News - 26.08.2019

Mohamed Adel Chehida: Une nuit d’été italien à Carthage

Mohamed Adel Chehida: Une nuit d’été italien à Carthage

Le 23 aout, en plein spectacle d’opéra lyrique italien dans un théâtre romain fabuleux, le théâtre de Carthage, symbole d’une histoire  carthaginoise et Romaine,  quand brusquement en plein spectacle un monsieur qui apparemment s'ennuyait, demande à sa femme : quand Lotfi Bouchnak va-t-il chanter ? Réponse: ce n’est pas pour ce soir. Il s’énerve  se lève et lui ordonne de quitter le spectacle avec lui. La pauvre contrariée refuse dans un premier temps mais devant son insistance, elle obéit pour éviter l'esclandre. Ils quittent silencieusement le spectacle sous les sourires moqueurs de ceux qui ont suivie la scène. C'était sûrement un priviligié qui a bénéficié d'un abonnement gratuit pour deux. Je ne vois pas d'autres explications.

Cet événement tragi-comique s'est déroulé devant moi.Il est très significatif du chemin qui nous reste à parcourir sur le plan culturel et dans les rapports hommes femmes.

Un spectacle merveilleux d’Opéra Italien, des musiciens et de chanteurs qui nous ont enchantés par des extraits sélectionnés du Barbier de Séville, de la Traviata et d'autres et une belle initiative pour renforcer l’amitié des deux peuples dont l’histoire et le destin sont liés malgré les politiciens et les accidents de l'histoire.

Les échanges entre les deux rives de la méditerranée ne datent pas d'aujourd'hui. Il en est né une culture commune, un art de vivre commun. La mer a été un lien plus qu'une barrière. Entre nous, il y a eu des guerres de cent ans parfois. Bien sûr, il y a eu des invasions et des destructions de part et d'autre, mais   ce que nous partageons est plus fort que ce qui nous sépare. Malheureusement ce que nous partageons n'est plus en valeur, seul ce qui nous sépare est exploité par les démagogues. A ce monsieur qui a obligé son épouse à quitter le spectacle, je dirais que s'il avait fait un effort pour écouter ces voix, il aurait ressenti l'émotion que nous avions tous ressentie. Il aurait su que les autres cultures ne sont pas moins ou plus riches que la nôtre. Ce raisonnement est tout aussi valable pour ceux qui ferment les ports aux migrants ou qui rejettent notre culture.

Mohamed Adel Chehida