News - 08.12.2017

Il quitte la Kasbah: Fayçal Hefiane, nommé directeur général de Sergaz

Faycel Hafiane

A contrecœur ? Youssef Chahed se sépare de l’un de ses conseillers les plus proches, Fyaçal Hefiane. Sans le lâcher, il lui offre un parachute doré, parmi les rares disponibles. Hefiane a été en effet nommé représentant de l’Etat au conseil d’administration de la Société de Service du Gazoduc Transtunisien (Sergaz). Il sera coopté comme administrateur et désigné en tant que directeur général de la compagnie lors de la réunion du conseil d’administration, la semaine prochaine à Milan. Créée par l’ETAP et le groupe italien ENI, cette compagnie assure le transit du gaz algérien vers l’Italie, sur 370 km, passant par la Tunisie, notamment à travers les gouvernorats de Kasserine, Kairouan et Nabeul. Fayçal Hefiane succèdera dans ses nouvelles fonctions à Mohamed Agrebi, ancien ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi et longtemps ancien directeur général aux ministères des Finances, puis de l’Industrie, Mines et Energies. Agrebi sera maintenu à la Sergaz à une haute position au sein de la direction générale.

Moulage à Carthage

Jusque-là conseiller auprès du chef du Gouvernement chargé des Affaires politiques, Fayçal Hefiane, 38 ans, titulaire d’un mastère en gestion des entreprises et ancien contrôleur de gestion dans un groupe industriel et parmi les jeunes dirigeants de Nidaa Tounès, a vu sa carrière politique voguer de promotions en exfiltrations. Très actif dans les rangs du parti dès sa fondation, aux côtés du président Béji Caïd Essebsi, il se distinguera avec une poignée de jeunes dont Selim Azzabi et Youssef Chahed, notamment, lors de la campagne électorale de 2014. La victoire de BCE le portera au cabinet présidentiel, dès janvier 2015, en tant que conseiller à la Présidence de la République, chargé du suivi des actualités politiques. Après le moulage militant au sein du parti, viendra alors pour lui l’apprentissage de la gestion des affaires de l’Etat et des grandes questions politiques.

Lorsque le président Béji Caïd Essebsi lance le 2 juin 2016 à la télévision le processus du Pacte de Carthage, Héfiane fera activement partie de l’équipe conduite par Selim Azzabi, ministre-directeur du cabinet présidentiel qui a veillé à tous les préparatifs et contacts avec les partis et organisations concernés, aboutissant à l’élaboration de l’accord final. 

Promotions et exfiltrations

Nommé chef du gouvernement en août 2016, Youssef Chahed désignera Hefiane, sur le quota de Nidaa, en qualité de secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce (Zied Ladhari, Ennahdha), chargé du Commerce. L’attelage ne fonctionnera pas, Ladhari préférant tout gérer lui-même. Sans s’y opposer pour, confiera-t-il, ne pas porter ombrage au Tawafouk BCE - Ghannouchi, il attendra calmement son exfiltration du poste. Cela ne tardera pas longtemps. Dès la première occasion d’un réajustement gouvernemental, suite au départ d’Abid Briki de la Fonction publique et au remplacement d’Abdeljélil Ben Salem, par Ahmed Adhoum, aux Affaires religieuses, Chahed fera venir, le 17 février dernier, Fayçal Hefiane auprès de lui à la Kasbah et le remplacera au Commerce par Abdellatif Hmam. Une décision win-win qui arrange tout tout le monde.

L’enfer de la Kasbah frappe encore ses locataires à tous les niveaux. Le jeu de rivalités et le poids des pressions ne tarderont pas à affecter Hefiane. Dans l’air depuis la fin de l’été, son départ vient d’être entériné. De nouveau, il replonge dans le monde de l’entreprise... sans pour autant se départir de ses réflexes politiques ni de ses ambitions.