News - 20.06.2010

Que faisait Elkabbach avec les patrons de Fitch et du Louvre, ce weekend à Tunis ?

Point de répit quand on poursuit un noble projet. C’est un weekend laborieux, mais aussi, agréable que vient de passer en Tunisie l’équipée menée par Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1), Marc Ladreit de Lacharrière (membre de l’Institut, président de l’agence de notation internationale, Fitch et du Musée du Louvre Abu Dhabi), Henri Loyerette (PDG du Louvre) et Sonia Mabrouk, la journaliste-vedette de la chaîne Public Sénat. Qu’est-ce qui peut réunir ces illustres personnalités et les attirer en Tunisie ? Une conviction, une association et de l’amitié.

La conviction, comme l’explique à Leaders, Marc Ladreit de Lacharrière, l’une des premières fortunes de France (35ème) et du monde, grand mécène du Louvre, mais aussi de la culture et président de la holding Fimalac, c’est que de nombreux musée et lieux de culture exceptionnels, détenteurs d’éléments précieux du patrimoine universel, restent trop peu connus du grand public. Ils  subissent la double injustice de manquer de moyens et d’être méconnus. Ces musées, témoignages des brillantes civilisations méditerranéennes qui ont formé le berceau de l’histoire, pourront être redécouverts et mis en valeur pour un meilleur « vivre-ensemble ». Ainsi naquit l’idée de créer l’Association des musées méconnus de la méditerranée qui a pour but de favoriser le dialogue des civilisations et un rapprochement des cultures entre les deux rives de la méditerranée.

«Ce fut lors d’une réception donnée à l’ambassade de Tunisie à Paris, raconte-t-il. Mon ami et camarade de promotion à l’ENA, Philippe Seguin, m’a présenté Sonia Mabrouk et tous trois avions longuement parlé de civilisations, patrimoine et musées méconnus. Dès le lendemain, nous nous sommes retrouvés et avons commencé à mettre en œuvre l’idée. Le Président Jacques Chirac et son excellence M. Boutros Boutros Ghali, ont vivement manifesté leur intérêt à notre association en acceptant la présidence d’honneur. L’association bénéficie par ailleurs des Hauts patronages de MM. François Fillon, Premier ministre et Fréderic Mitterrand, Ministre de la culture et de la communication.  Le choix de ces musées s’appuie sur un conseil scientifique composé de directeurs de musées des deux rives de la méditerranée et, présidé par M. Henri Loyrette, Président directeur général du Louvre. »

« Le premier test de notre concept,  et de concrétiser notre engagement, poursuit Marc Ladreit de Lacharrière, nous l’avons réservé, naturellement, à la Tunisie. Dès les premiers contacts pris, nous avons été agréablement surpris par un retour très rapide et direct. Un oui, avec la liberté pour l’équipe de choisir le lieu de sa préférence. Ce choix libre, soutenu par ce Oui élevé nous a incité à venir en Tunisie où nous avons bénéficié d’un accueil, comme à l’accoutumée, chaleureux et hospitalier.»

A chacun, son lien avec la Tunisie
Il faut dire que chaque membre de l’équipe est lié à la Tunisie par des liens personnels profonds et solides. Pour Marc Ladreit de Lacharrière, ardéchois, c’est d’abord son aïeul, Pierre, qui occupait une position élevée dans la résidence générale à Tunis au début du siècle. C’est d’ailleurs cet aïeul qui le 11 novembre 1949, ira décorer une pupille de la Nation qui n’était autre que Philippe Seguin, qui  avait perdu son père durant la guerre. Ses deux enfants, y avaient fait leurs études et fréquenté le Lycée Carnot. L’aîné, René, a été le Chef de Cabinet Adjoint du président de conseil, Pierre Mendès-France lors des négociations pour l’indépendance de la Tunisie. Plusieurs fois lorsque les canaux officiels étaient rompus, PMF, connaissant ses sensibilités et amitiés tunisiennes, le chargeait de rétablir le dialogue et il y réussissait.

Le souvenir de cette partie de sa famille en Tunisie est resté fort pour Marc qui depuis son jeune âge s’y était intéressé. Son intérêt s’est accru lorsqu’à l’ENA il rencontrera, orphelin comme lui de son père à 14 ans, son camarade de promotion, Philippe Seguin qui deviendra et restera, toute sa vie durant, l’un de ses meilleurs amis. Un autre camarade de promotion et ami de toujours, Jacques Bille, ancien Conseiller de Raymond Barre et Conseiller-maître à la Cour des Comptes, qui est, sans doute, le plus tunisien des communicateurs français.

