News - 01.08.2018

Tunisie: Professeur Dziri, vous incarnez l'exemplarité

Tunisie: Professeur Dziri, vous incarnez l'exemplarité

Ce 1er aout, c'est le couronnement d'une longue carrière de chirurgie, de pratique médicale, d'éthique, de pédagogie et d'enseignement d'un monument de la chirurgie tunisienne.

40 ans, excusez du peu, à transmettre le savoir, le savoir-être et le savoir-faire, le savoir-vivre, le vivre pour autrui, à publier, à édifier la renommée d'un service de chirurgie qui n'a jamais si bien porté le doux nom de "Beauséjour".

40 ans de chirurgie sans Activité Privée Complémentaire, entièrement consacrées au salut de l'hôpital public, des malades et des élèves. A ce stade, ce n'est plus une carrière de chirurgien, mais de militant en chirurgie.

De mon passage de jeune externe au sein de votre équipe, je garde les réflexes, les traces indélébiles, comme un tatouage dans l'âme, comme une signature dans l'attitude. Après un passage, si bref soit-il, dans votre institution, on sort quelque part, un peu chirurgien malgré soi.

Dans ce noble métier, il y a des leaders, des écoles prestigieuses, des monstres sacrés, le Panthéon des maîtres, ceux qui inspirent et suscitent les vocations. Vous en faites partie. Au-delà du chirurgien, on a connu l'homme, le père et l'ami. Le sentiment d'appartenance que vous avez créé au sein de votre équipe, des jeunes et des moins jeunes, vous savez bien que ça ne court plus les rues. Unis par les liens sacrés du scalpel, de la rigueur scientifique des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire et de l'Evidence Based Medicine.

Plein de souvenirs. Des flashs: un staff, une salle archicomble et un silence religieux. Répétez après moi les jeunes : "Ne jamais prescrire d'antibiotiques pour une douleur anale fébrile !" Entendu. "Toujours se méfier d'une douleur de la fosse iliaque droite." Compris. "To publish or to perish." On essaiera. "Apprenez à maîtriser l'anglais. Sans anglais, vous ne pouvez pas progresser." D'accord. "Quand je dis se raser la barbe quotidiennement, ça ne veut pas dire la veille au soir mais le matin même !" On acquiesce. "Soigner toujours son écriture. Observation soignée mais quand-même quelques remarques." On les gardera précieusement. "Un médecin n'est jamais fatigué, il peut tomber malade, être dans le coma, mais un médecin n'est jamais fatigué !" Silence. "Pour être un bon médecin, il n'y a pas de secret. Beaucoup lire et surtout, être le premier à arriver à l'hôpital et le dernier à le quitter, tous les jours." Parfait.

Au revoir Professeur Chadli Dziri ! cet hommage vous est destiné. Vous méritez amplement un repos d'après-guerre. Un droit à la retraite acquis au prix du dévouement sans failles, pour tous les nuages qu'il reste à respirer, pour toute la littérature qu'il reste à rédiger.

On attend souvent la disparition des grands Hommes pour leur dire sa reconnaissance. Quelle fâcheuse manie ! Il est beaucoup plus élégant et légitime, de vous  dire merci, de votre vivant, au nom de toutes les générations marquées de votre empreinte, à l'aube d'un jour nouveau, d'une nouvelle carrière, pour laquelle on vous souhaite rien moins que tout le bonheur du monde, de continuer à faire ce que vous menez si bien, la noble mission de transmettre le savoir et la soif de connaissances.

Continuez cher maître, à incarner l'exemplarité, à inspirer les générations à venir. Ce 1er aout n'est pas la fin. «Ce n'est même pas le commencement de la fin. C'est la fin du commencement» (Churchill).

Khalil Béhi
(Résident en 4e année oncologie)

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