News - 27.09.2018

Salvini à Tunis : « Nous avons entendu ce que nous voulions entendre, les Tunisiens aussi ! » (Photos et Vidéo)

Salvini à Tunis : « Nous avons entendu ce que nous voulions entendre, les Tunisiens aussi ! » (Album Photos)

Matteo Salvini est rentré jeudi peu après-midi à Rome « très satisfait » de son intense demi-journée passée à Tunis. Entretien de haut niveau avec le président Béji Caïd Essebsi, séance de travail « technique et politique » avec son homologue, Hichem Fourati, et rencontre tôt le matin avec plus de 100 chefs d’entreprise italien : ''l’essentiel pour lui était accompli''. Sur des questions cruciales, de sécurité, de migration, de lutte contre le terrorisme et d'appui financier, mais au sujet de la sortie de crise en Libye, Tunis et Rome ont entendu ce qu'elles voulaient entendre le plus, chacun de l'autre.

Le vice-président du conseil des ministres et ministre italien de l’Intérieur aurait certes aimé passer plus de temps à Tunis et rencontré d’autres dirigeants, notamment le chef du gouvernement, n’était-ce un engagement impératif qui l’obligeait à rentrer tôt à Rome.

« Il s’agit, explique à Leaders une source italienne, d’une réunion des plus importantes du conseil des ministres, puisqu’elle est consacrée à l’examen de la loi de finance pour l’année 2019. En tant que leader de la Ligue du Nord qui incarne avec le Mouvement 5 Etoiles la majorité au pouvoir, il ne pouvait s’y soustraire. Le déplacement à Tunis était prévu de longue date et reporté plus d’une fois pour des raisons d’agenda ici et là. Un entretien avec Youssef Chahed figurait dans l’avant dernière version. La réunion du conseil des ministres, programmée en dernière minute, a contraint Salvini d’écourter sa visite ce qui a été parfaitement compris.

« Il n’y a pas que l’épineuse question migratoire »

D’une même voix, Tunis et Rome insistent pour affirmer que cette visite a été fructueuse grâce au travail préparatoire effectué par la diplomatie des deux pays. Bien que couvrant la question migratoire, ajoute-t-on, cet aspect figurait parmi tant d’autres domaines évoqués, dans un cadre plus large de relations entre les deux pays, de coopération économique, sécuritaire, sociale, culturelle et universitaire, et d’échanges autour de la situation en Libye. Elle a confirmé que ‘’la Tunisie et l’Italie sont liées par une amitié forte et profonde’’.

Cette déclaration de foi réitérée repose en fait sur une sincérité des discussions qui ont eu lieu à cette occasion. « L’entretien avec le président Caïd Essebsi, révèle à Leaders une source proche de Mateo Salvini, a été chaleureux et profond. Comme à son habitude, le président a été très clair et très profond. Rien n’a été occulté, ni d’un côté, ni de l’autre. La grande préoccupation de l’Italie en matière de migration clandestine en provenance des côtes tunisiennes c’est le flux massif qui a pratiquement doublé depuis l’année dernière, atteignant plus de 4500 ressortissants tunisiens. Il s’agit de trouver ensemble des solutions appropriées pour endiguer les départs et des modalités flexibles pour organiser d’un commun accord les rapatriements en Tunisie. »

Un sens élevé de la responsabilité exprimé par la Tunisie et un soutien économique et financier réitéré par l’Italie

« Ce qui a été remarquable, souligne notre source, c’est que la Tunisie a exprimé sa pleine conscience de l’ampleur de ce phénomène et réitéré sa détermination à renforcer sa coopération avec l’Italie dans ce domaine qui ne manque pas de sensibilité sur chacun des deux rivages. Ce sens aigu de la responsabilité et cette volonté bien déterminée, affichées par la Tunisie au plus haut niveau ne font que réconforter la partie italienne. »
De son côté, l’Italie a réitéré son appui au processus démocratique en Tunisie et son soutien dans la mobilisation des financements nécessaires à la résorption du chômage et au développement économique, ce qui contribuera à réduire la migration clandestine et à favoriser la création d’emplois et la croissance. Ce soutien financier sera appuyé tant au niveau de la coopération bilatérale qu’à travers l’appui des demandes de la Tunisie auprès des bailleurs de fonds européens et multilatéraux, notamment le FMI.
Du coup, chaque partie a été heureuse de ce qu’elle voulait entendre de l’autre. La Tunisie : plus et mieux de soutien économique et financier, mais aussi d’appui à la lutte contre la migration clandestine ainsi que contre la contrebande et le terrorisme. L’Italie, une gestion concertée et flexible du retour des migrants clandestins.

Deux patrouilleurs et un système d’identification immédiate des empreintes digitales

Sur le même registre, la séance de travail entre Matteo et Fourati a été qualifiée de très « utile ». De part et d’autre, la volonté de renforcer la coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme a été réitérée. C’est ainsi que deux patrouilleurs de garde-côtes remis à neuf seront bientôt livrés à la Tunisie. Aussi, et afin de faciliter et accélérer l’identification des migrants clandestins et autres, un système de reconnaissance systématique des empreintes digitales sera mis dans les prochaines semaines à la disposition des services tunisiens de la police technique scientifique. A noter que le groupe de travail tuniso-italien en matière de sécurité, groupant notamment des représentants de la coopération internationale, de la Police des Frontières et de la Police technique et scientifiques ainsi que des Affaires consulaires dans les deux pays, s’était réuni le 18 septembre courant à Rome.

En direct avec 100 chefs d’entreprise italiens

La rencontre organisée tôt le matin à la résidence de l’ambassadeur d’Italie, avec plus de 100 chefs d’entreprise italiens a été « un moment exceptionnel » pour eux comme pour Matteo Salvini. Pas moins de 800 entreprises opèrent en Tunisie, dans divers secteurs, totalisant plus de 63.000 employés permanents. Ce fut l’occasion pour le vice-président du conseil des ministres et ministre de l’Intérieur de débattre en direct de la réalité du climat des affaires en Tunisie, de la compétitivité du site, de ses potentialités et des opportunités de développement. Mais, aussi d’écouter des doléances quant aux facilitations souhaitées auprès de l’Administration tunisienne et l’attachement à la sérénité des relations professionnelles. Le message de Salvini a été celui d’encouragement à croire encore plus en la Tunisie et ses potentialités et d’appui aux opérateurs italiens.

« Rien ne saurait perturber une amitié solide et importante »

« Matteo Salvini a emporté de sa courte visite à Tunis le sentiment que les relations tuniso-italiennes sont trop solides et importantes pour qu’elles puissent être perturbées par un mot, un geste ou un incident. Le sens de la responsabilité, l’amitié profonde et le dialogue permanent prévalent et permettent de résoudre tout problème, résume en conclusion, notre source avant de s’envoler pour Rome ».
Taoufik Habaieb
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