Opinions - 29.03.2019

Malek Ben Salah : Vivre d’amour et d’eau fraîche … dans la Tunisie d’aujourd’hui

Malek Ben Salah : Vivre d’amour et d’eau fraîche … dans la Tunisie d’aujourd’hui

De la bagarre sur le prix du lait

Dans tout ce qui se passe aujourd’hui à propos du prix du lait, de pertes au niveau de l’agriculteur, de recherche des gouvernements successifs à ne pas augmenter le prix à la production, de réclamations d’augmentations des prix par les producteurs et par les intermédiaires… il y a lieu de déterminer s’il s’agit, à l’origine, d’erreurs dues à des incompétences ou s’il s’agit de conjonctures plus ou moins répétitives et quels sont ses rapports avec cet après-révolution dont nous supportons toutes sortes de conséquences ? L’intérêt national et celui du Tunisien moyen sont-ils en jeu ?

Compétences et Incompétences

Dans le Larousse le mot ‘’Compétence est défini comme la capacité connue en telle ou telle matière en raison de connaissances possédées et qui donne le droit d’en juger‘’. Dans le cas qui nous concerne, faire appel à une compétence, c’est recourir au spécialiste à qui on donnera le droit de juger et d’agir simultanément !
Quant au sens de ‘’L’Intérêt National‘’, souvent galvaudé, il impose dans le cadre d’une saine approche économique et sociale du secteur, en plus du choix des problèmes à étudier et des solutions les plus appropriées, le choix des techniques propres à leur étude et aux voies de leur application….ce qui nécessite une compétence affirmée dans le domaine ayant un savoir-faire confirmé pour collecter les données, mener des entretiens, comprendre et analyser les situations, restituer et partager les résultats, apporter une aide à la décision, et également accompagner les projets.
Moyennant quoi, j’espère que ce message puisse parvenir à tous hors de toute implication politique !

Compétences de référence et savoir-faire

Avec l’approche du Ramadan, la question d’augmentation du prix du lait prend une très grande acuité et fait l’objet d’un sérieux marchandage entre ‘’agriculteurs et pouvoirs publics’’ ; tout comme cela sera bientôt le cas pour les prix de la viande, des légumes, des fruits et autres produits animaux et végétaux… qui subiront certainement des augmentations que le citoyen aura des difficultés à accepter…
Il n’est probablement pas suffisant de partir de l’augmentation du coût des intrants utilisés pour conclure à la nécessité d’augmenter le prix du produit fini ! A-t-on essayé au moins de s’adresser aux compétences de ce domaine pour déterminer  s’il n'y avait pas d’abord d’erreurs d’approches dans les itinéraires techniques suivis qui auraient grevé les coûts de ces productions, avant les hommes politiques et les commerciaux C’est là, le rôle qu’une bonne gouvernance doit donner à ces compétences ! Pour ce qui est du lait, c’est à cette science qu’on appelle ‘’zootechnie’’, science qui, malheureusement, semble être mise à l’écart depuis des décennies, et aux zootechniciens qu’il faut s’adresser. Et c’est par référence à cette science qu’on doit rechercher tout d’abord les solutions dans tout ce concerne les problèmes de l’élevage et de son développement ; bien sûr avant que les problèmes ne commencent à se poser ! Ce à quoi, ne semble recourir l’Etat ou encore plus rarement ce professionnel qui souvent n’a toujours pas les qualifications nécessaires qu’est l’agriculteur d’aujourd’hui.

Des fondamentaux auxquels l’Etat et ‘’la profession’’ doivent se référer

Sans chercher à recourir à des laïus trop pompeux, disons simplement qu’en matière d’élevage, le coût des produits animaux est essentiellement fonction d’une part du potentiel génétique qui se manifeste notamment à travers la race de l’animal ; et, d’autre part, du coût des aliments que nous fournissons à ce cheptel…et bien sûr aux méthodes d’élevage adoptés !

Le Potentiel génétique animal et l’adaptation des races laitières

Pour s’adonner à l’élevage un agriculteur doit être formé et averti. Il se doit de rechercher une race laitière, performante et qui s’adapte aux conditions de la région où il est installé et faire profiter son cheptel des productions de son exploitation pour obtenir les meilleurs coûts des produits finis (lait, viande, beurre, fromages, veaux, vêles…)..

