News - 30.06.2019

La Tunisie à l’épreuve du malaise de Caïd Essebsi : la fragilité des institutions et la voracité des charognards

 La Tunisie à l’épreuve du malaise de Caïd Essebsi : la fragilité des institutions et la voracité des charognards

Le cœur serré, le regard tourné vers l’hôpital militaire de Tunis à l’affût de la confirmation des bonnes nouvelles, les Tunisiens sont impatients de voir notre « Bajbouj » national retrouver sa bonne santé. Angoisse et désarroi les ont envahis, les submergeant davantage en découvrant, ébahis, la fragilité des institutions, incomplètes, et la voracité carnassière des charognards.

Fragilité des institutions : Quoi qu’on dise sur la Constitution de 2014 et ses performances, elle reste lourdement diminuée sans l’instauration de la Cour constitutionnelle, indispensable en tant que régulateur institutionnel. La non-élection, depuis maintenant 4 ans, des 4 membres qu’il appartient à l’ARP de désigner, traduit de manière flagrante, condamnable, l’inconscience et la légèreté des Députés, empêtrés dans leurs jeux politiques, peu soucieux de l’intérêt de la nation. Les Tunisiens en sont édifiés, réalisant la fitna encourue en cas d’éloignement du président de la République de la magistrature suprême.

Voracité des charognards : Premiers à faire accréditer la vacance du pouvoir, croyant que l’heure de leur chance est arrivée, ils ont dégainé au plus vite, préparant qui ses costumes, qui ses djebbas, neufs… Les félons en seront pour leurs frais.

Surmontant l’émotion, légitime, les institutions-clefs ont bien fonctionné. Sans leur donner blanc-seing, ni bon-point, il faut reconnaître que la machine n’a connu aucun raté significatif.

Chacun dans son rôle

La Présidence de la République a été dans son statut et son rôle : une communication, certes à minima, sobre, mais claire et franche. Il est vrai que les Tunisiens auraient tant souhaité être tenus informés en temps réel de l’évolution de l’état de santé du Président, mais les impératifs médicaux imposent leurs contraintes. Submergés d’appels de toutes parts, y compris de l’étranger, les conseillers et communicants de Carthage, nommés par décret présidentiel, jouissant de la confiance du Président, ont réagi en leur âme et conscience, comme leur avait toujours appris leur mentor. De retour au Palais, il appréciera sans doute leur attitude et les en félicitera.

Ceux qui, aujourd’hui, tapent sur le cabinet et la communication présidentielle feraient mieux d’aller regarder ailleurs. Ils savent qui a déclenché les nouvelles de mauvais augures et à quels desseins.

  • La famille, bien que fortement secouée, s’est montrée digne et solidaire.
  • Le président de l’ARP a été prompt à réagir, reprenant immédiatement le chemin du Bardo…
  • Le chef du gouvernement, devait à la fois se rassurer sur le Président, et gérer le double attentat terroriste, mais aussi le pays.
  • Les ministres de la Défense nationale et de l’Intérieur, à la tête, le premier des forces armées et le second, des forces de sécurité intérieure sont montés au créneau.
  • La diplomatie tunisienne sous la conduite du ministre des Affaires étrangères n'ignore rien de la tâche qui lui incombe et a réagi avec tout le doigté qu'on pouvait attendre de diplomates chevronnés.

Quant aux médias tunisiens, si des « bavures » malheureuses, par maladresse ou non, ont embrasé les réseaux sociaux et failli jeter le trouble, la plupart des journalistes se sont attachés à leur professionnalisme et leur déontologie. Des organes de propagande patentés se sont livrés à leur jeu favori, faisant tourner en boucle leurs chimères, annonçant le pire, ont alimenté la rumeur. Ils en seront démentis, perdant tout crédit.

Ils s’en souviendront

Alors d’où vient la faute (morale) et l’erreur (politique). De tout le reste.
La théorie du complot est la plus facile à agiter. Mais, à voir plus clair, on comprend aisément, du moins, toutes les fragilités qui, une fois conjuguées, mettent à mal la Tunisie.

Trop empressés, croyant que le pouvoir était à ramasser, aveuglés par leur funeste entreprise, ils se sont engouffrés dans ce qu’ils prenaient pour une brèche.

Ceux qui depuis l’étranger, entendent s’ériger en proconsuls, ont réactivé leurs réseaux en hibernation, déployé l’arme lourde…

Et ceux qui, au lieu de prôner l’unité nationale et œuvrer pour sa consolidation sont dans la division des rangs, l’attisement des passions, le relâchement de l’effort productif.

Autant d’enseignements précieux que les Tunisiens ne manqueront pas de tirer immédiatement. En cette épreuve qui finira par connaître une issue heureuse, ils auront suivi et analysé le comportement de chacun. Et s’en souviendront le jour du scrutin.