News - 20.06.2018

Tunisie - Complot, nominations et résidence surveillée : les explications de Ghazi Jeribi

Complot, nominations et résidence surveillées : les explications de Ghazi Jeribi

Rien pour le moment ne constitue des faisceaux d’indice sérieux quant à l’éventualité d’une tentative d’un coup d’Etat, aucun élément crédible n’est fourni à ce sujet. Le mouvement opéré dans les corps de la Sureté nationale et la Garde nationale ainsi que les nouvelles nominations ne font que pourvoir des postes restés vacants parfois depuis jusqu’à 3 ans.  Le tout ou presque, à 95%, a été décidé sur la base de propositions des directeurs généraux concernés. Aucune personne suspectée d’implication dans une affaire de malversation ne fait actuellement l’objet d’une assignation en résidence surveillée ! D’un seul coup, Ghazi Jeribi, ministre de la Justice et de l’Intérieur par intérim, apporte ses explications pour balayer tant de rumeurs.

Taiseux de nature ou, du moins, la parole rare, il s’est finalement résolu à quitter le mutisme qu’il s’est imposé depuis sa nouvelle mission d’intérim, réservant mercredi matin ses propos à Wassim Ben Larbi sur Express Fm. Juriste de formation, ancien président du Tribunal administratif, puis du Haut comité de contrôle administratif et financier (HCCAF) et ministre de la Défense (2014), Jeribi s’attache à toujours incarner le sens de l’Etat et à respecter la loi. « Mes prérogatives, je les exerce pleinement, en mon âme et conscience. J’ai appris à le faire dans les différentes fonctions auparavant assumées et je ne déborde pas sur celles des autres, précisera-t-il, sur un ton ferme pour positionner ses propos ». 

Nominations

« En arrivant au ministère de l’Intérieur, expliquera-t-il, je me suis réuni avec tous les directeurs généraux un à un et leur ai demandé entre autres questions posées s’ils ont des postes vacants qu’il urge de pourvoir. Le nombre a été de près de 200, plusieurs fonctions étaient assumées par intérim ? Des promotions n’étaient pas décidées. C’est du ressort du ministre de l’Intérieur. Un ministre intérimaire n’est pas dans un statut d’expédition des affaires courantes, je me devais d’y parer, au plus vite, en invitant les directeurs généraux à me soumettre leurs propositions. C’est ce qui a été fait. Ils connaissent bien leurs équipes et sont en mesure de faire de bon choix. L’ultime décision me revient. En procédant aux vérifications et recoupement d’usage, j’ai pratiquement entériné 95% des propositions, n’intervenant que dans 5% au plus dans ces nominations. »

Complot

Sur le prétendu complot insinué par les réseaux sociaux et des médias, Ghazi Jeribi reste dubitatif. « Rien ne m’est en possession quant à des évidence, affirmera-t-il. Nous suivons avec attention les faits rapportés, sans pour autant en saisir le parquet. Nous n’allons pas le surcharger de dossiers non-avérés ou incomplets, plaidera-t-il. »

Résidence surveillée

Sur l’assignation en résidence surveillée, le ministre de la Justice et de l’Intérieur par intérim est affirmatif. Tout est règlementaire, sur la base de la loi du 26 janvier 1978, à ce jour en vigueur. Maintenant, si ses dispositions sont révisées, elles seront appliquées, dira-t-il en substance. Au passage, il rappellera que des décisions d’assignation en résidence surveillée avaient été signées par le ministre de l’Intérieur limogé, Lotfi Brahem. Pas de surenchère donc à ce propos. Mais, pour bien clore le dossier, Ghazi Jeribi affirmera qu’aucune personne n’est actuellement en résidence surveillée en rapport avec un dossier de malversation. Et, les autres ? lui demandera Wassim Ben Larbi. Le ministre se gardera de préciser le nombre de concernés, en liaison avec le terrorisme.
Les clarifications apportées sont utiles et nécessaires. Il n’est pas facile d’introduire de la transparence, ne serait-ce qu’à petites doses, au ministère de l’Intérieur, sensibilité particulière l’exige. Le biais récemment éprouvé, c’était l’autopromotion à coup de pages facebook sponsorisés. Un devoir de communication s’impose, sur un ton mesuré et dans la préservation des secrets de l’Etat.
Si Ghazi Jeribi serait appelé à prolonger son séjour intérimaire au ministère de l’Intérieur, où encore, à s’y installer à plein temps dans un nouveau gouvernement, il doit porter son attention sur cette délicate question de la communication.