News - 16.08.2018

Mohamed Ben Smaïl : l'hommage de Jean Daniel et d'Amena et Afif Ben Yedder

Témoignage

Jean Daniel: Un sens de la jovialité  et de l’ironie

Cette époque dont vous rappelez le nom, à savoir le Maghreb Circus, est chère à mon cœur, bien que ce soit celui d’un vieillard qui prétend travailler encore. Mohamed Ben Smail avait un sens de la jovialité et de l’ironie qui faisait notre joie. Il était volontiers sarcastique avec moi, et je le méritais bien.

Emena Ben Yedder Une vie lumineuse

Je savais si Mohamed bien malade, et cette maladie dont il était atteint ressemble plutôt à une vengeance des dieux a l’encontre de ceux qu’ils ont paradoxalement bénis d’une intelligence et d’un esprit exceptionnels.

Cette intelligence exceptionnelle Si Mohamed l’avait, mais parée d’une profonde humanité et d’une émotion et empathie rares.

Pour moi, il était un maître et un sage que j’ai toujours écouté avec une grande attention et un égal plaisir. On devinait à la façon lente de sa parole et des pauses qui ponctuaient son discours le mouvement de sa réflexion.

Il avait le respect sacré du verbe, des mots toujours méticuleusement choisis. Même s’il se défendait de l’être, il était un écrivain en déni d’un talent que, par modestie et  humilité, il refusait d’accepter. Nous privant ainsi de l’écrivain et du penseur. Peut-être que les quelques courtes notes écrites au hasard d’une inspiration ou d’une réflexion sur l’événement seront un jour réunies et publiées par tes soins.
Un dernier hommage à son talent. Aussi triste que soit son départ, la mort l’aura rendu à lui-même. Cette maladie n’aura été qu’une douloureuse pause à une vie lumineuse.

Afif Ben Yedder: C’est un géant qui vient de disparaître

Il a été un grand frère pour moi. Et pour Emena.

Il nous a pris en sympathie.

On faisait un peu partie de la famille.

On l’a connu à Rome et à Tunis.

C’était quelqu’un de lumineux et plein de charme.

Il avait une plume remarquable, une très belle écriture.

Il nous a introduit à son cercle d’amis et nous a fait découvrir plein de choses.

Il était génial et j’avais une admiration sans borne pour lui.

Il a été un guide et un ami.

Je suis tombé sous le charme d’un homme absolument exceptionnel.

Il a profondément marqué ma vie et je garde de lui des souvenirs impérissables.

Il a choisi un métier passionnant et difficile et a été le plus grand éditeur de toute la région. Il a brillamment réussi malgré la petitesse d’un marché qui n’était pas porteur. Grâce à son immense talent et à sa débordante créativité.

Vous avez su reprendre le flambeau malgré tous les obstacles. Et c’est tout à votre honneur.

Si Mohamed était Djerbien dans l’âme, pétri de culture et d’humanité.

C’est un géant qui vient de disparaître.

Nous sommes tous des orphelins. On a beaucoup de peine et de chagrin.

On l’aimait beaucoup. On l’adorait.

Il laisse un très grand vide.

Allah Yarhamou.

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