News - 17.07.2019

Ahmed Friaa: Quelques motifs d’espoir

Ahmed Friaa  - Quelques motifs d’espoir

Par ces temps chargés de redoutables défis et où de nombreuses inquiétudes hantent les esprits, il est heureux de relever, sur la scène nationale, quelques faits porteurs d’espoir.

De jeunes étudiants tunisiens créatifs représenteront notre pays à de prestigieux concours internationaux

En effet, une équipe de jeunes étudiants de l’IHEC de Carthage vient de remporter deux compétitions nationales et représentera notre pays aux finales de deux prestigieux concours internationaux organisés par l’ONG ENACTUS. Ces compétitions nationales sont, d’une part, La "ENACTUS Tunisia National Competition" en vue de participer à la finale qui se déroulera à la Silicon Valley, en Californie, aux Etats Unis, et d’autre part, la "Finance In Motion" dont la finale aura lieu fin Juillet, à Frankfurt en Allemagne.

Le choix porté sur cette équipe, pour représenter notre pays aux finales internationales telles qu’indiquées, est motivé par la qualité des projets présentés et leur impact sur le plan socio-économique. Mais avant de présenter, même brièvement ces projets, il n’est pas inutile de dire deux mots de cette importance organisation qu’est ENACTUS.

ENACTUS est une organisation non gouvernementale, à but non lucratif, créée en 1975. Elle a pour objectif d’encourager les jeunes étudiants à développer leur potentiel de leadership, d’entreprenariat, de créativité et de travail en équipe. Avec environ 1400 universités et grandes écoles reparties dans 38 pays, elle dispose de l’un des plus vastes réseaux de cette nature, de par le monde.

Cette organisation lance, chaque année, des compétitions internationales en deux phases. D’abord, au niveau national dans chaque pays membre et ensuite au niveau International où concourent les équipes classées premières dans leurs pays respectifs. La Tunisie a adhéré à cette organisation en 2009, à travers l’UTICA et le Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprises (CJD). Les équipes Tunisiennes qui participent aux concours d’ENACTUS proviennent de différentes universités et grandes écoles nationales. 

Revenons maintenant aux projets retenus pour représenter notre pays aux deux finales citées.

Le premier projet porte sur la valorisation de la figue de barbarie (الهندي). L’idée consiste à extraire des huiles essentielles, fortement demandées par certaines industries, des pépins de ce fruit, de même que du vinaigre de figue de barbarie et enfin, traiter les déchets qui en découlent pour en faire des aliments pour bétails.

Ce projet est destiné à être réalisé dans la région dite d’EL Fadhoul, dans la région de Kesra, gouvernorat de Seliana. Une région pauvre, où précisément ce type de fruits existe en abondance et pourrait procurer, grâce à cette idée innovante, du travail à de nombreux jeunes et un revenu décent permettant une vie digne à de nombreuses familles de la région.

Le deuxième projet porte sur la valorisation de la margine, ce résidu visqueux et polluant de l’huile d’olive. La margine pose en effet de grands problèmes aux oléiculteurs, de même qu’aux municipalités concernées, en raison de sa nocivité et de son caractère polluant.

L’idée consiste à faire fructifier ce résidu en l’utilisant en tant que liant, en remplacement des liants classiques, comme la chaux et le ciment, pour le traitement des pistes agricoles et la fabrication de briques de terre stabilisées.

En effet, des travaux de recherche entrepris durant les années 1980 à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis (ENIT) et des tests en laboratoire et in situ ont prouvé la pertinence de cette idée.

Ce projet a deux avantages en particulier. D’abord, transformer un résidu polluant en une matière première fortement bénéfique pour améliorer la praticabilité des pistes agricoles et par suite, faciliter la circulation dans les zones rurales à moindres coûts et ensuite, créer des emplois et participer à la sauvegarde de l’environnement.

Il est à espérer que cette équipe, que je félicite fortement, et qui porte ces projets novateurs décroche l’une des premières places dans les deux concours dont on avait parlé et parvienne à hisser haut le drapeau national sur la scène internationale. 

La preuve par neuf que le handicap n’empêche pas l’excellence

Le jeune tunisien Ali Hazbri a été victime d’une maladie génétique le rendant non voyant, comme ce fut le cas de son grand père. Il a été élevé par sa mère divorcée, qui fut son principal soutien.

Grâce à une indéniable volonté de fer et une foi inébranlable en ses capacités, féru comme il est de théâtre et de mythologie grecque, il a réussi à obtenir cette année le bac français, à l’âge de 17 ans, avec mention. Il devient ainsi le premier non voyant tunisien à acquérir ce diplôme.

Ali a fait toutes ses études primaires et secondaires dans l’enseignement public. Déjà à l’école primaire, ses moyennes étaient rarement inférieures à dix-neuf sur vingt, et malgré son sucées au concours de sixième, il n’a pas pu rejoindre un collège pilote, en raison de son handicap. En effet ces collèges ne sont pas outillés, malheureusement, pour accueillir des non voyants.

Etant passionné, depuis son jeune âge de théâtre et de littérature, il vient de s’inscrire dans une université en France pour y poursuivre ses études supérieures.

Son rêve est d’entreprendre la préparation d’une thèse de doctorat en vue d’ouvrir de nouvelles perspectives aux handicapés en général et aux non voyants en particulier dans les domaines artistiques et particulièrement le théâtre, sa passion de prédilection.
Ali constitue un modèle à suivre et prouve d’une manière éclatante que l’effort, la passion, l’audace et la confiance en soi sont à même de vaincre tout handicap physique et ouvrir un grand boulevard sur le chemin de l’excellence. D’ailleurs, Stephen Hawking, n’a-t-il pas été l’un des plus grands physiciens théoriciens de tous les temps, bien que tous ses membres soient paralysés à tel point qu’on le désignait par "l’intelligence à l’étatpur" !                                                                                                                                                                             

Mes félicitations au jeune Ali, à sa mère, à sa famille et à ses enseignants et je lui souhaite davantage de réussite et de succès.
Voici donc quelques faits marquants qui constituent des rayons de lumière et d’espérance en cette période où tout patriote ne rêve que d’un avenir meilleur, dans un pays apaisé, où l’on retrouve la joie de vivre.

Ces exemples montrent, s’il en était besoin, à quel point notre jeunesse renferme un potentiel créatif qui n’attend pour éclore qu’un minimum d’encouragement et un environnement motivant. Et ce n’est qu’en misant sur l’intelligence de ses enfants que notre pays retrouvera son chemin vers le progrès et arrivera à concrétiser les aspirations légitimes des tunisiens vers la quiétude et la prospérité.

Ahmed Friaa