Lu pour vous - 03.06.2010

Immobilier: comment bien acheter en Tunisie, selon Le Figaro

Notre confrère Le Figaro consacre à l'occasion de la tenue ce week-end à Paris du SITAP un article intéressant sur les opportunités offertes par l'immobilier en Tunisie. Sous le titre «C'est aux acheteurs d'être prudents», il publie une interview  de Louis Eudes, fondateur de Delocalia, société spécialisée dans l'immobilier résidentiel à l'étranger. 

Quelques jours après son voisin marocain, la Tunisie tient son salon immobilier à Paris à partir de vendredi 4 juin. L'occasion pour les candidats à une retraite ensoleillée, ou à l'expatriation, de découvrir les offres des promoteurs qui se multiplient. Le point sur ce marché en développement avec Louis Eudes, fondateur de Delocalia, société spécialisée dans l'immobilier résidentiel à l'étranger.
 
Le figaro.fr : Le marché immobilier tunisien est-il similaire au marché marocain ?

Louis Eudes : Ce sont deux marchés très différents. Vous avez d'un côté un pays qui s'est ouvert depuis longtemps aux étrangers dans un esprit libéral et de l'autre une nation qui porte encore les cicatrices de la colonisation. La Tunisie est un petit pays où céder des parcelles de territoires ou des immeubles aux ressortissants de l'ancienne métropole ravive les blessures. Cette peur d'être envahi se traduit dans les procédures. Pour acheter un bien immobilier, il faut l'autorisation du gouverneur, c'est-à-dire du ministère de l'Intérieur. Un refus est rare, mais cela prend en moyenne six mois. Ce n'est pas gênant lorsqu'on achète un bien sur plan, mais quand on investit dans l'ancien, cela retarde le moment où l'on peut jouir de son achat.

Pourquoi acheter en Tunisie ?
C'est surtout pour le climat, et l'immobilier qui est encore vraiment moins cher qu'en Europe -même si les prix grimpent- que les acheteurs viennent dans le pays. Le prix du mètre carré oscille entre 700 et 2.000 euros en moyenne. Dans les quartiers aisés, les villas se vendent aux alentours de 1.500 euros le mètre carré. Le coût de la vie moins élevé -à condition de vivre comme les locaux- est aussi un argument, mais cela ne doit pas être déterminant. Le pays attire pour l'instant surtout des retraités qui bénéficient d'un régime fiscal de faveur sur les pensions de retraite. Et en cas de revente de l'appartement ou de la maison que l'on a acheté, les impôts sont de 5 ou 10%. De plus en plus de personnes viennent aussi s'installer avec leur famille pour travailler. L'Etat a mis en place des mesures qui facilitent l'installation, le pays dispose de bonnes infrastructures et la main d'œuvre est francophone.

Quels types de biens peut-on acquérir en Tunisie ?
Pour l'instant l'offre n'est pas très étoffée. Beaucoup d'appartements sont surtout destinés à la population locale. Mais une offre de standing plus élevée se développe. Ce n'est pas encore le grand luxe, car la cible reste essentiellement une clientèle locale aisée plutôt que les Européens. Il est plus difficile, mais pas impossible d'acheter dans l'ancien. Les villes offrent de belles maisons avec patios et les campagnes de jolies propriétés rurales. Cependant, contrairement au Maroc, les Tunisiens sont très protecteurs avec leur patrimoine ancien qu'ils entretiennent très bien. Les résidences de tourisme commencent aussi à apparaître, nous sommes d'ailleurs en train de commercialiser la première. Cela démarre. Il y a quelques années il n'y avait que 70 à 80 professionnels de la promotion immobilière pour tout le pays. Aujourd'hui il y en a 1700. Tous ne sont pas encore très professionnels mais certains ont une vingtaine d'années de métier.

Quels sont les pièges à éviter ?
Il ne faut pas oublier que le régime très protecteur vis à vis des consommateurs en Europe, et notamment de la France, n'existe pas en Tunisie. C'est donc à l'acheteur de se montrer prudent et de ne rien laisser au hasard. Comme dans tous les pays émergents, le risque de malfaçon existe. Un arsenal juridique est prévu, mais il est parfois difficile de le faire appliquer. Le plus sûr est de se rendre sur place en cours de construction. De même, il faut bien vérifier la validité des titres de propriété, car le cadastre est un sujet sensible notamment quand on achète dans l'ancien. Les avocats -la profession de notaire n'existe pas en Tunisie- sont compétents pour effectuer les démarches. En Tunisie, il n'existe pas de cadre réglementaire pour les agences immobilières. Elles n'ont pas, par exemple, de responsabilité civile, et leur niveau de services est assez pauvre. Passer par un réseau d'agences internationales implanté sur place n'apporte pas davantage de garantie car l'antenne locale suit en général les normes du pays. Le mieux est de passer par un intermédiaire français mandaté pour négocier sur place et qui va offrir les garanties manquantes.