News - 11.05.2019

Un joyau archéologique découvert entre Dgueche et Tozeur

 Un joyau archéologique découvert entre Dgueche et Tozeur

Généreuse Tunisie, terre de patrimoine à ce jour non totalement révélé. De nouveaux sites archéologiques sont sans cesse découverts, comme cette église chrétienne dans le Jérid. Sur son site « Archéologie et art chrétien Afrique du Nord », le Père Silvio Moreno, IVE, argentin, établi en Tunisie depuis 2010, fait part d’un édifice enseveli dans le sable, récemment pris en charge par le ministère de la Culture.

En l’an 2000 ont été découvertes par hasard, entre les localités de Dgueche et Tozeur, près de la route, des petites ruines romaines dont rien ne laissait supposer l’existence. Tout de suite a été informé l’Institut National du Patrimoine, qui classa l’espace, mais le lieu ne sera fouillé qu’en 2017 par des chercheurs de l’INP. Dans un premier temps, les chercheurs n’ont pas pu définir la nature de l’édifice. Il était enseveli dans le sable. C’est seulement lors d’une deuxième mission archéologique, en février 2018, qu’on s’apercevra être face à un joyau paléochrétien : une église rurale entièrement conservée.

J’ai participé à une partie de la troisième mission archéologique, en février 2019, invité par les chercheurs de l’INP. Il s’agit donc d’une toute petite église (3m de hauteur des murs, sans compter les possibles voûtes et la toiture, et 15,50 de largeur au niveau de la nef centrale. Par la céramique (quelques lampes à l’huile) et les monnaies que les archéologues y ont trouvées (les fouilles sont encore en cours), cette église daterait, à peu près du Vème siècle.

Son architecture paléochrétienne est typique d’Afrique du Nord, avec des caractéristiques vraiment particulières, notamment au niveau de la qualité de sa conservation. Sur l’ensemble du monument on constate aussi une totale absence de mosaïques. A-t-elle été, peut-être, abandonnée avant la période byzantine ? Sa position géographique et le manque de sources épigraphiques ne nous permet pas pour l’instant de pouvoir la rattacher à une ville ou d’en savoir plus sur son historique.

Puisque les fouilles autour de l’église se poursuivent, il faut encore patienter pour avoir une meilleure compréhension du site. Les notices prosopographiques de l’Afrique du Nord à cette époque ne mentionnent pas de siège épiscopal à cet endroit précis. Au moins deux hypothèses se présentent : ou bien il s’agit d’une simple église rurale faisant partie d’un quartier appartenant à la ville et au siège épiscopal de Thusurus (Tozeur), ou bien il s’agirait une petite église faisant partie d’un monastère appartenant toujours à l’évêché de Tozeur. Il faut savoir qu’au sud, les communautés monastiques ont persévéré même après l’arrivée des arabes.

P. Silvio MORENO, ive

Le Père Silvio Gaston Moreno, IVE, argentin, et religieux deErreur ! La référence de lien hypertexte est incorrecte., a été ordonné prêtre en 2005. En mars 2010 a été envoyé en mission à Tunis comme vicaire de la Cathédrale Saint Vincent de Paul et Sainte Olive. Depuis 2011 il étudie l’archéologie et l'art chrétien en Afrique du Nord, particulièrement à Carthage. En 2013 il a publié son premier ouvrage: "Carthage éternelle, un pèlerinage aux ruines chrétiennes de Carthage", en 2014 "L’Archéologie et l'Art chrétien, le musée du Bardo en Tunisie", en 2015 "Los simbolos eucaristicos de Cartago" et en 2016 "Notre Dame de Carthage, archéologie, histoire et dévotion"