News - 27.07.2019

Caïd Essebsi, Zaïm, disciple du Zaïm

Caïd Essebsi, Zaïm, disciple du Zaïm

Par Latifa Moussa - La mort du Loup! Le 25 juillet 2019, Le Président de la République de notre pays, Beji Caid Essebsi nous a quittés le jour de la fête de la République pour rappeler peut être à certains que la Tunisie est une République et qu'elle le restera. Jusqu'à la dernière minute de sa vie qui fut exceptionnelle, le Président s'en est allé en déployant un ultime effort pour régler des « comptes » que beaucoup croyaient déjà « dans la poche ».

En effet, certains l'ont cru parti et ont crié au soulagement en annonçant sa mort prématurément, il s'en est relevé et a fini ce qu'il avait à finir en leur donnant une belle leçon de vie et de mort. Sacré Bajbouj!

BCE réunissait à lui seul  l'essentiel des qualités et des valeurs que l'on exige d'un grand homme politique.  Il était rusé comme un renard, intelligent et doué d'une mémoire exceptionnelle comme un éléphant, il était une force de la nature comme un bélier avec en plus le charisme et la classe d’un lion. Un redoutable animal politique que le poids des années n'a pu avoir raison de sa raison. Sacré Bajbouj!

Il a traversé le 20ème siècle en participant avec Bourguiba à la construction d'une Tunisie moderne, et celui du 21ème à la tête de l'Etat pour construire la démocratie. Comme quoi le grand Bourguiba n'est pas parti sans  nous laisser en héritage quelques remparts pour protéger cette république qui lui était si chère et que Si Beji a fait en sorte de la préserver.

BCE était, en effet, le digne héritier du Zaïm et celui qui fut le seul, grâce à son génie et son expérience, capable de faire face aux démons qui menaçaient notre pays après 2011. C'est  celui qui a su prendre le destin des Tunisiens en mains en 2014 et leur éviter de sombrer dans l'inconnu. Il fut le rempart qui fit reculer les Islamistes pour nous protéger des dangers de l'extrémisme religieux qui nous guettait de l'intérieur, de nous- même, et de l'extérieur, des autres.

BCE faisait partie de ces hommes qui croyaient en la femme: il la tenait dans sa plus haute estime. « Une société ne peut évoluer sans la participation de la femme en tant que citoyenne à part entière » disait- il, souvent. Hélas ! il n'a pas eu le temps suffisant pour lui rendre l'hommage final en faisant  passer la loi sur l'égalité des droits dans l'héritage, et rendre justice à toutes ces Tunisiennes qui ont cru en lui et qui le pleurent aujourd'hui.

Le 27 Juillet 2019, le jour de ses obsèques nationales, les Tunisiens sont venus par milliers, des hommes, des femmes, des familles entières, une bouteille d'eau dans une main, et le drapeau tunisien dans l’autre. Ils sont venus lui dire « Adieu monsieur le Président ! » Ils sont venus stoïques, sous un soleil de plomb, l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure. Ils ont décidé de venir spontanément et  en masse pour une dernière rencontre avec celui qu'ils  ont aimé, qu'ils ont élu, dans l'euphorie de 2014, Président de la République de ce beau  pays qu’est la Tunisie, notre patrie. On  l'a certes beaucoup aimé mais  on lui en a voulu quelquefois, critiqué souvent, mais  aujourd'hui on l'a pleuré comme des enfants qui pleurent leur père, comme un peuple qui pleure son chef. La Tunisie a vécu encore une fois un événement  historique.

Adieu monsieur le Président, reposez en paix et sachez que la Tunisie sera sauvée par ses enfants, hommes et femmes libres, en qui vous avez  tant cru.

Latifa Moussa