News - 16.05.2019

Faouzi Elloumi fera-t-il décoller la fusée dont rêve tant Mehdi Jomaa ?

Faouzi Elloumi fera-t-il décoller la fusée dont rêve tant Mehdi Jomaa ?

Depuis que Faouzi Elloumi  l’a rallié (en tant que président du bureau politique), Mehdi Jomaa, chef du parti Al Badil est très demandé en mariage. Soit sous un régime matrimonial en plein sous forme de fusion, soit dans une alliance pactée, ou toute autre forme possible. L’essentiel pour ses soupirants, de Tahya Tounès au Nidaa (canal Historique), en passant par Al Machrou Néo, est de l’avoir dans la boucle. C’est-à-dire, pouvoir s’adjoindre les sièges qu’il serait capable d’arracher au Bardo, afin de garantir la majorité requise. L’arc est en fait plus large : Jomaa et Elloumi sont courtisés par les chefs visibles ou invisibles de nombreuses formations politiques en large éventail.

Moi, président de la République !

Quelles sont les chances réelles d’El Badil, désormais renforcé par Faouzi Elloumi ? La réponse passe par l’examen des ambitions tant pour les législatives que les présidentielles. Ancien locataire de la Kasbah en 2014 à la tête d’un gouvernement « de compétences indépendantes », Mehdi Jomaa ne se contentera pas de rempiler pour la même charge, bien que dans un contexte différent. Un siège au Bardo, la présidence d’une grande commission, voire le perchoir en tant que président de l’ARP ne le séduirait pas beaucoup. Fermement convaincu de sa destin présidentielle dans une nouvelle émergence météorite, c’est sans doute Carthage qu’il lorgne. La question est donc tranchée en mode : Moi, président de la République !

Courtisés de partout

Pour les législatives, l’ambition est de rafler 40 sièges. Tempérant cet optimisme, un diplomate occidental estime pour sa part qu’un objectif de 10 députés serait plus réaliste. Cette fourchette bien que large et non-dûment justifiée, suffit pour susciter les appétits. De tous. Du coup, Le duo Elloumi - Jomaa est submergé de demandes de rendez-vous. Deux atouts attirent le chaland : le nombre des députés, avec cerise espérée sur le gâteau, la qualité des élus (compétence, intégrité, attractivité...), et le contenu des études programmatiques préparées depuis plus d’une année.

Parti en mode startup où le contenu généré par ses figures de proue (Hédi larbi, Kamel Bennaceur...) s’érige en capital, la levée de fonds en attirant Faouzi Elloumi, est capable, sinon de changer la donne, au moins d’améliorer les conditions de la négociation. Toujours dans la même logique startup, ce qui s’achète n’est pas le bilan, mais l’anticipation du retour sur investissement. Uber, bien que n’ayant pu jusque-là dégager des bénéfices et malgré ses pertes cumulées n’a-t-elle pas été valorisée entre 90 et 120 milliards de dollars, pour son introduction vendredi dernier à la bourse de New York. Toutes proportions gardées, il en va de même en fusion-acquisition de partis politiques. Anticiper le gain.

L’arme secrète

Elément essentiel apporté dans l’augmentation du capital politique d’Al Badil, l’expérience de Faouzi Elloumi ( il est ingénieur centralien, capitaine d'industrie (plus de 16 entreprises de par le monde, ancien maire et député de Sidi Hassine), s'est enrichie à la faveur de la création en 2012 de Nidaa Tounès et mise à l’épreuve lors des élections de 2014. Tissant les réseaux, recrutant les militants, assurant leur formation, organisant leur déploiement sur le terrain, puis leur affectation dans les bureaux et centres de vote, il a dû en conserver un bon fichier. Il ne lui suffit que de l’actualiser et le ressourcer pour l’activer immédiatement. Premier levier, les hommes et les femmes, partout sur le terrain, il le maîtrise. Quant au nerf de la guerre, bien indispensable, il n’aura pas beaucoup de mal à le mobiliser. Du coup, les chances réelles d’Al Badil, contentons-nous pour le moment des législatives, peuvent être dans la fourchette de 10 élus et plus, si toutes les bonnes conditions y seront réunies.
Comme au sein de chaque couple, les tâches sont bien réparties. L’ambition de Jomaa est de s’installer à Carthage. Qu’en est-il pour Elloumi ? Se contentera-t-il, encore une fois, de faire tourner la machine, comme il y avait fortement contribué en 2014 pour Béji Caïd Essebsi ? That is the question.