News - 04.03.2019

Justice rendue à l’ancien ministre de l’Intérieur, Hédi Mejdoub

Justice rendue à l’ancien ministre de l’Intérieur, Hédi Mejdoub

Vive satisfaction, en Tunisie et dans les pays arabes, après la désignation de l’ancien ministre tunisien de l’Intérieur (2016 - 2017), Hédi Mejdoub, 49 ans, aux fonctions de conseiller du secrétaire général du conseil des ministres arabes de l’Intérieur. La Tunisie met à la disposition d’un organe central et des plus délicats de la Ligue des Etats Arabes en synergie avec les instances internationales spécialisées similaires, l’un de ses meilleurs experts, comme elle l’a toujours fait pour l’ONU et les organisations régionales.

En présentant officiellement sa candidature, le gouvernement Youssef Chahed répare une injustice à son égard. Ce juriste, doublé d’un Enarque (conseiller des Services publics),a fait toute sa carrière au ministère de l’Intérieur, jusqu’à occuper le poste bien sensible de chef de cabinet de quatre ministres successifs depuis 2011 (Essid, Laarayedh, Ben Jeddou et Gharsalli). Jusqu'à devenir lui-même secrétaire d’Etat (chargé des Collectivités locales), puis ministre. Il aligne tout au long de ce parcours, comme en témoignent ceux qui ont travaillé avec lui, un profil de haute compétence. Dans les pays arabes, les ministres de l’Intérieur et les milieux sécuritaires se félicitent de cette recrue précieuse qui vient enrichir le secrétariat permanent du Conseil. Sa connaissance des dossiers et des enjeux sécuritaires, et son sens de la mesure seront d’une contribution appréciable, dès son entrée en fonction, le 1er juin prochain.

Eclairage

En première ligne, à la tête des forces de sécurité intérieure, contre le terrorisme, la contrebande et la criminalité, Hédi Mejdoub a fait preuve d’un haut sens de commandement, dans l’efficience et la discrétion. Il s’est toujours considéré au service de l’Etat et investi dans cet engagement, loin de toute ambition personnelle, se tenant à l’écart des rivalités et des courtisaneries. Autant que possible, il s’est employé à rendre à l’institution sécuritaire confiance en elle-même et à lui donner les moyens additionnels nécessaires à sa tâche. Tout en la préservant de toute tentative de récupération politique. Quand il s’est rendu compte que sa propre mission risquait de devenir impossible à assurer du fait de la Kasbah, Hédi Mejdoub n’a pas hésité à remettre son mandat, début mai 2017, entre les mains du chef du gouvernement. 

Alerté, le président de la République, Béji Caïd Essebsi usera de son magistère pour l’en dissuader, du moins à y surseoir, d’autant plus qu’on était alors à la veille du ramadan et des examens de fin d’année et à l’orée de la saison touristique. Il y acquiescera. Quelques jours seulement après son entrevue avec le chef de l’Etat, Mejdoub réussira en moins de trois heures, le 23 mai 2017, le coup de filet lancé contre Chafik Jarraya, puis d’autres. Loin d’en tirer personnellement gloire, il restera chevillé à la mission, de l’aurore jusqu’à tard la nuit, gardant toujours le téléphone à la portée de la main.

L’été se passera bien : vacances sécurisées pour tous, Tunisiens, Tunisiens établis à l’étranger et touristes. Mais, début août, des bulles d’essai étaient lancées dans les médias et les réseaux sociaux annonçant son départ, en démission parfois et en limogeage, d’autres fois. Stoïquement, il attendait que son sort soit fixé, demeurant en alerte continue du haut de son poste. Youssef Chahed ne le reconduira pas dans son gouvernement du 6 septembre 2017. Il sera remplacé par Lotfi Brahem, alors directeur général, commandant de la Garde nationale. Le nom de Brahem était proposé par Nidaa avec deux autres candidats Radhouane Ayara et Ennajem Gharsalli. Brahem n'y tiendra pas longtemps. Passés les premiers mois de grâce, Chahed se ravisera de son choix et finira par le limoger 9 mois seulement après, jour pour jour, le 6 juin 2018, sans attendre de noyer son départ dans le remaniement ministériel qu'il préparait, comme le lui ''recommandait'', le président Béji Caïd Essebsi.

Silence radio, discrétion encore plus, totale

Commencera alors pour Hédi Mejdoub une longue traversée de désert. Annoncé à des postes subalternes, ici et là, il n’avait reçu aucune proposition digne de son rang. Appartenant, à l’origine, aux effectifs du ministère de l’Intérieur, l’ancien ministre devait regagner les rangs, se contenant de son grade, où il n’avait pas évolué depuis longtemps, en attendant la vacance d’une fonction de directeur général ou de chargé de mission. 

C’est dans pareilles circonstances que se mesure la valeur des hommes et des femmes. Titulaire d’un ministère régalien, qui est plus est de l’Intérieur, en plein dans l’œil du cyclone et dépositaire des secrets d’état, les plus importants et les plus convoités par tous, Hédi Mejdoub, s’imposera un silence absolu, limitant ses contacts à son cercle familiale restreint et à quelques amis. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il se contentera de son maigre salaire de base, et s’adaptera à son nouveau statut de jeune retraité actif à 47 ans, sans se laisser submerger par le moindre état d’âme. Youssef Chahed l’a bien relevé, se ravisant sur l’image qu’il avait de lui. Il l’invitera à la Kasbah pour un entretien qualifié de « cordial ». Pour l'histoire, le successeur de Mejdoub à l'Intérieur rechignait à lui accorder un poste de chargé de mission. Un autre, intérimaire, s'empressera de lui retirer la voiture de service mise à sa disposition. Chahed en a été outré et cherchera à rectifier le tir, affirment ses proches.

Des mois ont passé, le temps que le mandat de conseiller du secrétaire général du conseil des ministres arabes de l’Intérieur, jusque-là assuré par Nabil Abid, depuis cinq ans (mars 2013) vienne à échéance. Hédi Mejdoub affiche le profil approprié, immédiatement adopté par les ministres de l’Intérieur. Nombre d’entre eux le connaissent déjà de longue date pour avoir collaboré ensemble, et lui aussi connaît bien le conseil pour y a voir siégé. Il saura sans doute y apporter son expertise.