News - 28.05.2018

Enfants Contestés: un drame pour les enfants et les parents

Enfants Contestés: « Nos enfants ne sont pas notre propriété »

Une mère kidnappe ses deux enfants. Un père se sauve aves ses deux enfants, de tels titres sur les journaux font les scoops et la fortune des médias.
L’histoire de l’arrestation à l’aéroport Tunis Carthage de la maman allemande qui tentait de faire ramener ses enfants avec elle en Allemagne sans l’accord du père, interpelle tous les couples mixtes, cela fait mal au cœur car c’est toujours l’histoire d’un échec.

Il faut garder à l’esprit que c’est avant tout un drame familial. Les mariages mixtes qui commencent par une histoire d’amour, un rapprochement entre les cultures malgré les frontières et finissent mal, occultent toutes les unions réussies. Plus qu’ailleurs c’est les enfants qui dans tous les cas font les frais de la séparation avec de graves conséquences sur leur développement psychologique comme l’affirme la recherche scientifique parue en 2016 sur la revue «international» “HealthPsychology Open”. Il est admis que le problème de divorce n’est plus un sujet d’exclusif d’intérêts juridiques ou sociaux mais aussi de santé publique.

En Europe dés qu’on aborde la question des enfants contestés on pointe immédiatement du doigt les musulmans. Pour les populistes c’est du pain béni mais ceci n’empêche que chacun doit assumer ses responsabilités dans pareilles situations. Le dernier cas en Italie remonte au mois dernier. Le 28 avril, un père rentre en Tunisie avec ses deux enfants en laissant passeports et documents à la maison. Glaçant ! Quels risques a-t-il fait courir à ses enfants en traversant les frontières et la Méditerranée clandestinement?

D’après le journal italien Il Sole 24 Ore du 20 février 2018* les cas d’enfants contestés en Italie est en augmentation. Ils sont 241 en 2017. Heureusement, ils ne sont pas en majorité tunisiens, en première place apparait la Roumanie en second l’Espagne. Ceci ne veut pas dire pour autant que le problème n’existe pas.

Le 10 juillet 2017, la Tunisie a adhéré à la convention internationale de La Haye du 25 octobre 1980 sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants  «convention  à propos des mineurs contestés. Cette convention est entrée en vigueur le 30 mars 2018**, le bureau permanant a félicité la Tunisie en affirmant qu’il s’agissait d’un pas historique. Il s’agit d’une convention qui cherche à protéger l’intérêt des mineurs et de leur faciliter le retour à leur état de résidence auprès du parent auquel ils étaient soustraits sans tenir compte à ce stade du mérite pour l’attribution définitive de la garde du mineur. L’État tunisien s’est engagé à faciliter la coopération administrative toujours dans l’intérêt des enfants mineurs.

Si le nombre de cas officiels n’est pas important, chaque cas est un drame aux conséquences incalculables pour les enfants et pour les parents.

Parce que c’est un drame nous devons avoir le courage d’en parler. Peu veulent en parler car il est sous tendu par d’énormes tensions culturelles et religieuses. Les jeunes époux évitent au début de leur union d’aborder ces questions. Chacun espérant qu’avec le temps il arrivera à convaincre le conjoint. Un prénom, une circoncision, les séjours en été dans le pays sont les premières sources de tensions. Ce n’est pas de l’insouciance ni de la légèreté. Ces tensions religieuses et culturelles sont très présentes dans tous les esprits. Nous sommes conscients qu’il faut oser les aborder en toute franchise. Il ne faut pas dissimuler ou mentir un jour ou l’autre ils se poseront. L’intérêt des enfants, leur innocence, leur souhait de grandir en bâtissant leur propre personnalité nous imposent de prendre nos responsabilités.

“ Nos enfants ne sont pas notre propriété” a écrit Gibran Khalil Gibran, j’ajouterai qu’avoir des enfants est un projet de deux individus qui s’aiment. Quand ils sont de deux pays différents, de cultures différentes, de religions différentes il faut qu’ils acceptent que leurs enfants soient d’une troisième culture qui n’est ni celle de la mère ni celui du père. Je reste persuadé que c’est une chance pour eux !

* http://www.ilsole24ore.com/art/commenti-e-idee/2018-02-17/aumentano-figli-contesi-italia-e-estero-mille-quattro-anni--135846.shtml?uuid=AE45BYzD
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https://www.hcch.net/fr/news-archive/details/?varevent=599

Dr Mohamed Adel Chehida