News - 04.04.2018

Salah Zghidi, une icône du mouvement étudiant tunisien

Salah Zghidi, une icône du mouvement étudiant tunisien

Si le militant Khemais Chammari et ses camarades du groupe « Perspectives » sont des figures emblématiques du mouvement étudiant tunisien, Salah Zghidi en est l’icône.
Omniprésent à toutes les joutes oratoires, il était là, à la faculté des lettres du 9 Avril, le 15 Mars dernier pour apporter son témoignage des événements qui s’y déroulèrent  il ya cinquante ans, jour pour jour.
A la tribune en compagnie précisément de Khemais, Lamine Zgolli, moi-même et Abdelkrim Gabous qui présidait la séance mémorielle, Salah ne se départit pas de sa fougue d’éternel combattant pour la liberté de pensée.

Meneur acharné de la première « intifadha » estudiantine contre le despotisme-fût-il éclairé !-Zghidi, aguerri après un demi-siècle de lutte, nuança certes ses propos mais ne renia rien de son parcours pour lequel il a dû subir le bannissement et l’emprisonnement.

Il est passé, comme ses pairs, par la case des geôles du ministère de l’intérieur et de la maison d’arrêt, dite civile, aujourd’hui rasée.

Demeure la blessure d’avoir était poursuivi, pourchassé, martyrisé, pour avoir exprimé une opinion contraire à celle des  dominants.Décidément, ceux-là ne pouvaient faire leur la fameuse sentence de Pascal : « le contraire d’une vérité n’est pas une contre-vérité ; c’est une autre vérité ».

Salah, avec lequel j’évoquais nos débats, à fleurets mouchetés, dans l’enceinte du 115 boulevard Saint Michel à Paris, a rappelé en ce jour anniversaire dans son ultime message à la postérité, la communion à Mahdia en 1969 lors du 17ème congrès de l’UGET entre les destouriens et les étudiants de gauche. C’est  à cet accord historique que je dois mon élection à l’unanimité en tant que secrétaire général de l’Union.

Ce syndicat, dont les origines remontent aux prémices de la révolution de 1952, a été le creuset de nos volontés inébranlables de jeunes tunisiens, avides de progrès et de prospérité.

Nous y avons passé, en compagnie de centaines d’autres camarades, les plus belles  années de notre vie.
Une vie, par définition, courte et évanescente. Mais une vie pleine et bien remplie.

Comme pour César qui parlait à la première personne « Veni, vidi,vici », je ne puis m’empêcher de rendre à l’ami qui vient de nous quitter, ce qui lui appartient :  tu es venu, tu as vu, tu as gagné.
Et maintenant, repose en paix, cher Salah.

Aïssa Baccouche