à la sécurité, des affaires administratives et financières, à la supervision des hautes instances et la gestion des résidences d’Etat. Mais, surtout il suivait de près tous les dossiers soumis au chef de l’Etat, plus particulièrement ceux de la sécurité – défense, les relations extérieurs, et la coopération avec les institutions financières, en plus de l’actualité quotidienne. Capitalisant sur cette expertise, il est en droit de se croire apte à diriger des ministères de premier plan.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Azzabi, rentrera-t-il dans les rangs, en ministre classique à la tête d’un département classique. En attendant des lendemains meilleurs ? Sans bouder son plaisir. "Heureusement que Fakhfakh a été a été dans l'impossibilité de boucler son casting ce samedi soir, se donnant un délai supplémentaire jusqu'au 20 février courant. Une grande opportunité pour Azzabi afin qu'il se ravise", espèrent ses amis.