News - 08.10.2018

L'hommage de Aziz Zouhir à Mohamed Ben Smail (Album Photos)

 L'hommage  de Aziz Zouhir à  Mohamed Ben Smail (Album Photos)

Aziz Zouhir avait de nombreux points communs avec Mohamed Ben Smaïl. Ce sont deux hommes d'affaires avisés,  passionnés de tennis et qui vouent un attachement à son bornes à l’Espérance sportive de Tunis qu'ils présideront à quelques années d'intervalle. Il était samedi 6 octobre, parmi les amis du défunt qui avaient assisté à la cérémonie qui s'est tenue à la cité de la Culture pour livrer son témoignage sur le rapport au sport de Mohamed Ben Smaïl et son rayonnement dans ce secteur» :

Karim, Rachid c’est un grand honneur que vous me faites aujourd’hui en m’invitant à rendre hommage à un grand monsieur que j’ai côtoyé, qui m’a beaucoup appris et que j’ai tant admiré.
L’image de Si Mohamed est étroitement liée à l’une des plus belles périodes de ma vie, à savoir ma carrière de sportif.

On a beaucoup évoqué Si Mohamed le journaliste, l’entrepreneur, l’homme politique, mais je voudrai mettre en valeur le parcours de Si Mohamed, l’homme de sport et son rayonnement dans ce domaine.
Si Mohamed était en effet un véritable sportif.

Tout d’abord, par la pratique, il jouait tous les matins au tennis, un sport qu’il vivait intensément. Ensuite par la culture et la passion : il était informé de tous les résultats nationaux et internationaux, connaissait l’historique de tous les champions et suivait même les évolutions en matière de réglementation et d’équipement.
Ce sport faisait partie de son quotidien.

Sportif mais aussi visionnaire.

Il ne s’est pas contenté de taper dans la balle avec ses amis sur les courts du Tennis Club de Tunis. Avec ses conseils avisés, son soutien et l’intérêt qu’il portait aux jeunes joueurs tunisiens, il a véritablement contribué à l’épanouissement de toute une génération de tennismen. Personnellement il n’a cessé de m’encourager et de m’orienter tout au long de ma carrière de joueur. Il était présent dans les bons et les mauvais moments, trouvant toujours le mot juste.Mais beaucoup d’autres jeunes joueurs et d’entraineurs ont également bénéficié de son soutien. Son rêve ? Voir des tunisiens accédaient à un classement mondial.

Il ne s’est pas contenté de mots, il avait aussi des projets.

Si Mohamed était un avant-gardiste et cultivait un grand rêve sportif : organiser le 1er tournoi de tennis professionnel au Maghreb, et contribuer ainsi à l’éclosion de champions. Un rêve qui semblait fou au départ, compte tenu des contraintes financières, mais surtout du scepticisme des instances internationales qui rechignait à confier un tournoi professionnel à des novices. Mais si Mohamed s’est battu, y a cru, a convaincu, eta concrétiséson rêve que nous continuons de perpétuer plus de 30 ans après :Le Tunis Open.

Le succès de l’organisation a été tel, que des fédérations étrangères, espérant nous emboiter le pas,sont venus à Tunis apprendre de ce fin organisateur comment réussir un tournoi pro.
Si aujourd’hui, nous tunisiens, avons la chance de voir à quelques jours d’intervalle,Ons Jabber éliminer la numéro un mondiale, et Malek Jaziri damner le pion au numéro 5 et grand espoir allemand, c’est aussi un peu grâce au rêve et à la persévérance d’un homme, qui a été l’un des premiers à croire en cette discipline, en œuvrant sans relâche pour que notre drapeau puisse flotter au-dessus de Rolland Garros et de l’US Open.

Il m’a fait l’honneur de me prendre à ses côtés dans le comité d’organisation du Tunis Open,et à son contact, j’ai non seulement beaucoup appris, mais j’ai également apprécié ses qualités humaines. Tout se réglait dans le calme et la sérénité.Il avait le souci du détail,savait écouter, le tout avec beaucoup de modestie ettoujours une note d’humour.

Il s’effaçait souvent devant ses collaborateurs pour les mettre au-devant de la scène, et leur permettre de s’épanouir. Il croyait réellement au travail en équipe, et savait pertinemment que chacun avait besoin de son espace pour que se crée une véritable cohésion.

Aujourd’hui encore, dans mon quotidien, j’essaye de m’inspirer de son style.

Si Mohamed reste un exemple pour tout sportif qu’il soit athlète ou dirigeant.

A la veille de son centenaire, l’Espérance va très certainement rendre hommage à ses grands dirigeants et Si Mohamed en fait partie.
Il est bon de rappeler qu’il a pris la présidence du club à un moment très difficile, après la disparition du charismatique président qu’était Si Chedly Zouiten, resté à la tête du club pendant plus de 30 ans.
En 1963 Si Mohamed avait 36 ans et peu d’expérience dans la gestion sportive.Il a tout de même accepté de relever un grand défi,celui de prendre la tête du plus prestigieux des clubs tunisiens.

L’Espérance est une institution qui a toujours véhiculé beaucoup d’émotions et de passions autour d’elle. Sa gestion est un stress permanent, qui nécessite aussi bien des qualités de gestionnaire que de sportif.

Accueilli avec une pointe de scepticisme,il a su admirablement s’acquitter de sa tâche, et obtenir une victoire historique en coupe de Tunisie en 1964, dans une période où la compétition était bien plus équilibrée qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Sa présidence sera marquée per une gestion rigoureuse, une grande discipline dans toutes les sections, et un intérêt particulier accordé aux jeunes.

Il perpétuera ainsi le travail accompli par le bâtisseur du club Si Chedly Zouiten.

Le jour où j’ai eu l’honneur de me retrouver à ce poste, je me suis adressé à lui pour avoir ses conseils et ses recommandations. J’étais stressé par la responsabilité, mais il a su trouver les mots pour me rassurer, me rappelant que j’avais les capacités pour réussir. Il avait insisté sur le fait de garder toujours à l’esprit la dimension sociale du club, et d'en tenir compte lors des prises de décision.

O combien ce conseil avisé m’a été utile par la suite.

J’ai voulu par cet hommage éclairer une face moins connu de ce grand homme au parcours multiple.

Merci Si Mohamed,
Le journalisme, la culture mais aussi le sport vous doivent beaucoup.

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