News - 17.11.2017

Le gouvernement Chahed et Nidaa : après les divergences feutrées, la diabolisation

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« Vous ne nous avez rien laissé pour qu’on puisse le critiquer ». Vrai ou faux, ce reproche de Samia  Abbou aux dirigeants de Nidaa Tounès résume bien la situation. Un parti qui s’en prend au chef de gouvernement issu de ses rangs et qu’il avait lui-même investi avec une véhémence que l’opposition la plus radicale n’aurait pas désavouée, C’est du jamais vu. On savait que le courant ne passait pas entre Youssef Chahed et le directeur exécutif de Nidaa Tounès, mais jamais on n’aurait imaginé que les divergences étaient aussi profondes et les ressentiments aussi violents. Le texte qui est publié vendredi par le journal Alchourouk le montre bien. Il s’agit d’un document qui doit servir d'introduction, le débat dans un séminaire que ce parti  doit organiser prochainement. En fait, c'est une véritable charge contre le gouvernement Chahed. L'auteur, Khaled Chaouket  ancien porte-parole du gouvernement Essid y dresse un bilan calamiteux du gouvernement Chahed. A l'en croire, ces quinze derniers mois sont une suite ininterrompue d'échecs et de choix malheureux sur tous les fronts : la guerre contre le terrorisme, la lutte contre la corruption, la politique économique et sociale et même s'il a réussi dans certains secteurs, c'est parce que que son prédécesseur, Habib Essid, lui avait balisé le terrain . En comparaison, les critiques de l'opposition sont des amabilités. Tout cela pour arriver à cette conclusion : il est temps de former un nouveau gouvernement sur la base des élections de 2014, conscient de ses responsabilités envers le peuple.

Réagissant à ces propos, le porte-parole de Nidaa a réitéré son soutien au gouvernement, tout en soulignant que les positions de Chaouket n'engageaient que lui. Il faut bien se rendre à l’évidence. Il n’est pas donné à quiconque de manier le paradoxe comme les dirigeants de ce parti.

Même si le président de la République a reçu tout sourire Youssef Chahed  ce vendredi et évoqué avec lui la lutte contre la spéculation, ce réquisitoire laissera des traces. Car on n'est plus dans le débat d'idées, mais dans la diabolisation.