Mais dans la pratique, à l’Indépendance, on avait dans l’Etablissement de l’Elevage de Sidi Thabet, effectué une série d’importations de races à l’essai : frisonnes, fleckviehs, tarentaises, brunes des Alpes, Montbéliardes et même Jerseyaises. Après mon départ pour poursuivre mes études, dans les premières heures de l’Indépendance, peu de rapports avaient été établis quant aux performances de ce cheptel. Par la suite, les élevages qui se sont constitués étaient surtout à base de frisonnes, de tarentaises et de brunes des Alpes. Un grand nombre de ‘’croisées’’ et de ‘’locales’’ formaient le gros de l’élevage. Vers la fin des années 1970, les services responsables entamèrent des importations assez massives de Holstein. Et progressivement, la Tunisie était arrivé à avoir 43,8% de ses vaches laitières en race Holstein (avec une lactation moyenne de 4.000 L/tête) alors qu’en Hollande pays reconnu pour la qualité de ses éleveurs, par exemple, cette race Holstein n’atteignait que 39,2% de leurs vaches laitières (bien qu’elles leur donnaient une lactation moyenne de 8.016 L/tête soit le double) ; soit déjà un certain gâchis surtout que ce cheptel n’était pas toujours installé dans les régions et conditions propices !

A remarquer, d’ailleurs, qu’un grand nombre de ce bétail, sélectionné avant l’importation, était envoyé à l’abattoir parfois même avant le remboursement du crédit d’acquisition, que l’importation de ‘’maïs et soja’’ commençait à prendre de l’ampleur pour leur alimentation, et que des ‘’usines’’ pour produire du concentré notamment avec ces maïs et soja importés voyaient le jour. Certains agriculteurs et producteurs, peu encadrés, réduisaient souvent la ration distribuée au cheptel à des quantités de plus en plus importantes de ces concentrés standardisés au détriment de l’affouragement en foin et en verdure produits localement… Bien entendu, les errements techniques et économiques devenaient de plus en plus apparents.

Coût d’alimentation du cheptel (même s’il n’était pas toujours de la race la plus adaptée)

Le coût des aliments offert à ce cheptel était, à l’origine, basé sur des rations qui permettaient de produire du lait et de la viande au moindre coût, grâce à une ration composée de productions de l’exploitation dont notamment : (1) des fourrages en culture pluviale au sein de l’assolement (ou sous forme de prairies permanentes ou temporaires) pour éviter des coûts inutiles de transport sur de longues distances … ; (2) des fourrages irrigués d’hiver et d’été qui permettent d’équilibrer la ration servie et rentabiliser les périmètres irrigués sans arriver à surexploiter les fragiles ressources en eau dont disposent l’agriculteur et le pays… Ces deux types de productions fournissaient le foin nécessaire et la verdure à ce bétail… ; (3) des concentrés formés par les protéagineux locaux (féveroles) et les co-produits de l’exploitation ou du concentré du commerce pour compléter la ration.

Le coût de l’alimentation basé sur ces produits de l’exploitation était ainsi maîtrisé ; à noter au passage qu’il s’agissait de cultures fortement enrichissantes pour le sol qui en avait bien besoin.

Par la suite, des élevages en claustration devinrent de plus en plus nombreux. L’utilisation dans la ration du son, qui n’a de sens que dans les années de disette, était devenue un élément constant de la ration alimentaire ; l’Etat devenant de plus un acteur permanent et un arbitre dans la distribution de ce produit très secondaire. On parle même de l’instauration d’un commerce du ‘’pain rassis’’ comme composante nouvelle dans cette ration. La distribution de verdure devenant de plus en plus réduite ou disparaissait même de cette ration et les ‘’concentrés’’ remplaçaient, chez certains producteurs, souvent toute conception de rations équilibrées ou rationnellement calculées…

Production fourragère, ses rapports avec l’investissement dans l’élevage et l’accompagnement de l’agriculteur

L’alimentation réservée au cheptel était donc, à l’origine, basée sur les produits de l’exploitation comme l’aurait souhaité un zootechnicien compétent. L’investissement (= le crédit demandé) portait essentiellement sur le coût d’achat du cheptel et était soumis à un accord de l’administration pour tout demandeur crédit. Pour cela, on exigeait de lui de disposer d’un minimum de production fourragère propre, et c’était parfaitement justifié.

