News - 05.07.2010

Dirigeants de clubs sportifs : l'exemple de Moncef Sellami donne à réfléchir

A voir le sort réservé à certains dirigeants de clubs sportifs à leur départ pose un vrai problème : comment pourrions nous convaincre les meilleurs de présider aux destinées de notre sport. Les exemples sont nombreux, celui de Moncef Sellami, président du CSS et qui s’apprête à passer la main ce 21 juillet, est bien éloquent. Banquier à l’origine (en France, puis à Tunis), président d’un groupe des plus prospères et des mieux gérés (Tunisie Câbles, Fuba, OneTech, etc.), avec des partenaires internationaux de premier rang et des acquisitions industrielles en Europe, il répond oui aux sollicitations pressantes de sa ville natale. Connu pour sa rigueur, son intransigeance et son sens de la perfection, il accepte de monter au créneau et d’accomplir sa part de devoir à la tête du club sportif sfaxien.

Evidemment, en bon gestionnaire, il commence par y mettre de l’ordre, de restructurer l’appareil administratif, de faire respecter les procédures de gestion. A l’exception de Slaheddine Zahaf, expert comptable, jamais ce club fondé en 1927 par Zouheir Ayadi n’avait eu à sa tête un vrai manager qui a fait ses preuves en Tunisie et à l’étranger. Mais, là n’est pas le but de nos propos. Sorti des conseils d’administration feutrés et exigeants, qui ne redoutent que le plébiscite des actionnaires, il se retrouve siégeant parmi des amis bénévoles, ne fonctionnant souvent qu’à l’humeur des supporters, au gré des passions. Un but marqué, et c’est l’euphorie. Un but encaissé et c’est l'abattement. Peu importe le reste. La vie du club ne devient alors qu'une suite de rumeurs et de supputations. L’image de ses dirigeants n’est autre que faite d’excès. A la hausse, exagérée, à la baisse déchiquetée.

Aux dirigeants de nos clubs, notamment les présidents, on demande leur aura, leur temps, leur argent et leur caution. Beaucoup, et souvent trop. Ici on parle à coups de millions de dinars à sacrifier pour la bonne cause. Certains y trouvent leur compte en notoriété et relations publiques pour développer leurs affaires et bien se positionner. D’autres n’en ont cure. Tant qu’on est au creux de la vague et que l’ancien dirigeant, bien éprouvé, commence à tirer la langue, cherchant un repreneur pour prendre le relais, on vient harceler le candidat potentiel et l’adjurer d’accepter, promettant monts et merveilles. Puis, dès que la passation est faite, on le voue aux gémonies. On oublie tout ce qu’il avait fait et tout ce qu’il avait donné, l’accablant de tous les maux, quitte à revenir vers luiplus tard pour lui offrir la chance de se faire réhabiliter.

Heureusement que ce n’est pas tout à fait le cas au CSS où Moncef Sellami laisse des finances assainies, une administration opérationnelles et des règles de gestion efficaces. Heureusement aussi que son successeur plébiscité, Chafik Jarraya, un self-made man, digne d’une vraie success story, s’apprête lui à monter au feu (et c'est le cas de le dire), avec fonds substantiels et grand dévouement. L’enjeu est clair : si nous voulons attirer les meilleurs, nous devons les respecter, c’est-à-dire organiser leur sortie avec les honneurs, comme nous les avions fortement sollicités. C’est aussi les protéger contre l’infamie de l’ingratitude et les fausses allégations des faux-supporters. C’est, en fin, débarrasser le sport des enjeux individuels, des bas intérêts et dse petites querelles qui le rongent. Nous sommes certes sur le terrain de l’émotion et de la passion, mais guère sur celui de la destruction. Et ce qui vaut pour le CSS, vaut pour de nombreux clubs.