News - 12.06.2019

Les résultats des sondages : peut-on guérir le mal par le mal?

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Tsunami, séisme… Les politiciens, pour une fois unanimes, n’ont pas de mots assez forts  pour commenter les résultats du dernier sondage de Sigma Conseil sur les intentions de vote aux prochaines élections législatives et présidentielles. Contre toute attente, le favori n'était pas celui qu'ils attendaient, à savoir,Youssef Chahed qui caracolait en tête des sondages depuis des mois. On pensait que les jeux étaient faits. Quelle ne fut pas leur stupeur au vu des résultats du sondage d’opinion de Sigma Conseil en apprenant qu'un personnage qu'on n'avait pas vu venir et sur lequel personne n'aurait parié, Nabil Karoui, le directeur-fondateur de Nessma est le mieux placé tant aux élections législatives avec 29,8 % des intentions de vote, bien qu'il ne dispose pas encore de parti. En fait, cela s'explique : dans l'esprit des électeurs, il existe une corrélation étroite entre les législatives et la présentielle.  Karoui devance Ennahdha qu'on croyait intouchable est créditée de 16,8 % alors que le parti de Chahed ne recueille que 8,6% des voix. A la présidentielle, Karoui recueille 23,8 % des intentions de vote. Il est talonné par Kais Saied (23,2%). Les deux  devançant les ténors de la classe politique:  Youssef Chahed avec 7,4% , Mohamed Abbou (6,6%) Moncef Maerzouki  6,3%. Seule Abir Moussi sort indemne de ce naufrage avec un score honorable (10,8%).

Un précédent sondage réalisé par Elka Consulting entre le 30 avril et le 4 mai dernier est arrivé pratiquement aux mêmes résultats mais n'avait suscité une incrédulité générale, tellement les résultats avaient paru invraisemblables. Aujourd’hui, le doute n’est plus permis. On est bien en présence d’une tendance lourde, un phénomène totalement inédit même à l'étranger compte tenu de l'ampleur des changements attendus. Ces sondages sonnent comme un désaveu massif de toute la classe politique. J'entends bien les arguments de mes compatriotes, leurs déceptions, leur désespoir face aux petites querelles des politiciens. Je serai le dernier à leur chercher des excuses, tellement ils nous en avaient fait voir des vertes et des pas mûres pendant cinq ans avec Tebbini, Amroussia, Abbou, sans oublier les chamailleries au sein de Nidaa. Mais sommes-nous sûrs d'avoir trouvé la bonne solution? En fait, tout se passe comme si les Tunisiens avaient contracté le complexe de Samson. Détruire les colonnes du temple quitte à y laisser sa vie. Sanctionner la classe politique même si le pays sombre. 

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