De leur côté, les ‘’services de vulgarisation’’ qu’on avait monté en parallèle bénéficiaient d’informations et d’une documentation relative aux méthodes d’élevage et aux assolements à conseiller et que nous concevions, en liaison avec la recherche : en cultures pluviales (comprenant des introductions comme le bersim, l’orge verte, le medic, le trèfle de Perse…) pour les différentes régions du pays ; pour la création de prairies temporaires et permanentes avec différentes variétés de luzerne, de trèfles, de fétuques (et de sulla pour l’extrême nord …selon les conditions locales),et, pour les cultures irriguées (fanes et déchets de betterave et de diverses cultures maraîchères, sous produits de l’agro-industrie….). Les Cellules Territoriales de Vulgarisation (CTV), qu’on construisait alors, servaient ainsi de relais pour la modernisation du secteur et rapprochaient le vulgarisateur de l’agriculteur qui y trouvait un minimum d’appui…, à l’image du ‘’dispensaire’’ qu’installait la Santé Publique en plein bled (en lui permettant d’avoir un bureau, un moyen de locomotion et un logement sur place).

Ainsi donc, avec cette panoplie de produits, avec cet encadrement rapproché et un souci permanent d’élaborer des assolements adaptés aux conditions climatiques, aux sols, aux besoins du marché… ; soit un tissage d’orientations - qui liaient les services centraux aux services régionaux – qui visait une intégration minimale entre les productions végétales et animales… au sein de l’exploitation, le vulgarisateur était donc doté d’outils de travail pour donner ‘’le conseil’’ adapté aux cas de figures en présence ; l’agriculteur trouvant son compte dans cette symbiose avec le vulgarisateur.
Avec les années 1990, l’autonomisation décidée pour la vulgarisation par la création d’une ‘’AVFA’’ mais qui n’était pas toujours dirigée par un spécialiste, les Plans (mobiles) qui ont commencé à réduire le nombre de projets intégrés et où on ne recommandaient plus qu’une ‘’diversification des cultures’’ au lieu d’orientations vers des systèmes de production régionalisés et des assolements mieux élaborés en accord avec la recherche et avec le non remplacement des vulgarisateurs qui partaient à la retraite, les CTV commencèrent à se dépeupler, à fermer ou à être cédées à d’autres utilisateurs ou carrément à tomber en ruines… Le conseil passait entre les mains de conseillers privés dont l’impact variait d’un conseiller à l’autre, laissant en particulier, les petits exploitants à leur libre arbitre….

Répercussions sur les prix mais aussi sur les sols

Avec l’abandon de ces quelques fondements, qui permettaient ‘’UNE VISION INTEGREE’’ au moins au niveau des systèmes de production disparaissaient, les précautions élémentaires prises par les compétences de l’époque, et sans aller vers des explications par trop techniques ; aussi bien le pays, que les différents acteurs, que NOS SOLS… se trouvent aujourd’hui gravement pénalisés par cette débandade et par l’abandon de ce lien que formait la vulgarisation !

Aujourd’hui (1) la substitution d’élevages dimensionnés sur une production fourragère propre de l’exploitation par des élevages (souvent suburbains et surdimensionnés) alimentés par des concentrés en grande partie importés à des prix de plus en plus élevés ; (2) l’abandon ou la réduction de plusieurs cultures profitables à l’élevage par leurs productions et leurs coproduits…, au profit de céréales et de pailles sur paille qui ne reçoivent que des fumures minérales ; (3) la demande de plus en plus forte de concentrés du commerce par des éleveurs souvent sans exploitations agricoles ; (4) la baisse des superficies en cultures fourragères et protéagineuses qui a entraîné un épuisement de la matière organique et de la fertilité des sols … ont eu pour conséquences pour ce qui nous concerne (1) une dépendance de plus en plus importante du maïs et du soja importés en devises (le dinar perdant de plus en plus sa valeur) alors que des pays comme la France font des efforts pour étendre leurs superficies en soja et réduire l’importation…; (2) l’adoption de rations déséquilibrées pour le troupeau ; (3) un nombre de spéculateurs, et des charges d’utilité discutables plus lourdes (de transport, de santé animale…) ; (4) l’obtention de produits animaux à des coûts exorbitants pour l’agriculteur et peu supportables par le consommateur ; (5) un déséquilibre de plus en plus marqué de la balance commerciale….

