News - 12.08.2019

En marge de la fête de la femme: le projet de loi sur l'égalité successorale a-t-il été enterré?

Le 13 Aout 1956, le jour où la femme tunisienne a conquis ses droits

La Tunisie est sans doute le seul pays au monde qui célèbre la femme deux fois dans l’année. Le 8 mars, à l'occasion de la journée internationale de la femme et le 13 Aout, pour commémorer la promulgation du Code du Statut personnel (CSP), cinq mois à peine après la proclamation de l’Indépendance. Le CSP est comme son nom l’indique un ensemble de lois relatives au statut personnel qui interdit la polygamie, institue un processus légal pour les divorces,  exige des deux mariés leur consentement afin d’être légalement mariés, reconnait aux femmes, le droit de représenter leurs enfants devant les tribunaux et la possibilité d’octroyer leur nationalité à leurs enfants de la même manière que les hommes.

Pourtant, ce code laisse un goût d'inachevé. Bourguiba à qui les Tunisiennes doivent toutes ces avancées n'a pas réussi à mettre fin à une injustice flagrante contre la femme, l'inégalité successorale. Devant la levée des boucliers que son initiative a suscitée non seulement chez une partie de la gent masculine, les religieux, mais aussi chez les femmes, au prétexte qu'il s'agit de commandements de Dieu qui ne prêtent pas à exégèse. 40 ans après, peu avant sa mort, le président Caïd Essebsi s'y est aussi essayé sans succès même s'il a dû édulcorer son projet de loi. Celui qui lui succèdera reviendra-t-il à la charge ?

Tout dépendra des résultats des élections. Une majorité conservatrice finirait tôt ou tard par enterrer le projet de loi. Mais dans l'éventualité d'une victoire du camp moderniste, tous les espoirs sont permis, y compris l'écroulement de tout un pan qui symbolise l'asservissement de la femme en Tunisie et sans doute, l'enclenchement du processus d'émancipation de la femme dans le monde arabe.

La Tunisie a été l'élement déclencheur des révolutions arabes. Pionnière du féminisme dans la région, elle est toute indiquée pour l'être aussi pour la femme arabe.