News - 28.07.2019

Des funérailles qui ont montré un peuple uni

Game is over

Par Mokhtar el khlifi - Le peuple tunisien a accompagné, aujourd’hui 27 juillet 2019,  dans le calme, la discipline et une grande douleur, son Président, à sa dernière demeure. Notre armée a organisé, pour la première fois de son histoire, les grands moments de ces funérailles, avec brio. Nous ne pouvons que la remercier ainsi que les forces de sécurité. Nous ne pouvons que remercier aussi toutes les personnalités étrangères qui ont, en dépit de leurs agendas, partagé, surtout par leur présence, notre deuil national. Ces funérailles dignes des grands de ce monde et qui ont montré un peuple uni  et  solidaire resteront, à jamais, gravés dans notre mémoire. Dans ces moments de douleur extrême, aggravée par la crainte d’un futur politique et économique incertain, le peuple a manifesté sa reconnaissance au guide qui l’a aidé à surmonter bien des crises et  à croire encore dans les valeurs de liberté, d’égalité et de démocratie. Dans cette cohésion d’un peuple dans toutes ses composantes je crois, ou presque, les médias ont joué un rôle de premier plan. Certes, la mort unit naturellement les cœurs, mais nos médias  ont disséqué la vie du défunt dans ses moindres détails en faisant appel  à ceux qui l’ont connu de près et ont pu ainsi grandement le rapprocher du cœur du citoyen qui a découvert subitement l’envergure de l’homme, sa  carrure politique, son expérience, sa bonté et son charisme. Par leur présence massive les femmes semblent avoir pardonné à l’homme son rapprochement avec les forces  qui ont  remis en cause, à un moment donné, leur modèle social.

Feu Béji Caid Essebssi est physiquement mort et enterré, mais tout au long de sa vie politique il n’a cessé de faire appel à l’Union des cœurs et des esprits et à avoir comme priorité l’intérêt du pays au risque de faire certains rapprochements.

A la place où il était et avec ce régime politique hybride et fondé sur les partis, il ne pouvait pas réaliser le saut qualitatif. Notre pays a régressé dans bien des domaines.

N’avons-nous pas été à même d’adapter nos capacités de stockage de la récolte des céréales alors que nous savions déjà qu’elle serait excellente !

Ce qu’il nous faut, ce sont les hommes qu’il faut à la place qu’il faut avec un bon capitaine et une carte pour parvenir à bon port.

Ce qu’il ne faudrait pas, c’est de faire jouer la mécanique des partis et le recours à l’argent pour berner l’électeur et forcer son vote.

Certes, le citoyen  a ras le bol des politiques, de leurs discours creux et de leurs programmes réduits à quelques lignes directrices vite oubliées aussitôt élus mais que faire ?

C’est simple. C’est peut-être naïf, mais c’est la seule porte de sortie pour une économie en crise qui régresse plus qu’elle n’avance et où les égos sont vifs.

Le moment est venu pour prendre le taureau par les cornes, frapper le fer tant qu’il est chaud et profiter de la cohésion sociale enregistrée.
Partant du fait que tous les dirigeants de partis ne peuvent être, tous et en même temps, des Présidents et des chefs de Gouvernement de la même République, il faudrait qu’ils aient enfin le bon sens, l’honnêteté et le courage, de choisir  les personnes idoines pour ces postes, mais bien entendu selon les critères exigés pour ces hautes fonctions à savoir, l’intégrité morale, la compétence, la faculté d’écoute, l’action, la culture, le sens de l’Etat et de l’intérêt national et, si possible ,un brin de charisme.

S’ils arrivent enfin à s’entendre sur les noms choisis, le Président sera alors proposé au suffrage du peuple et une fois élu il désignera le chef du Gouvernent proposé.
Mais ce serait mettre la charrue devant les bœufs s’ils n’arrivent pas s’entendre d’abord sur un programme adapté à la crise que nous vivons.

Comment arrêter ce programme à court et à moyen terme?

Les organisations nationales et les partis politiques désigneraient leurs experts en matière économique et sociale à un atelier de travail pour dégager, en peu de temps, un programme qui ait l’accord de tous  et qui sera exécuté par le futur Gouvernement.

Feu Béji Caid Essebssi  avait l’intention de rapprocher les cœurs et les programmes pour remettre le pays sur les rails en usant de son autorité morale. Dieu en a voulu autrement. Alors ?
J’ai l’intime conviction que le moment est propice pour que le  Président Mohamed Ennaceur et Monsieur Noureddine Tabboubi s’engagent sur  cette voie pour rester fidèles au souhait de notre défunt Président  et ce dans l’intérêt du pays.

Game is over, car ce bon  peuple n’en peut plus. 

Mokhtar el khlifi