Opinions - 09.07.2010

L'expert comptable… pour des stratégies durables

Parallèlement aux réformes engendrées par le nouvel esprit de la loi de sécurité financière exigeant une transparence de l’information divulguée sur les entreprises, nous assistons à un changement radical de l’environnement économique, politique et social des entreprises qui optent de plus en plus pour des stratégies plus durables.

Quelque soit sa taille, son secteur ou son emplacement géographique, l’entreprise, le plus petit maillon de la chaine économique,  est confrontée à d’importantes dépenses financières, stratégiques et opérationnelles et à nombreuses difficultés pour s’adapter à ces changements. Quelques entreprises sont nettement plus avancées que d’autres en ce qui concerne la question liée à la durabilité. Les autres peinent à s’y initier. La mentalité de la gouvernance ainsi que le climat économique étant les facteurs principaux de cette évolution.

Portant sa casquette de « conseiller stratégique de l’entreprise», l’expert comptable, joue un rôle très important et même vital pour aider ses clients à faire face à ces nouveaux défis.
 

Bien que les différentes parties prenantes dans l’entreprise ainsi que les utilisateurs privilégiés de l’information financière ont des attentes très ambitieuses quid de l’entreprise qu’ils espèrent plus citoyenne et subvenant aux besoins des générations présentes sans pour autant compromettre ceux des générations futures, il nous parait surprenant que le professionnel du chiffre soit à côté de cette tendance en particulier l’établissement d’états financiers « durables ». Des Etats financiers tenant en compte une stratégie de développement durable reflétant la performance de la durabilité de l’entreprise. Des expérimentations ont été mises en œuvre depuis peu pour essayer de revêtir nos référentiels comptables et d’audit d’une dimension soutenable et durable.  

Une piste très intéressante est explorée en vue de contribuer avec la nouvelle comptabilité, au lancement et à la réussite de nouvelles entreprises pleinement adaptées à la nouvelle donne du développement durable. Il s’agit de s’appuyer sur la mise en place contractuelle de monnaies complémentaires au sein d’un « écosystème » économique sectoriel, pour stimuler création et développement d’entreprises novatrices. La comptabilité nouvelle fournit les bases chiffrées de la constatation anticipée des actifs immatériels en devenir, et qui gagent l’émission de la monnaie complémentaire.
Un expert comptable est l’intervenant le plus apte et le plus qualifié à interpréter l’information financière de l’entreprise. Une information utilisée comme base pour les décisions organisationnelles fondamentales ayant comme  vocation le développement durable. 
La capacité de l’expert comptable à assister le gouvernement de l’entreprise en tant que consultant indépendant  est un facteur déterminant pour qu’il soit l’intervenant incontournable en matière de conseil en développement durable. Conseils d’entreprise, l’expert-comptable a quatre rôles principaux à jouer :

  • Faire adhérer son cabinet dans le processus du développement durable
  • Rappeler aux clients cette responsabilité environnementale pour leur permettre de se conformer à leurs obligations légales
  • Accompagner les clients dans l’établissement de leurs rapports annuels pour améliorer la concordance des informations déclarées avec la comptabilité
  • Attester la sincérité des déclarations et rapports pour garantir aux clients le respect de la législation

De récentes prospections dans le milieu professionnel  ont démontré l’incompréhension quasi-totale des utilisateurs des rapports du développement durable. Nombreux sont ceux qui pensent que  la durabilité n'est qu'un phénomène de mode donc forcément éphémère tout en reconnaissant que cette durabilité est un facteur essentiel pour la réputation de leurs entreprises et qu’ils gagnent mieux à communiquer dessus. La communication sur la durabilité et la viabilité de l’entreprise étant devenue l’un des piliers pour bâtir la bonne réputation et la bonne image de l’entreprise.

Une sensibilisation à l’élaboration de ce genre de rapports est primordiale surtout avec l’accélération des changements aboutissant probablement à un consensus sur le contenu, la fréquence et le format du rapport sur le développement durable.
Dans cet esprit émerge la norme ISO 26000 baptisée «lignes directrices sur la responsabilité sociale » ou «guidance on social responsibility». Techniquement, cette norme ISO 26000 n’impose pas de BEST PRACTICES pour les entreprises mais sert essentiellement à « orienter », contrairement aux autres normes AFNOR conçues pour la certification. L’expert comptable n’a qu’à épouser cette logique et à conseiller son client dans ce sens tout en y apportant des ajustements prenant en compte les spécificités de chaque client.

J'ai la conviction, que puisque le monde des affaires et les professionnels du chiffre commencent à comprendre l’utilité des normes internationales de reporting financier, la divulgation des informations non financières commence à avoir de l’ampleur et se traduira très prochainement par l’apparition d’une norme pour le reporting  sur la durabilité. Croisons les doigts…
 
Karim AMOUS
Financial Auditor (BDO Tunisia)