News - 01.05.2019

Youssef Chahed : Je ne suis plus seul, fort désormais du soutien de Tahya Tounes (Album Photos)

Youssef Chahed : Je ne suis plus seul, fort désormais du soutien de Tahya Tounes (Album Photos)

Pas-à-pas, Youssef Chahed monte les marches vers la présidence ... du parti Tahya Tounes. S’il n’a pas étanché la soif de ceux qui l’y réclament de suite, annonçant publiquement sa décision, il en a donné de nouveaux indices. Costume bleu et chemise col ouvert, il était ravi de clôturer « en tant que chef de gouvernement, invité » la séquence finale du congrès constitutif de Tahya Tounès le parti qui lui offre sa présidence. Ne boudant guère son plaisir de se retrouver devant plus de 10.000 personnes qui l’acclamaient mercredi après-midi, dans la salle omnisports d Radès, il s’est livré pendant près d’une heure dans un discours militant et mobilisateur. N’hésitant pas à faire une « confidence » aux siens.

''Je me suis retrouvé tout seul''

« Sans soutien, dira-t-il, le gouvernement ne peut rien faire. Le pire pour une démocratie est d’avoir un gouvernement affaibli, isolé. Ils voulaient un gouvernement faible, pour l’accabler et la faire chanter. Nombreux étaient ceux qui sur la table alignaient soutien alors que du dessous de la table ils exerçaient pression. A maintes reprises, nous nous sommes retrouvés seuls. Je me suis retrouvé seul, tout simplement parce qu'ils voulaient  d'un chef de gouvernement isolé, sans soutien. Je ne pouvais l’accepter ni rendre le tablier, persistant à assumer mes fonctions, appliquer la loi et poursuivre la lutte contre la malversation. »

Et de marteler sa phrase-clé : « Grâce à vous, aujourd’hui le gouvernement n’est plus seul. Je ne me sens plus seul. Le soutien au gouvernement s’est renforcé depuis la constitution du groupe parlementaire de la Coalition. Il a pris encore plus de force avec la création de Tahya Tounes. Quand on me dit aujourd’hui que le parti tire avantage du gouvernement, je réponds que c’est précisément l’inverse. C’est le gouvernement qui bénéficie de l’appui de Tahya Tounes.

Les trois recommandations de Youssef Chahed aux siens

Pour autant, cela signifie-t-il que Youssef Chahed consent à prendre la présidence du parti ? Pas encore. Il complète le cahier de charges qu’il lui assigne. Trois dispositions essentielles : d’abord, ancrer la démocratie dans ses instances et ses pratiques, du simple militant de base à la direction. Ensuite, favoriser une grande représentativité de la femme à tous les échelons. Et, enfin, élargir le parti en vaste rassemblement de la famille démocratique et patriotique. Bref, « une locomotive » du camp moderniste.

L’ancrage démocratique est érigé par Youssef Chahed en aboutissement naturel du projet national de Bourguiba. Pour lui, il avait fait défaut malgré des tentatives début des années 1970, il avait marqué ses limites. Cet impératif qui s’impose désormais constitue un levier politique, mais aussi économique et social essentiel, expliquera-t-il. Tout comme la question identitaire, gravement menacée au lendemain du 14 janvier et « heureusement tranchée par la nouvelle constitution, par un retour à l’Article Premier de la Constitution de Bourguiba (1959).

Un poison : le populisme

Patriotisme, démocratie, solidarité, réformes, stabilité politique et cohésion nationales meubleront le bréviaire de Youssef Chahed. Quant à sa liste de démons, elle affiche à la toute première ligne le populisme. « C’est le poison de la démocratie, pointera-t-il du doigt. Depuis deux ans et demi, j’affronte les populistes qui partent en toutes surenchères. Mais, le jour où je fais appliquer la loi, ils nous attaquent. Mon combat est contre l’extrémisme, le populisme et le désordre. J’ai vu comment ces machines fonctionnaient et je n’hésite pas à y faire face. Dans ordre politique, il y a d’abord ordre, c'est-à-dire autorité et discipline. Point de salut hors de l’intransigeance, de l’ordre et des réformes. Des réformes sans lignes ni rouges, ni bleus, ni jaunes. » Il a lu sans doute le livre qui fait actuellement débat en Europe sur « Les sept étapes du populisme à la dictature, de quoi perdre son pays. »

Au bout de 50 minutes, virevoltant, Youssef Chahed quitte ses partisans pour les laisser terminer le travail. Dans leur cahier de devoirs, ils auront beaucoup à faire.

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