Opinions - 16.11.2017

Mohamed Ali El Bekri: L’Etat doit donner l’exemple

Mohamed Ali El Bekri: L’état doit donner l’exemple

Tout le monde nous dit que la situation financière du pays est alarmante. Les experts nous le répètent continuellement, d’ailleurs on le vit de jour en jour, puisque notre pouvoir d’achat s’amenuise au fur et à mesure et pourtant on baigne dans une insouciance et une frénésie  de  consommation  qui  fait  peur  quant  aux lendemains difficiles.

Le malaise est  partout, on manque de visibilité, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, mais on est presque sûr qu’il sera pire qu’aujourd’hui.

Le monde politique donne une image médiocre au citoyen. Les promesses non tenues sont légions et la lutte pour le pouvoir et les intérêts personnels ont largement discrédité le milieu politique.

La fracture entre  nantis et  laissés-pour-compte  s’agrandit. Rien de fondamental n’est entrepris pour diminuer le déséquilibre. Les malheureux qui fuient et qui meurent en mer pour un avenir meilleur proviennent en majorité des régions et zones déshéritées à fort taux de chômage.

Le manque de richesses et le faible taux de croissance ne permet pas de développer l’économie au point de renverser la courbe du chômage. Toutes les politiques post révolution ont échoué sur ce point.

Tout doit être entrepris par mutuel consentement et on perd non seulement énormément de temps à décider mais on est obligé de prendre des mesures consensuelles lorsque la situation implique des mesures urgentes et parfois radicales.

L’exécutif  projette une image floue qui entrave l’adhésion de la population aux mesures prises ou à prendre. Comment voulez vous gagner la confiance du peuple sans vision claire de l’avenir du pays? il est donc  essentiel  et primordial de gagner la confiance de ce bon peuple pour le faire adhérer spontanément aux choix à entreprendre et aux sacrifices à faire.

Il faut améliorer l’image du gouvernement  en donnant l’exemple et en prenant des mesures justes et courageuses pour améliorer cette situation calamiteuse.

Comment voulez vous gagner la confiance de ce bon peuple, lorsque d’une part le chômage est au plus haut, le pouvoir d’achat au plus bas et d’autre part on importe et on expose des voitures de luxe de 200 mille dinars et plus  et on entreprend d’agrandir au Lac 2, le fameux Tunisia Mall où ce qui se vend provient essentiellement  des produits de luxe importés, n’apportant aucune richesse au pays si ce n’est enrichir encore plus la petite couche des nantis et aggraver les déséquilibre. Cherche t-on à alimenter une nouvelle révolution?

Où sont les projets grandioses de développement de la Tunisie de l’intérieur capables de transformer le paysage de notre pays, ramener l’espoir, la confiance et renforcer la cohésion Nationale?

Où est l’exemple que doit donner le gouvernement concernant la restriction des  dépenses inutiles? d’une part, on est un pays manquant gravement de liquidités et s’endettant de plus en plus et d’autre part on distribue des voitures de luxe à profusion dans les divers ministères saignant à blanc le budget de l’Etat.

Il faut absolument revoir cette question de voitures de fonction. Le parc de ces voitures se chiffre en milliers, imaginez donc les dépenses. Il faut au moins, comme mesure intermédiaire, diminuer d’un cran la catégorie des voitures octroyées en attendant une refonte complète du système d’allocation de ces voitures et des privilèges accordés aux cadres de l’administration.

Commencez donc par attribuer  aux ministres des voitures de moyenne cylindrée qui valent déjà autour de 100 mille dinars,  au lieu des fameuses Mercedes  et faites de même pour les catégories inférieures.

Il faut donner l’exemple, une telle mesure montrera à la population le sérieux du gouvernement à lutter contre les excès et les dépenses inutiles et pourra in fine faire adhérer le peuple à sa politique d’austérité attendue.

Il ne s’agit pas bien sûr de s’arrêter à une telle mesure, mais de donner l’exemple et montrer la volonté du gouvernement à réduire les dépenses à commencer par soi-même tout en donnant un signal fort à toutes les administrations pour lutter contre «rizk el billik» et les dépenses inutiles et ostentatoires. Une telle mesure sera certainement appréciée de tous et montrera à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur que le pays fait des efforts honnêtes pour sortir de la situation difficile dans laquelle il se trouve.

Général de Brigade (R)  Mohamed Ali El Bekri