News - 28.07.2010

Sabah Fakhri à Carthage: Le concert de trop ?

Sabah, Laure Daccache, Warda, Sabah Fakhri, Charles Aznavour, Wadii Essafi. Les Tunisiens aiment bien les grands artistes (par le talent et l'âge), par nostalgie pour beaucoup parce qu'ils leur rappellent leur jeunesse, mais aussi en signe de reconnaissance pour ce qu'ils ont apporté à la chanson arabe ou française...Et ils le montrent en les invitant à se produire  dans leurs festivals. Qui a dit que les Tunisiens étaient des ingrats surtout s'agissant des artistes étrangers.

Sait-on par exemple que la chanteuse libano-egyptienne, Laure Daccache qui s'était produite en Tunisie, pour la première fois, au début des années 50, puis invitée à plusieurs reprises au festival de la médina dans les années... 90, bien qu'elle ait dépassé largement les 80 ans, était une illustre inconnue au Machrek.  Reste à savoir si c'est la meilleure façon de rendre hommage à des artistes qui, ayant atteint l'âge canonique, ne sont plus en mesure de jouer de leurs cordes vocales comme ils le faisaient il y a quelques décennies surtout dans des genres où il faut vraiment avoir du coffre pour exceller comme "les mawawils".

Le maître incontesté du Mawal

On en avait eu la preuve par le passé avec Sabah, Laure Daccache, Wadii Essafi. Pourquoi avoir persévéré dans la même erreur en invitant Sabah Fakhri à Carthage ? Jusqu'aux années 90, le chanteur syrien était le maître incontesté et incontestable du mawal et du Mouwachah, notamment "les koudouds halabiya", dans le monde arabe. Depuis, sa voix a subi l'outrage du temps. J'avoue avoir  eu du mal à reconnaître l'immense, l'incomparable artiste qui nous avait bercés dans notre jeunesse avec ses mouwachahat à l'instar de l'inoubliable "Qoul lil maliha".

Pourquoi avoir imposé à ce monument de la chanson arabe une telle épreuve devant 10000 spectateurs, émus aux larmes, subjugués par son courage- car ce soir-là , Sabah Fakhri chantait avec ses tripes-l'accompagnant de leurs acclamations et même, ce qui est rare dans cet endroit,  de leurs you yous,  pour l'aider à se surpasser, au risque d'écorner sa réputation auprès des jeunes qui n'ont pas eu la chance de l'avoir vu à l'oeuvre lorsqu'il était en pleine possession de ses moyens?