News - 17.11.2018

Résidence de Grande-Bretagne: Le nouveau charme discret

Résidence de Grande-Bretagne: Le nouveau charme discret

Magnifique palais dans la série des résidences prestigieuses qui s’est égrenée au fil des siècles derniers à La Marsa, la résidence de Grande-Bretagne bénéficie d’un coup de fraîcheur et de design moderne. Sans toucher à l’essentiel, mais en lui ajoutant plus de charme et d’ambiance, tout le projet porté par l’ambassadrice Louise De Sousa s’avère saisissant par son raffinement. La talentueuse Helen Hookway, architecte d’intérieur, a su mettre les lieux au goût du temps, en valorisant la noblesse du site. Elle nous en fera la visite et répondra à nos questions. L’histoire de cette résidence, édifiée au milieu d’un vaste jardin de 2,5 ha, est exceptionnelle. Dans son livre Palais et résidences d’été de la région de Tunis (XVIe - XIXe), publié au Cnrs en 1974, Jacques Revault l’évoque avec force détails. De son côté, et pour y avoir lui-même résidé, l’ancien ambassadeur de Grande-Bretagne, Stephen Day (1987-1992), lui consacre tout un chapitre dans son excellent livre intitulé At Home in Carthage, The British in Tunisia, rédigé conjointement avec sa fille Philppa, publié en 1991 et qui sera réédité.

En attendant de faire plus ample connaissance avec cette résidence dans un prochain numéro, sous la plume de notre spécialiste le Pr Mohamed El Aziz Ben Achour qui a gratifié les lecteurs de Leaders de superbes présentations de palais tunisiens (El Abdellia, la Kasbah, le Bardo...), rappelons brièvement son historique.

Aux origines, le palais Ben Ayed

Jacques Revault écrit : « Après avoir bénéficié, au milieu du siècle dernier, de l’hospitalité momentanée du bey, à la grande Abdalliya (1), le consul d’Angleterre obtint, en 1858, une faveur semblable à celle qui avait déjà été accordée au consul de France, Léon Roches, avec l’octroi d’une résidence de campagne à La Marsa.

Ayant acquis, route de Tunis, un borj appartenant à Abd el-Jlil ben Ayed, Mhamed bey mit ce bâtiment et les jardins qui l’entouraient à la disposition du consul britannique, Richard Wood, afin de lui permettre d’y demeurer l’été, à proximité du palais beylical.

Edifiée, à l’origine, par Mohamed ben Ayed—dont nous connaissons le borj de Gamarth— la maison de plaisance concédée à Wood dut lui paraître insuffisante, dans ses proportions originelles, pour représenter dignement l’un des plus grands pays d’Europe. Il ne pouvait que cette représentation fût inférieure à celle qui avait été généreusement concédée au consul de France. Aussi verrons-nous ajouter aux parties anciennes retenues pour l’installation du logement consulaire, des constructions neuves destinées principalement aux réceptions.

Arrivé à Tunis en 1856, Wood se serait plaint auprès du gouvernement britannique des offres dérisoires par lesquelles on répondait à ses demandes fondées, disait-il, sur des raisons de dignité et de santé (constructions en ruines ou trop exiguës). Aussi Léon Roches se chargea-t-il d’héberger provisoirement son collègue anglais et sa famille dans sa propre résidence de La Marsa puis dans une dépendance de la Chapelle Saint-Louis à Carthage...

Dans une correspondance postérieure à ses fonctions de consul à Tunis (1885-1892), Wood précise les conditions dans lesquelles furent exécutées, suivant ses indications, les nouvelles salles de réception. Financés par le bey (12 000 livres), ces travaux auraient été exécutés par des constructeurs et artisans tunisiens avec probablement le concours d’un entrepreneur italien.

A la suite du Congrès de Berlin (1878) et après l’accord intervenu sur la politique de la France en Afrique du Nord, Wood fut remplacé à son poste de consul en Tunisie par R. Reade (né à l’Abdalliya), fils de son, (Henri Cambon, Histoire de la Régence de Tunis.

Premier coup d’oeil

«Aujourd’hui l’aspect extérieur de la Résidence Anglaise semble être demeuré inchangé depuis le siècle dernier, poursuit l’auteur. En l’absence de tout bâtiment important à cet endroit, cette résidence continue à marquer, avec le Dâr el-Bahri qui lui fait presque face, le début de La Marsa, sur la route de Tunis. Ses hauts murs de clôture blanchis à la chaux, que dépassent les frondaisons des arbres du jardin, s’arrêtent comme autrefois aux deux piliers massifs de la grille d’entrée. Celle-ci laisse apercevoir, bordée d’une double rangée de cyprès, l’allée conduisant à la cour d’honneur qui précède l’élégante galerie surhaussée de la façade principale. Entouré de palmiers et de cyprès, ce rond-point a remplacé par un massif de fleurs le bassin qui devait en orner le centre. Au-delà s’élèvent les escaliers d’accès à l’étage de l’ancien borj, contourné, à l’Ouest, par une allée menant aux jardins, et desservi à l’Est par une porte cochère flanquée de deux hautes niches à fond plat donnant sur le chemin du Consulat.

Comme les autres borj de La Marsa, celui-ci se compose de deux parties superposées : communs formant soubassement et construction surélevée affectée aux appartements (habitation et réception).»

La Reine d’Angleterre, le Prince Charles, Churchill, Eisenhower...

L’ambassadeur Stephen Day, pour sa part, nous révèle d’autres aspects de cette résidence. Il mentionnera notamment comment Sa Majesté royale, la Reine d’Angleterre Elizabeth II, plantera un olivier à l’entrée de la résidence lors de sa visite d’Etat à Tunis en octobre 1980. L’héritier du trône, le Prince Charles, Prince de Galles, y séjournera quatre jours en visite privée en mars 1990.

D’autres illustres membres de la famille royale ont été reçus, tout comme de grands dirigeants politiques et chefs de guerre dont Sir Winston Churchill, le général Dwight David Eisenhower, qui deviendra le 34e président des États-Unis (1953-1961), Lord Harold Macmillan, et les généraux Alexander, Patton et Montgomery...

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