News - 04.10.2018

Mohamed Larbi Bouguerra: Le prix Nobel de chimie 2018 est un ardent défenseur de la cause palestinienne

Mohamed Larbi Bouguerra: Le prix Nobel de chimie 2018 est un ardent défenseur de la cause palestinienne

Le Prix Nobel de chimie 2018 a été attribué mercredi 3 octobre 2018  à l’Américaine Frances H. Arnold (Caltech, Pasadena, Californie), à George P. Smith (EU) et à Sir Gregory Winter (Université de Cambridge, GB).

A noter que la première moitié du prix (430 000€) revient à Frances H. Arnold, honorée pour ses travaux sur l'orientation de l'évolution des enzymes, des protéines qui accélèrent (catalysent) les réactions chimiques chez  les organismes vivants. Elle a permis aussi «de produire des combustibles renouvelables pour un secteur du transport plus vert» écrit le comité Nobel.
France H. Arnold est la cinquième femme au monde à recevoir le prix Nobel de chimie, depuis sa création en 1901.

L’autre moitié du prix revient à George P. Smith et Gregory P. Winter, pour leurs travaux sur "la présentation des peptides et des anticorps sur un phage". Un phage est un virus qui peut infecter une bactérie. Ils ont ainsi été en mesure de produire des protéines à des fins thérapeutiques voire industrielles.

Un chimiste engage pour la libération de la Palestine

Le professeur Smith (77 ans) enseigne la biologie à l’Université du Missouri à Columbia. Il est actuellement professeur émérite et la prestigieuse récompense vient couronner une vie consacrée à des travaux de grande valeur sur la production d’enzymes et d’anticorps nouveaux. George Smith «compare la recherche d’infimes molécules dans les boîtes de Petri au geste auguste du chercheur d’or.» (Le Monde, 5 octobre 2018, p. 7) Mais le professeur Smith est un homme de science guère intéressé par l’argent ou par l’or. Il n’a jamais cherché à breveter son précieux crible à molécules. Il n’est guère étonnant alors qu’il soit un militant engagé depuis longtemps en faveur des valeurs humaines les plus nobles comme  la cause palestinienne. Il est un ardent promoteur aux Etats Unis du mouvement BDS de boycott de l’Etat sioniste. De ce fait, il est la cible d’une myriade de  groupuscules pro-israéliens aux Etats Unis. Il apparaît notamment sur les publications que vomit le  site «Canary Mission» (Lire Allison Kaplan Sommer, Haaretz, 3 octobre 2018).

Un site ciblant les pro-palestiniens dans les universités Américaines

Ce site clandestin – créé en 2015- publie en ligne des dossiers biaisés sur les enseignants pro-palestiniens des campus américains ainsi que sur  leurs étudiants et les orateurs qui les visitent. Il vise ainsi à gêner les étudiants en recherche d’emploi ou de bourse de doctorat et il  facilite le travail des services de sécurité et d’espionnage  israéliens. Sur la base des données de Canary Mission, l’entrée en Israël a été refusée à de nombreux voyageurs même américains- surtout s’ils sont  d’origine palestinienne. Sans que le Département d’Etat proteste! Cette officine  de délation est financée – secrètement- par la Fédération des Communautés Juives de San Francisco dont le budget annuel est de 100 millions de dollars. Le but : faire taire toute critique d’Israël. (Lire le tweet d’AmericansforPeace relié par l’ancien  journaliste de France 2 Charles Enderlin et le long article très documenté de Josh Nathan-Kazis, Forward.com, 2 octobre 2018).

Le professeur Smith se définit comme un antisioniste et se dit opposé à «la souveraineté ethnique juive sur d’autres peuples.»

En 2015, il a essayé de mettre en place un enseignement (honors tutorial) intitulé: «Perspectives sur le sionisme »  basé sur le livre du grand historien israélien Ilan Pappé: «Le nettoyage ethnique de la Palestine»*. Il voulait ce faisant «mettre fin au régime discriminatoire en Palestine.» Une cabale fédérant les anciens diplomés de l’Université du Missouri, les étudiants pro-Israël et quelques cabinets noirs sionistes a fait capoter le projet.

Ce qui  n’a pas empêché  le professeur Smith de continuer à exprimer  ses opinions anti- occupation et pour la libération du peuple palestinien. Il ne cesse  d’ailleurs d’écrire sur le conflit israélo-palestinien dans divers organes de presse. En avril 2018, il a publié une opinion dans le Columbus Daily Tribune condamnant l’inhumain siège de Gaza, la plus grande prison du monde aux deux millions de prisonniers étranglés par le  gouvernement israélien. Il fait partie de la «Coalition du Missouri pour le droit au boycott» et est membre de l’association «Mid-Missourians for Justice in Palestine».

Dans cette opinion, il rappelle ces paroles de Moshé Dayan déclarant lors de  l’enterrement d’un Israélien tué par un Gazaoui en 1956: «Sans le casque en acier et la gueule du canon, nous ne serions pas capables de planter un arbre ou de construire une maison. Ne nous laissons pas décourager par la manifestation de  la haine qui enflamme …les milliers d’Arabes qui vivent autour de nous…Ne nous laissons pas décourager par la peur de voir l’épée échapper   de nos mains et que nos vies soient annihilées.»

Concluant son article,  le Professeur Smith affirmait que le mouvement BDS de boycott d’Israël  est «l’appel que lance  la société civile palestinienne à la conscience de la communauté mondiale pour ostraciser le commerce israélien et les institutions israéliennes. Elle appelle Israël à répudier  l’horrible syllogisme de Dayan  et pour que le peuple palestinien – y compris les exilés et les réfugiés- puisse jouir d’une complète égalité avec les juifs,  dans leur maison commune.**»

Mohamed Larbi Bouguerra

(*) «Si la société israélienne était plus laïque, elle serait plus à même de corriger les crimes du passé et ceux du présent» écrit le professeur Ilan Pappé en préface au livre d’Ofrah Yeshua Lyth (L’Humanité, 4 octobre 2018, p. 23)
(**) Ofrah Yeshua Lyth «Pourquoi un Etat juif n’est pas une bonne idée» est un livre qui vient de paraître chez  Scribest Editions. L’auteure affirme qu’ «en Israël, les non-juifs sont indésirables.» Cette ancienne journaliste au quotidien Maariv milite pour un Etat unique démocratique et laïque avec une absolue séparation de la religion et de l’Etat. Fille d’émigrés russes et yéménites, elle est discriminée pour son «arabité»et par son mariage avec un non-juif. Elle analyse la société israélienne dans cet ouvrage. Sa conclusion : sous un vernis laïque et moderne,  le sionisme se nourrit de la religion juive et d’ajouter : «un Etat qui se dit juif ne peut pas être démocratique.» Un livre à ne pas rater!