Hommage à ... - 15.07.2010

Dr Hafedh Ibrahim, le doyen de la communauté tunisienne à l'étranger

Il était le militantisme fait homme, le combattant infatigable de toutes les causes justes et en premier lieu, celle de son pays, la Tunisie, mais aussi des pays maghrébins. Le docteur Hafedh Ibrahim, 94 ans (certainement le doyen de la communauté tunisienne à l'étranger) nous a quittés le 12 juillet après une vie bien remplie, entièremement  dédiée à la défense des peuples opprimés. Il avait de qui tenir. Son père, le Cheikh Rajah Ibrahim lui avait inculqué très tôt, les hautes valeurs morales et surtout l'amour de la patrie. Résidant en Espagne depuis 66 ans, le défunt s'était engagé très tôt dans le combat politique au sein des associations estudiantines maghrébines en France notamment. Le déclenchement de la 2ème Guerre Mondiale sera pour lui une motivation supplémentaire pour dévoiler les méfaits du colonialisme dans les pays maghrébins à l'instar de ce faisait le Dr Habib Thameur.

Au sortir de la guerre, il s'installe à Madrid où il nouera des relations solides avec les nationalistes maghrébins et s'engagera davantage dans la lutte armée fournissant les armes et les munitions, hébergeant les militants  comme Bourguiba, Ben bella, Khidher, Boudhiaf, Ben Mhidi et facilitant leurs déplacements à l'étranger à tel point qu'il était considéré comme l'un des combattants de l'armée de libération marocaine dirigée par son ami, le Dr Khatib, de l'armée algérienne de libération nationale et un membre actif de la résistance armée tunisienne. Eu égard aux services rendus, Bourguiba lui avait même proposé d'entrer dans le premier gouvernement de l'indépendance. Ce qu'il refusa poliment. 

Toute sa vie durant, le Dr Hafedh Ibrahim préféra la discrétion aux feux de la rampe, fuyant les honneurs, se cantonnant dans un rôle conforme à son tempérament et à l'éducation qu'i avait eue, celui du militant de base, mais parfois, celui du sage, prodiguant ses conseils et même son aide matérielle aux nationalistes avec l'aide de son épouse. Il serait fastidieux de citer tous les noms de ceux de ceux à qui il a prêté assistance à un moment ou à un autre. On en citera les plus connus: Habib Thameur, Youssef Rouissi , Hédi Saïdi, Hussain Triki et Abdehafidh Haddad de Tunisie; Dr El Khatib; Abderrahmane El Youssfi et Mehdi Ben Barka du Maroc et Mohamed Khidher, Mohamed Boudhiaf et Larbi Ben Mhidi d'Algérie.  A cela, il faut ajouter les correspondances qu'il entretenait avec Salah Ben Youssef et Lassaad Ben Osman.

Au soir de sa vie, nombreux étaient ceux qui, dans son entourage, le pressaient de rédiger ses mémoires. Mais à chaque fois, il opposait un refus catégorique jusqu'à ce que la mort soit venue le ravir à l'affection de siens et de ses nombreux amis. Juqu'au bout , il aura été fidèle à lui-même et à ses principes sans jamais se départir de cette modestie qui est la marque des grands militants.