News - 27.08.2018

Ces jeunes tunisiens qui brillent au Sommet de Lugano

Ces jeunes tunisiens qui brillent au Sommet de Lugano

Ils s’appellent Maher, Amina, Molka, Sofiane, Zeineb, Nouha, Yosr et Youssr. Ils ont tous entre 24 et 32 ans, ont réussi leurs études supérieures en Tunisie et/ou à l’étranger et commencé une carrière professionnelle prometteuse. Activement investis dans la société civile, ils ont été sélectionnés pour participer au Sommet de Lugano 2018, des jeunes de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Tout au long des dix jours du Forum qui a précédé le Sommet, avec près de 150 autres de leurs pairs venus de 30 pays, ils n’ont cessé de débattre, d’échanger, de confronter leurs expériences. Quitte à perdre nombre de leurs illusions avant d’aboutir à des initiatives à même de fonder une part de l’avenir. Ils se distingueront davantage au cours des séances plénières du Sommet, au Palais de Congrès, en participant aux panels de discussion et interpellant, par des questions pertinentes, les ministres, ambassadeurs, penseurs, et autres chercheurs intervenants.

Ravis de les rencontrer, les officiels tunisiens délégués au Sommet ont eu un vrai moment de bonheur à s’entretenir avec eux, sans langue de bois, en totale interaction. Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abbassi, le premier conseiller auprès du président de la République, chargé de la Sécurité nationale, Kamel Akrout, le Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, Sabri Bachtobji et l’ambassadeur de Tunisie à Berne, Mourad Bourehla ont prêté à ces jeunes une écoute attentive.

Maher Bayahi, 32 ans, était banquier à la City, Londres, spécialisé en private equity. Janvier 2011 sera un grand déclic pour lui. Il revient en Tunisie, rejoint MG, la chaîne de grande distribution, au département des ressources humaines où il considère qu’il peut être le plus utile. La fibre sociale et la volonté de servir l’emportent en lui au business. La grande propre interrogation qu’il se pose à chaque réveil : Comment pourrais-je être utile, à ma communauté ? Mûri par ses années au cœur de l’action en Tunisie, il affirme humblement, comme le pensent nombre de ses pairs : ‘’On est prêt à prendre le relais, en tant qu’acteurs de changement. Mais aussi à tisser le nécessaire et enrichissant lien générationnel.’’

Amina El Abed, est diplômée en Administration des Affaires (MSB) et en Relations diplomatiques (Mastère à Birmingham). Elle a notamment été auditeur interne en Chine. De retour à Tunis, elle a créé un cabinet international de conseil en stratégie, spécialisé dans la communication, la gestion de la réputation, la communication de crise, la prévention de l’extrémisme et de la radicalisation des jeunes. Ses clients sont des gouvernements, des organisations régionales et internationales, des centres d’étude et de recherche… Fière de ses origines tunisiennes ancrées à Nefta, dans le Djérid, Amina nourrit un grand projet pan-régional : réconcilier les jeunes avec leurs gouvernements, ‘’c’est-à-dire, les gouvernements avec la jeunesse de leurs pays’’, précise-t-elle.

Molka Abbassi, enchaine les diplômes et les pays d’études, puis de travail. Diplômée de l’IHEC Carthage, elle partira aux Etats-Unis, décrochera un mastère en Economie de Développement en Angleterre, approfondira ses études économiques à HEC Lausanne et sera accueillie en stagiaire à l’OCDE. Mais, c’est au Bureau international du Travail (BIT) à Genève qu’elle s’investit actuellement, en collaborant sur une grande étude à base de statistiques et de veille mondiale. ‘’De là où je suis, j’essaie d’incarner au mieux ma tunisanité, ma Tunisie, dira-t-elle. Bientôt, Molka Abbassi ira s’installer à Dubaï, au sein d’un grand cabinet international de conseil en stratégie. ‘’Mes choix essayent d’être raisonnés, lâche-t-elle, en toute modestie. Mon fil directeur est en fait d’acquérir le maximum de connaissances (knowledge) et de connaissances (network)… pour les mettre au service de la Tunisie quand j’y reviendrai, ce qui ne saurait tarder.’’ Avec un CV bien riche et un carnet d’adresses qui s’épaissit, Molka El Abbassi fera le bonheur des chasseurs de tête, pouvant lui garantir des packages annuels des plus attractifs dans de prestigieuses multinationales. Mais, son ambition est autre : ‘’La Tunisie, et l’Administration publique !’’ confie-t-elle en toute abnégation. Une leçon de conviction et un message d’espoir.

