News - 15.03.2018

Stephen Hawking, «physicien parfait dans un corps imparfait», meurt a 76 ans

Stephen Hawking, «physicien parfait dans un corps imparfait»,  meurt a 76 ans

Stephen Hawking, célébrité mondiale et  physicien lourdement handicapé qui a popularisé la cosmologie et  l’astrophysique, est mort mercredi 14 mars 2018, à Cambridge en Grande Bretagne. Le jour anniversaire de la naissance,  en 1879,  d’Albert Einstein !

Il naquit à Oxford le 8 janvier 1942 soit trois cents ans après Galilée,  né le 8 janvier 1642.  Son père était un médecin spécialiste des  maladies tropicales et sa mère adepte de la libre pensée.
Le jeune homme est atteint à l’âge de 21 ans de sclérose latérale amyotrophique (SLA), une épouvantable maladie qui se traduit par une dégénérescence  neurologique entraînant une faiblesse musculaire.

Une leçon de courage contre l’adversité et la maladie

Hawking n’a jamais permis à ce terrible coup du sort,  qui a ravagé son corps,  d’interrompre sa quête de réponses aux questions fondamentales de l’existence humaine : Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Quelle est l’origine de l’Univers ? Quelle est son évolution ?

Il a fait preuve d’une  force et d’un  courage à toute épreuve pour ignorer son épouvantable maladie et poursuivre ses travaux scientifiques en dirigeant des doctorats et en rédigeant des communications scientifiques publiées dans  les plus prestigieuses revues.

Quelle belle leçon pour toutes les personnes  qui sont frappées par la malchance et la maladie! Quelle forte incitation à la persévérance  et au  travail!

Les médecins, en 1963, lui prédisaient deux à trois ans de vie.  Il est mort à 76 ans, démentant tous les pronostics médicaux.

D’ou vient l’univers?

De plus en plus affaibli et s’exprimant au moyen d’un ordinateur équipé d’un synthétiseur vocal, Hawking devint, selon le Times de Londres « la personnification de l’idée pure, une intelligence désincarné ». Il a constamment gardé son humeur « so british » et moquait,  par exemple, son synthétiseur vocal, fabriqué en Californie,  parce qu’il  lui donnait un accent américain !
Il a toujours voulu faire des études scientifiques et disait : « J’ai un but simple dans la vie. Je veux trouver d’où vient l’Univers, comment et pourquoi il a commencé et comment il finira. »

Au lycée déjà, ses condisciples l’appelaient Einstein ! En 1959, il décrocha une bourse pour la prestigieuse université d’Oxford. Trois ans plus tard, il émigre à Cambridge, l’éternelle rivale d’Oxford,  pour se lancer dans la recherche en cosmologie. C’est alors que le diagnostic de la SLA est posé. A l’âge de 32 ans, il intègre the Royal Society, la plus prestigieuse académie britannique. En 1979, il est nommé à la chaire de Mathématiques de l’Université de Cambridge, celle qui a été occupée par Isaac Newton (1642-1727)…. « Mais dont la chaise a été changée » ironisait-il. Il devint l’un des plus grands experts mondiaux de la gravitation (pesanteur) et des trous noirs- ces endroits de l’Espace où la matière est comprimée au point que les lois normales de l’espace et du temps ne s’appliquent plus. Il a ainsi lié gravitation (qui s’appliquent  aux corps macroscopiques) et physique quantique (qui s’applique aux particules subatomiques) unifiant par ses équations la physique contemporaine. A la grande surprise des spécialistes, il a découvert que, dans certaines conditions, les trous noirs peuvent émettre des particules subatomiques. Jusque-là, la communauté des astrophysiciens et des cosmochimistes faisait l’hypothèse que rien, absolument rien – même pas la lumière- ne pouvait  s’échapper des trous noirs. En son honneur, les particules émises par un trou noir en évaporation ont été nommées « radiation de Hawking ».

Son livre, « Une brève histoire du temps » devint un bestseller mondial. Il y écrivait : « Une théorie unifiée, complète et consistante [de la physique] n’est qu’un premier pas. Notre but est une compréhension complète des évènements autour de nous et  de notre propre existence ».   Vendu à dix millions d’exemplaires,  l’ouvrage en fit un homme à l’abri du besoin. Il déclara que cette manne allait lui permettre d’assurer l’éducation et l’avenir de ses trois enfants. Bien que malade, il s’était en effet marié,  en 1965,  à sa première femme.

Combats politiques pour les handicapes et pour la Palestine

Au cours de sa vie, Stephen Hawking a, sans relâche, fait campagne pour le respect des handicapés et pour leurs droits. Il a inauguré les premiers  Jeux Paralympiques et,  affrétant un avion spécialement équipé,  il fait  l’expérience d’un vol spatial en apesanteur démontrant ainsi  que la volonté est le meilleur viatique contre le handicap.

Il a toujours été du côté des Palestiniens et pour la justice. Invité au 90ème anniversaire de Shimon Peres en 2013, il a boycotté la conférence scientifique prévue à cette occasion s’alignant sur le mouvement BDS contre l’Etat sioniste et sa politique d’apartheid. Il voulait ainsi protester contre les persécutions, les vols de terre et d’eau, les check points humiliants, les routes séparées infligés aux Palestiniens.

Hawking a été l’un des premiers scientifiques à mettre le doigt sur l’implication de la communauté scientifique israélienne dans l’occupation illégale de la Palestine.

A l’heure où tant de jeunes Tunisiens sont moroses et où tant de diplômés chômeurs sont à la peine la vie de Stephen Hawking procure une admirable leçon.

Esprit parfait dans un corps imparfait, il conseillait : «Soyez curieux. Quoique difficile que puisse paraître la vie, il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire. L’important, c’est de ne pas abandonner.»

Mohamed Larbi Bouguerra