Sans science et sans conscience

En résumé, et de plus, avec l’apparition de marchés parallèles incontrôlés…, on peut dire qu’il y a eu une destruction consciencieuse des
potentialités de notre agriculture ; qu’il serait plus difficile de rétablir, un jour, les équilibres dans notre milieu rural et agricole …. le temps inexorable et les changements climatiques, négligés ou ignorés par nos décideurs travaillent dans le sens contraire d’une agriculture quelque peu durable, et ne permettraient que très difficilement de refaire ce que notre ignorance a défait…
La fameuse citation de Rabelais ‘’science sans conscience n’est que ruine de l’âme ! ’’ peut être tunisifiée en ‘’Sans science et sans conscience, il n’y aura que ruine de l’âme, de l’homme et du pays… !’’

Une faute partagée entre l’Etat et l’agriculteur ?

Voici donc une situation, qu’on le veuille ou non, consciemment ou inconsciemment, où l’Etat se partage les fautes avec l’agriculteur.

Quelques fautes cumulées par l’Etat en matière d’élevage

L’Etat, responsable de toutes les productions est censé orienter ses agriculteurs, et notamment les plus petits à des productions rentables et à la meilleure valorisation des ressources en terre dont ils disposent. De plus et dans les faits, les importations de cheptel par des organismes de l’Etat n’ont pas tenu compte de la formation des bénéficiaires et ne leur a pas assuré l’accompagnement nécessaire. On se demande pourquoi avoir arrêté sans raison cette exigence d’une production de fourrages en fonction des besoins de l’élevage à installer (quitte à encourager cette production, au moins par une subvention des semences pour lesquelles il n’y a aucune production organisée). Et encore une fois, l’abandon de la vulgarisation et sa non-reprise après la révolution par des projets de l’Etat ne pouvait avoir que de mauvaises répercussions sur le secteur.

L’Etat ayant à sa charge la recherche, la formation, la vulgarisation était sensé réserver, tout comme pour la sécurité nationale ou la santé publique un pourcentage en relation avec leur rôle de ‘’Nourrir le Tunisien’’. Alors qu’à titre d’exemple, on trouve dans la répartition du budget de l’exercice 2018 du ministère de l’Agriculture dans la presse du 23 novembre 2017, une déclaration qui annonce que près de 60% du budget du MARHP, au titre de l’année 2018 sont consacrés à l’eau et qu’il était réservé à l’ensemble de la recherche, l’enseignement supérieur, la formation et la vulgarisation 1%. Le gouvernement étant sensé donner une place un peu plus conséquente à ces secteurs éminemment important pour l’avenir du pays, même à une période aussi dure que cette après révolution !

Avec cela on peut prétendre sérieusement faire vivre le Tunisien d’amour et d’eau fraîche et lui éviter tous ces tracas pour produire du lait, des fruits ou des légumes. Notons que sans parler de l’enseignement supérieur, la formation et la vulgarisation … et que rien que pour les 12 établissements de recherche et les 11 établissements d’enseignement supérieur agricoles, l’effectif est de 822 enseignants-chercheurs pour lesquels le pays a besoin de programmes et de moyens matériels et financiers compatibles avec ces programmes, même s’ils ne le réclament pas.

La faute à l’agriculteur et la conduite inappropriée de l’élevage

L’agriculteur, quant à lui, il a fauté en se laissant imposer, souvent, des races trop exigeantes dont il ne peut assurer l’entretien, ou en ne dimensionnant pas ou peu son cheptel avec sa production fourragère; ou encore en s’adonnant à un élevage suburbain plus ou moins surdimensionné basé sur une alimentation essentiellement en concentrés importés à plus de 90% ; ou encore, pour les tout petits, en n’alimentant des bêtes aux origines très sélectionnées… que dans les fossés, les poubelles ou avec du pain rassis… ; ce n’est certainement pas de leur faute, mais comme il n’y a personne pour les conseiller… peut-on le lui reprocher !

De même, il est quand même grave, que parmi la fine fleur d’agriculteurs d’élite, qui existent quand même encore, personne n’ait réclamé, ou ressenti au moins le besoin, de créer une Profession agricole digne de ce nom ; et qui peut prendre en charge progressivement le développement de leur secteur à travers des Chambres d’agriculture régionales ; des associations de jeunes agriculteurs ; proposer aux gouvernements respectifs des textes permettant l’agrandissement de la propriété trop petite surtout que l’Etat dispose de quelques 500.000 ha plutôt mal exploités ou des textes permettant un encouragement au départ à la retraite des agriculteurs âgés avec l’installation de jeunes chefs d’exploitation plus formés et mieux outillés pour le progrès… ; ce qui ne peut être un rôle attribué aux des 2 syndicats existants qui font de leur mieux pour ce qui est de la défense du secteur comme tout syndicat, le DEVELOPPEMENT ne pouvant être de leur ressort. Bien sûr ceci exige des subsides, mais cela est également à définir et à demander à l’Etat au moins pour une période de démarrage !

