News - 02.01.2018

Ghazi Elbiche: L’entreprise tunisienne, comment être? Comment ne pas être?

L’entreprise tunisienne: comment être? Comment ne pas être?

Dans un contexte socio-économique de plus en plus difficile, l’entreprise tunisienne est plus que jamais fragilisée.
Fragilisée par une compétition débridée,  freinée par cette atmosphère d’instabilité essentiellement politique et fiscale, fragilisée par l’image de marque du pays surtout à l export mais également  pour les importateurs.

L’entreprise tunisienne ne se développe plus par manque de performance et faible productivité

Naïf est celui qui explique  cet état fébrile de l’entreprise tunisienne par les soi-disant changements des libertés chez nous suite à un certain 14 janvier 2011.

Dans la Tunisie postrévolutionnaire, il est un fait reconnu que le citoyen a tendance à fuir le travail et le labeur. Les cités, grandes et petites, sont devenues de grands cafés où la jeunesse, fierté et grande richesse du pays, consume ses forces, son temps, ses années, se livrant à des activités vaines et frivoles, surfant sur internet, consultant les réseaux sociaux et n’ayant pour d’autres buts que de tuer le temps en attendant une fort hypothétique offre. Cette jeunesse qui, lorsqu’elle a la chance d’avoir un emploi, profite de la moindre occasion pour fuir les lieux de travail. Il est à noter que rien que dans l’industrie, l’absentéisme est de l’ordre de 20% en moyenne.

Je suis Tunisien et comme tout autre tunisien je relève au quotidien dans tous les moyens d’information une litanie des maux de la Tunisie répétée à satiété.

Le résultat en est que nous avons affaire aujourd’hui à un Tunisien déprimé, accablé, déséquilibré,   mal dans sa peau, amer, désillusionné, au bord du désespoir. Nous assistons encore aujourd’hui au phénomène des embarquements clandestins, sur de frêles esquifs, de familles entières, bébés et enfants compris, vers le nord de la Méditerranée à la recherche d’un avenir incertain.

Faut-il souligner que tout cela se passe sous l’œil indifférent des patrons et chefs d’entreprises.

Solutions et remèdes

Y aurait-il quelque remède à  cette situation?

Il semble que La Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) puisse apporter des éléments de solution. Il s’agit d’un «concept dans lequel les entreprises (commerciales ou industrielles) intègrent dans leurs activités, et sur une base volontaire, les préoccupations sociales, environnementales et économiques, vis è vis de leurs employés, de la société dans sa généralité, de leurs partenaires institutionnels ou professionnels. 

Cette notion, largement acceptée et adoptée en Europe demeure encore fort peu connue sous nos cieux. Les rares chefs  d’entreprises qui se sont intéressés à la RSE la confondent avec le mécénat ou alors l’utilisent comme un label, un outil de stratégie marketing.

En pratique la mise en œuvre de la RSE consiste à introduire plusieurs améliorations tant dans les  conditions de travail, que dans la qualité des services ou produits. Elle est également censée booster la productivité’ pour un développement durable, assurer la pérennité’ de l’entreprise.

L’entreprise aura à jouer le rôle d’un facteur de sauvegarde, d’assainissement, d’embellissement de d’amélioration de l’environnement matériel, humain.

Certes, il apparaît bien clair que la RSE engage à tout égard la responsabilité de l’entreprise dans sa dimension sociale ou sociétale, comme certains l’appréhendent. Cependant, lors de mes observations et applications, il m’est personnellement apparu judicieux de substituer au vocable «social» ou «sociétal» celui de «sincère».  Sans altération acronymique, une nouvelle dimension se trouve intégrée au concept : celle de SINCERITE de l’entreprise. D’où Responsabilité Sincère de l’Entreprise.

Notre conviction et philosophie dans le monde professionnel est «sincérité»

La Sincérité’ est une vertu noble de clarté  et de transparence dans les relations de toute nature. Qu’elles soient sociales ,professionnelles ou organisationnelles .

Sincérité envers qui?

1/ envers l’entreprise en premier

Plusieurs actions sont à envisager, en l’occurrence : une professionnalisation du management et de l’organisation, une augmentation de la rentabilité avec leur corollaire de maximalisation du profit. Cela ne signifie pas que ce genre de responsabilité est un objectif prioritaire de l entreprise mais doit s’inscrire plutôt dans une perspective de  garantir essentiellement le développement durable, de Restaurer l’image de marque du pays et de ses produits, de répondre aux attentes des clients et de satisfaire à leurs exigences.

2/ envers les employés ensuite

En restant attentif sans paternalisme à  leurs besoins élémentaires (Logement, soins de santé, loisirs,  culture …..)
L’ entreprise doit se comporter comme un chef de famille éclairé porté au secours de ses employés.

3/ Sincérité envers les partenaires, clients ou donneurs d’ordres

Par le respect des engagements, le respect du cahier des charges, sans calcul afin d’améliorer et de promouvoir le niveau du produit sur le marché

4/ Sincérité envers la communauté locale, régionale et surtout nationale

En prodiguant  des services d’utilité publique par une participation au développement économique. En apportant un soutien et une assistance financière au développement communautaire. En initiant  des projets d’éducation et de santé afin d’améliorer la qualité de vie de la communauté.  

5/ Sincérité envers  la cité, le pays et l’environnement

Contribution à une prospérité plus large par une protection volontariste de l’environnement et l’utilisation des ressources avec une attention particulière au bien-être général.

Grâce a cette «sincérité»,  une confiance sera établie entre l’entreprise et toutes les parties prenantes ce qui se traduit pour l’entreprise par:

a/ une paix sociale durable

b/ Une rentabilité économique assurée et accrue et un absentéisme mineur

c/ Un employeur juste, responsable et un lieu de travail attrayant

Il s’agit bien évidemment de renoncer à considérer que l’entreprise doit être uniquement un simple site dédié au travail mais de faire admettre qu’il est un lieu de vie ou nous passons l essentiel de notre temps.

Cette responsabilité’ sincère de l entreprise n’est autre, en fin de compte, qu’une forme de stratégie de savoir- vivre en entreprise se basant sur des règles de conduite simples pour une ambiance de travail propice a la concentration et au bien-être de chacun.

En Conclusion

En Tunisie beaucoup de facteurs doivent être développés pour une nouvelle forme de création de la richesse à l’échelle des activités humaines, intellectuelles, de gouvernance et de stabilité à tous les niveaux.

Le capital humain est l'une des grandes richesses du pays. L’immobilisme, l’inaction devant la fuite de ce potentiel sont néfastes pour le pays.

Feu Habib Bourguiba n a-t-il pas misé au lendemain de l’indépendance sur l’unique richesse du pays qu’est le potentiel humain?

Ghazi Elbiche