Sofiene Marzouki, 28 ans, est exceptionnel. Il a déjà créé un business incubateur à Niamey, puis son entreprise à Accra (Ghana), lancé une compagnie d’importation et de distribution de riz au Niger et bientôt en Côte d’Ivoire, contribué au développement de Jumiya en Egypte et le voilà maintenant en Tunisie depuis 18 mois. Sans cesser de développer son portefeuille d’affaires. Né aux Pays-Bas où sa famille avait émigré, il y suivra ses études puis les continuera au Norvège. A 16 ans seulement, il avait commencé à importer des produits à partir de la Chine pour les revendre en Hollande. Mais, c’est à l’âge légal de 21 ans, qu’il établira officiellement sa première expérience. Pourquoi ce retour en Tunisie, et pourquoi en ce moment, précisément ? Sofiane laisse parler son cœur et son intelligence. ‘’C’est un moment exceptionnel. Je dois y être !’’. Le choix d’un vrai ‘’Change-Maker’’.

Zeineb Chaouch a 24 ans et la passion du théâtre dans les gènes. Après une licence en Droit à la faculté des Sciences juridiques, elle est en 2ème année de mastère. ‘’En fait, tout se marie en moi : les arts et le droit, la société civile et plus tard la carrière professionnelle, le présent et l’avenir’’, nous confie-t-elle. Lugano sera pour elle son premier voyage à l’étranger, et une grande opportunité de ressourcement et de networking. ‘’Vous ne pouvez pas imaginer combien tous ses contacts et ces échanges sont stimulants pour moi’’, s’exclame Zeineb, la tête pleine de projets.

Nouha Belaid, diplômée de l’IPSI est journaliste, communicatrice et consultante. Son parcours universitaire et professionnel s’est croisé entre la Tunisie, la France, le Canada et d’autres pays. Très active dans les réseaux associatifs, elle s’implique dans les projets et débats sur les nouveaux médias et les enjeux de la communication. Là où elle va, elle n’oublie jamais de porter autour du cou une khomsa tunisienne, insiste-t-elle.

Yosr Belkhiria, 28 ans, est journaliste à l’Agence Tunis-Afrique Presse (TAP), après une première expérience à La Presse, dans la version électronique La Presse News. Parallèlement à une thèse de doctorat qu’elle s’apprête à finaliser et soutenir, elle s’implique dans l’associatif. Ses années d’études à Grenoble lui avaient déjà montré la voie. Mais, le contexte tunisien lui offre à présent des opportunités exceptionnelles d’accomplissement personnel… au service des autres.

Yosser Belguith, 24 ans, originaire de Sidi Makhlouf à Médenine est déjà une icône dans le Sud tunisien. Après des études en Business Administration et marketing, elle se décidera à s’établir à Médenine pour y ouvrir le premier coworking center. Tous l’en dissuadaient, mais sa détermination l’a emporté. Le succès n’a pas tardé à poindre. Et la voilà rayonnante de bonheur, partageant son expérience dans de nombreux forums où elle est sollicitée à l’étranger, et surtout à l’affût de nouveaux projets. Allier business et service à la communauté, les jeunes entrepreneurs de surcroît, est pour Yosser Belguith plus qu’une véritable vocation, une mission.

Ils sont dans les nouveaux codes

Huit profils en mosaïque dessinant les contours d’une nouvelle jeunesse tunisienne qui émerge, s’impose et promet. Ce qui les distinguent le plus, c’est ce degré de maturité dont ils font montre, leur modestie naturelle et leur volonté d’être utiles aux autres. Réussir pour eux n’est pas de se mettre sous les feux de la rampe, de gagner de l’argent et d’occuper de hautes positions professionnelles et sociales, mais de servir. Un autre mental qui rompt avec l’état d’esprit de nombreux jeunes leaders éblouis par les golden boys & girls. Ils sont dans les nouveaux codes, ce qui seront les plus profitables à la Tunisie. Lugano a le mérite de les révéler.

Taoufik Habaieb, envoyé spécial de Leaders à Lugano (Suisse)