News - 21.11.2018

Rym Ghachem Attia: Une génération sacrifiée

Rym Ghachem Attia: Une génération sacrifiée

Sans tomber nécessairement dans la mentalité du réactionnaire qui regrette le « bon vieux temps », il est tout à fait objectif d’observer que notre société actuelle est en train d’évoluer vers un individualisme grandissant !

Certes, la mondialisation n’est pas un vain mot: la liberté individuelle, prend le dessus sur plusieurs autres valeurs où l’égoïsme se place en critère absolu.

Il existe dans le couple et dans les familles une dynamique de négociation imposée par les membres les plus jeunes pour ne pas dire les plus « gâtés » ! Faisant fi du pouvoir d’achat des parents, les enfants et les adolescents exigent toujours plus et encore plus. Il ne faut pas oublier, non plus, qu’ils sont bombardés par les prouesses technologiques dont l’évolution semble dépasser l’entendement des adultes !
Les parents qui avaient vécu plusieurs privations dont l’accès facile à internet et aux diverses nouvelles technologies de l’information, déploient efforts et budgets pour faire bénéficier leurs enfants des avantages du progrès. L’intérêt primordial accordé au parcours scolaire fait que les parents privilégient exclusivement les devoirs d’ordre livresque !! Par contre, les aspects valorisant les notions d’effort, de sacrifice, d’entraide de sociabilité n’apparaissent que rarement et beaucoup de parents n’arrivent pas à couper le cordon ombilical et refusent de laisser la bride libre sur le cou de leurs progénitures !
Or l’apprentissage à l’entrée dans la vie d’adulte, exige cette séparation salvatrice et « maturante » à la fois pour les jeunes et les parents qui se doivent d’oublier de projeter leurs « souvenirs » voire leurs fantasmes sur leurs enfants !

Certes, la génération de nos parents vivait au sein d’un tissu sociétal voué aux valeurs du travail, de l’indépendance à la construction d’une nation. La nôtre, celle des cinquante soixante ans, par contre, est une génération dite « sacrifiée » du fait de la dernière décennie du déclin bourguibien suivi de la dictature de Ben Ali. Quant aux jeunes du printemps arabe vivant dans un pays où la majorité de la population appartient à une classe moyenne qui s’épuise et s’éloigne des « réflexions » et des discours incohérents des politiques ! tombent forcément dans les stéréotypes. Ces jeunes sont formatés par les manipulateurs du pan-individualisme et de l’égoïsme valorisent exclusivement la libre entreprise au détriment du reste ! Ceux qui se réveillent et veulent sauvegarder notre environnement, tombent dans la déception décourageant toute bonne volonté ! 

La société civile, quant à elle, essaie de faire de son mieux ! Et tous les  espoirs sont permis !

Certains estiment que le  combat est de longue haleine d’autant que les signes de découragement sont multiples. En effet, l’effort est à déployer aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public ; et le peu de réussite enregistrée par les sociétés scientifiques et associations n’est pas reconnue car elle est entachée d’une certaine compromission avec le pouvoir !

Dans cette perspective, nous nous trouvons dans une sorte d’impuissance et d’âpre amertume ; nous, les moins jeunes, (génération cinquantenaire) avions pourtant beaucoup travaillé et beaucoup sacrifié de notre temps et consenti notre énergie à notre travail scientifique et social. Nous voyons nos valeurs s’effondrer, notre pouvoir d’achat décliner !

Nous sommes à la vieille d’élections présidentielle et législative sans une claire visibilité ! Nous sommes dans l’attente d’un sauveur potentiel oud’une « sauveuse » qui devrait être sans famille voire sans « clan » ! Cette personne ne doit avoir d’intérêt que pour le pays sans jamais associer politique et religion ! La politique risque d’être phagocytée par un parti omnipuissant et dévoreur à la manière de la menthe religieuse qui bouffe le mâle qui s’y frotte et s’y accouple par « amour » ou par opportunisme !

A cette morosité s’associe une méfiance installée où la violence et l’impunité sont la règle ! Notre seule arme pour y faire face reste notre travail que nous devons toujours respecter ; chacun dans son secteur doit s’efforcer avec les moyens dont il dispose d’améliorer son quotidien. C’est vrai que les lundis sont parfois difficiles avec à chaque fois une appréhension angoissante de ce qui qui va nous tomber sur la tête au cours de la semaine qui vient de commencer !

Ne baissons pas les bras ne cédons pas à la panique en migrant vers des pays où nous serons et demeurerons des étrangers. Résistons, faisons obstacle à ceux qui militent pour le pourrissement de la situation !
Essayons de construire cette Tunisie démocratique. Il suffirait de peu de chose dit la chanson !

Mettons les bonnes personnes aux bons endroits et laissons-les prendre les décisions bonnes sans interférer le tout-venant.

Ce régime parlementaire n’est pas adapté il ne fait que ralentir tous les procès !

Ce syndicat qui parfois ne défend pas les vraies causes ! Ces professionnels des médias qui ne savent point communiquer et se contentent souvent d’attiser le désespoir, n’aident point les parents à dialoguer avec les jeunes en quête de lueurs d’espoir !

Nettoyons chacun devant nos portes, aidons-nous les uns les autres et arrêtons cette hypertrophie du moi cet individualisme cette mégalomanie qui n'a fait que multiplier les associations dans tous les domaines dans toutes les spécialités où chaque président veut le rester et s’y acharne sans penser aux intérêts de nos institutions et au respect des uns et des autres.
Nous sommes un peuple pétri d’idéaux avec un passé fabuleux un présent difficile mais un futur qui ne dépendra que de nous si nous le voulions sérieusement et rigoureusement !

Rym Ghachem Attia