Mesures immédiates à prendre si on veut bien ré-orienter les tendances actuelles d’élevages à bout de souffle

Devant ces quelques flashs, et pour la situation présente de rétention possible du lait ou de vente du cheptel, c’est aux agronomes et zootechniciens (s’il y en a) de l’Etat de décider de ce qu’il ya lieu de faire.

Pour ce qui me concerne, je voudrais rappeler seulement que les décisions pour les campagnes prochaines se prennent aujourd’hui et que c’est aujourd’hui qu’on doit les engager pour s’assurer qu’il ne s’agit pas de décisions en l’air.

En style télégraphique, j’aurais à recommander aux deux partenaires de terrain responsables de ce secteur l’OEP et l’AVFA, il s’agit :

Pour l’OEP:

D’encourager la production pour la prochaine campagne en vu, au moins, du doublement ou triplement des superficies fourragères de vesce/avoine, luzerne, sulla, bersim, medic… dans le Nord ; et de luzerne dans le Centre et le Sud, par une importation massive des semences de ces espèces qui manquent sur le marché national et de s’entendre avec le Ministère des Finances sur une subvention adéquate pour favoriser leur acquisition par l’agriculteur sans perdre encore l’année prochaine en tergiversations…. avec réalisation des importations suffisamment tôt. Un programme parallèle pour relancer la culture de l’hedysarum carnosum et d’autres espèces pouvant être recommandées ou développées par et avec l’IRA.

Idem pour les superficies de protéagineux (féverole) et pour la réalisation des acquisitions au niveau national et à l’importation suffisamment tôt ; annoncer précocement que l’Office des céréales rachètera toute la production de féverole en fixant un prix réellement rémunérateur pour ce produit en vu de la rétrocéder aux usines d’aliments du bétail pour les intégrer obligatoirement dans les concentrés qu’ils fabriquent et de réduire ainsi l’importation de soja.

Développer et encourager l’établissement de contrats de cultures entre éleveurs suburbains sans sol et des agriculteurs pouvant cultiver des fourrages pour leur compte.
Etudier et établir un programme de plantation d’arbustes fourragers sur les sols que les pédologues attestent comme marginaux, y compris ceux plantés en arboriculture à rentabilité médiocre….

Pour l’AVFA :

Le rôle de l’AVFA et des CRDA est ici important pour ranimer chez les arrondissements concernés la nécessité de prendre en charge ce programme.

Recruter des agronomes et des zootechniciens confirmés avertis pour former et accompagner les vulgarisateurs de terrain et l’encouragement à l’élevage de génisses…

Une série de documents (pas forcément sophistiqués et coûteux) doit être préparée et mis à jour avec la recherche pour l’établissement de rotations incluant des superficies fourragères de vesce/avoine, luzerne, sulla, bersim, medic… dans le Nord ; et de luzerne et d’hedysarum carnosum pour le Centre et le Sud ; ainsi que pour le développement de la plantation d’arbustes fourragers sur sols marginaux…
Idem pour les superficies de protéagineux (féverole) et l’établissement de rotations adaptées et de rations alimentaires économiques pour le cheptel et réduire l’importation de soja.

Vulgariser les contrats de cultures qui seront établis par l’OEP entre éleveurs sans sol et agriculteurs pouvant cultiver des fourrages pour leur compte.

En espérant apporter une contribution à une relance de nos élevages sur des bases sérieuses, j’espère voir ci-dessous des réactions denses tous azimuts, qui ne soient pas forcément de mon avis, mais qui auraient la volonté d’aider à nous sortir des cercles vicieux où on a l’air de s’embourber sans raison.

La parole est à toutes les compétences mais aussi à tous ceux qui auraient un avis sur cette situation.

Malek Ben Salah
Ingénieur général d’agronomie, consultant indépendant, spécialiste d’agriculture/élevage de l’ENSSAA de Paris