Tendance - 07.08.2010

Mana n'est pas Cirk Ammar

Une soirée exquise semblait promise aux enfants vendredi 6 août au festival de Carthage qui programmait, ce soir-là, le cirque Mana venu de France. Et ils sont venus nombreux surtout que la télévision nationale avait passé en boucle un message annonçant la gratuité pour les enfants de moins de 6 ans. Avant le début du spectacle, le présentateur commença même son discours par « nos amis les enfants » et les gradins de retentir des cris joyeux de tous ces petits qui écarquillaient les yeux pour mieux admirer les numéros des clowns, magiciens et autres acrobates et animaux dressés.

Le spectacle débute par deux contorsionnistes presque nus qui entament un numéro langoureux. S’ensuivent alors des personnages féeriques perchés sur leurs échasses, tout droit sortis de l’univers des films fantastiques et des jeux vidéo, qui exécutent des numéros impressionnants d’adresse et d’agilité. Le tout est supporté par une musique entraînante et des effets de lumière époustouflants. Les acrobates du cirque de Mana sont tout simplement impressionnants par la beauté de leur gestuelle et la précision de leurs mouvements. Leur prestation ne garde du cirque que l’esprit et va chercher dans les comédies musicales, dans l’univers des cabarets et des carnavals, dans la mythologie ainsi que dans la 3D un souffle nouveau qui en fait un monde à part. Le cirque 2010 est là dans toute la splendeur de ses effets son et lumière et de sa chorégraphie futuriste.

Le thème de ce spectacle est la matière dans ses quatre déclinaisons : eau, terre, feu et air qui sont célébrés par des personnages hauts en couleur qui s’élancent dans les airs, brûlent pour mieux renaître, rampent sur la scène et se noient dans un tourbillon de fumée.

Entre-temps, les enfants qui auront sagement attendu les clowns qui les font rire et les chevaux en panache qui les font rêver dorment dans les bras de leurs parents qui regardent étonnés ce spectacle qu’ils n’ont pas choisi. Les plus téméraires parmi les petits demandaient encore : « où est le cirque ? » et certains bons pères de famille, au vu des tenues légères des danseurs et danseuses n’hésitèrent pas à prendre leur progéniture par la main et à quitter les lieux.

Les arts du cirque ont bien évolué mais pas la direction du festival de Carthage qui n’a apparemment pas visionné le spectacle au préalable. Un petit tour sur Google aurait pourtant suffi à saisir l’univers Mana et à s’apercevoir qu’il est plus fait pour un public de jeunes et d’adultes consentants…

Anissa BEN HASSINE