News - 14.07.2018

Démission acceptée : Pourquoi Mehdi Ben Gharbia a quitté le navire (Exclusif)

Démission acceptée : Pourquoi Mehdi Ben Gharbia a quitté le navire

« Je ne peux pas continuer à subir cet état de déliquescence, sans réagir. Je veux reprendre ma liberté pour défendre mes idéaux et mes positions, m’affranchir du devoir de réserve, pour continuer le combat politique que j’ai engagé depuis l’âge de 13 ans. C’est pourquoi j’ai remis ma démission au chef du gouvernement » C’est ce qu’a expliqué Mehdi Ben Gharbia à Leaders après l’annonce par vidéo de son départ du gouvernement. Ministre chargé des Relations avec l’Assemblée des représentants du peuple, et comptant parmi la garde rapprochée du Youssef Chahed, il affirmé qu’il ne s’attachait pas au poste et qu’il continuait à apporter son soutien au chef du gouvernement.

La Kasbah a confirmé la présentation de la démission et son acceptation. Sacrifié pour apaiser des tensions ou lancé en tête de pont en prévision de la création d'un parti pour les élections de 2019 ? Ceux qui connaissent bien Ben Gharbia depuis ses années Ennahdha, PDP, Al Jomhoury et autres, savent qu'il n'est pas homme à baisser les bras aussi facilement."il a toujours un Plan B", commente un de ses amis.

Résolu depuis des mois déjà

« Je m’y étais résolu depuis longtemps, déclare Mehdi Ben Gharbia à Leaders, mais je m’étais dit qu’il fallait attendre la tenue des élections municipales. Puis la tourmente qui s'est déclenchée contre Youssef Chahed s'est amplifiée. Je ne pouvais pas le lâcher en pleine zone de turbulences. Ma démission était prête et je voulais l’annoncer dès le début de la semaine dernière. L’attentat terroriste d’Aïn Soltane, survenu dimanche m’a incité à reporter de quelques jours cette annonce. Aujourd’hui, le moment me paraît venu pour l’acter. »

Dans sa vidéo, relayée par les services de la Kasbah, Mehdi Ben Gharbia tient une profession de foi en termes à peine voilés: l’atmosphère délétère et irrespirable, le sens du devoir, l’impératif des réformes… Il dénonce les cabales, l'hypothèque lancée contre le gouvernement, la subordination de toute avancée au le changement du gouvernement. Et de réitérer ses remerciements à Youssef Chahed, à ses collègues membres du gouvernement et à ses équipes. Sans lâcher prise, il affirme clairement qu'il prend acte pour l'avenir. Son propre avenir politique, sans doute en se ménageant un rebondissement personnel, à attendre.

En quittant le navire, Mehdi Ben Gharbia dont le départ est réclamé par les détracteurs de Chahed facilite la tâche du chef du gouvernement et lui enlève une épine du pied. Elle ne fait qu’accélérer le remaniement ministériel qui n’a fait que trop durer, surtout après le limogeage du ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem, il y a cinq semaines, le 6 juin dernier, et la désignation du ministre de la Justice, Ghazi d’assurer son intérim.

Avec ce qui se passe au sein de Nidaa Tounès et les manœuvres politiques de Chahed pour s’assurer la majorité requise pour garantir l’investiture de son nouveau gouvernement par l’Assemblée, l’actualité politique prend un coup d’accélérateur en cette trêve estivale. A suivre.