Aussi, depuis qu’il est président (2007) du conseil d'administration de l'Agence internationale des musées de France (France Muséums), l’organisme chargé notamment de réaliser le musée du Louvre à Abou Dhabi, il se sent encore plus proche du monde arabe, de sa culture et de sa civilisation.

Pierre Mendès-France est également l’un des liens qui ont rapproché Jean-Pierre Elkabbach de la Tunisie. Le jeune Oranais, monté à Paris et férus de journalisme, était admiratif de PMF et de son œuvre pour la décolonisation. Ce qu’il avait fait pour la Tunisie l’avait marqué, tout comme ses idées innovantes pour la France. Après les indépendances, il a gardé avec lui un contact étroit et ont souvent évoqué ces péripéties. Puis, d’autres relations et amitiés se sont nouées avec des Tunisiens et des amis de la Tunisie et lui ont permis de mieux connaître le pays et apprécier son peuple.

En patron avisé du Louvre,  Henri Loyrette connaît l’importance du patrimoine tunisien et les richesses de nos sites et musées. Carthage, Eldjem, Kairouan et Mahdia, comme Dougga, Suffeitla, Le Bardo et autres lieux, suscitent son grand intérêt.
Quant à Sonia Mabrouk, inutile de dire son bonheur de pouvoir contribuer à édifier ce pont entre sa chère Tunisie natale et la France, pour l’élargir à l’ensemble de la méditerranée.

Une approche bien réfléchie et opérationnelle

Pour revenir à cette passion/ambition commune qu’est de mettre en valeur des musées méconnus mais exceptionnels, elle consistera essentiellement en la création de supports multimédia qui font sévèrement défaut, la création de supports en ligne à travers un portail dédié sur internet, la réalisation de documentaires qui seront mis à la disposition des télévisions mais aussi des institutions éducatives et la mise en réseau des « musées méconnus »

«Une fois mis en valeur, tous ces musées et lieux de culture, souligne à Leaders Sonia Mabrouk, offriront une chance supplémentaire et inédite à un dialogue Nord – Sud plus équilibré.

Connaître et reconnaître un passé commun entre les pays riverains permettra de mieux se comprendre.»

Et c’est le but recherché comme le rappelle Marc Ladreit de Lacharrière : «l’ambition de notre association vise à remettre la culture au centre du dialogue entre les pays du Nord et du Sud, et d’appréhender l’avenir avec confiance. » C’est en effet sa forte conviction.
 

Outre ses multiples fonctions professionnelles à la tête de Fimalac et en tant qu’administrateur de grands groupes (Renault, Casino, L’Oréal…), il se dédie à nombre de grands projets leur apportant son mécénat généreux et son implication personnelle. Directeur de la revue intellectuelle française La Revue des Deux Mondes et mécène du musée du Louvre, il a été élu à l'Académie des Beaux-Arts en 2006 et a créé la Fondation Culture & Diversité. Celle-ci a pour mission de mettre la culture, les arts et les pratiques artistiques au service de la cohésion sociale et de l'égalité des chances pour les jeunes de l'éducation prioritaire. « Aucun directeur de musée en France n’est issu de la diversité. Parce que les études sont poussées et coûtent cher, nous dit-il. En créant l’Ecole du Louvre et en encourageant les jeunes à y accéder, nous pourrons promouvoir les talents. »

L’Oranais, l’Ardéchois et la Tunisienne

Dans cette nouvelle association des musées méconnues de la méditerranée, la contribution d’une grande personnalité des médias, comme Jean-Pierre Elkabbach est précieuse. Tant pour faire porter le projet, solidement mis au point par les spécialistes et à leur tête le patron du Louvre, que pour lui donner toute la dimension internationale et médiatique qu’il mérite.

L’Oranais, l’Ardéchois et la Tunisienne, sauront rallier autour de leur entreprise civilisationnelle méditerranéenne, de nombreuses bonnes volontés issues des deux rives et de toutes les sensibilités. Prochaine étape : le choix du lieu retenu en Tunisie et le démarrage au concret.

« A très bientôt, oui très bientôt, nous lance Marc Ladreit de Lacharrière, avant de se glisser dimanche dans le jet qui le reconduit et son équipe à Paris. » Rendez-vous est pris.