News - 27.10.2017

Culture de la haine et haine de la culture

Culture de la haine et la haine  de la culture

Il suffit d’un rapide regard sur les medias ou d’un simple tour en ville ou réaliser que nous vivons un moment social particulièrement tendu. Une montée fulgurante de la violence dans  tous les espaces publics de la rue au Parlement, dans les écoles, les universités, les partis politiques, les plateaux télés. Les espaces de dialogues, deviennent des espaces d’agressions et de rupture. Parmi ceux là il y en a un, exceptionnel, une sorte de OMNI (objet médiatique non identifié); un ilot de résistance, où le débat s’élève, se consacre à la « culture » aux grandes questions, ou du moins essaye d’introduire, un soir par semaine la question culturelle dans la consommation télévisuelle quotidienne du Tunisien. Cette émission C’est  «جمهورية الثقافة» diffusée sur la première chaine nationale Wataniya1. Une exception médiatique qui se voit aujourd’hui menacée, et fait l’objet d’une pétition appelant à l’arrêt de sa diffusion. L’émission de Abdelhalim El Messaoudi, Journaliste, écrivain et professeur universitaire des Beaux-arts est attaquée pour «Monochromie idéologique», «gauchisme avéré» «dictature culturelle» et  «exclusion». Un fait exceptionnel et, une première : jamais aucune émission tunisienne, n’a fait l’objet d’une telle «dénonciation».

Autre fait dérangeant, les signataires dénoncent un parti pris idéologique, et un temps de diffusion inutile au service public au profit de «  l’intelligentsia».! Que reproche t-on à Messaoudi au fond? De parler de philosophie, de littérature et d’art? d ‘inviter des sociologues, des universitaires et des intellectuels?

Une pétition qui  plaide pour la suppression d’une des rares émissions «culturelles» dans un paysage culturel désertique révèle le danger réel que court notre société. D'un côté, une multitude d’émissions vidées de sens, ou orientées vers un divertissement primaire, ou des débats politiques houleux souvent sans analyses, ni profondeur de l’autre, quelques foyers de résistance culturelle qui disparaissent l’un après l’autre. Et ce n’est pas faute d’audimat car la «culturelle» d 'El Wataniya est un vrai succès d’audience depuis plus d’un an. Alors que craignent vraiment ses détracteurs?
Que cette émission plante des graines d’intellectuels? Qu'elle diffuse un esprit critique ou qu’elle soit un espace de débat et de réflexion offert sur le secteur public pour tous les Tunisiens ? Que le citoyen soit bousculé, obligé de remettre en question ses idées reçues? Cela ne vaut-il pas mieux vaut-il pas mieux qu'inonder le spectateur de produits prémâchés ,feuilletons turques, débats de sourds ,bruit et fureur des émissions politiques, larmes et étalage impudique de vie privée des semi télé réalité shows ou scandales et désinformations et fausses investigations.

Il est vrai, que dans un pays éternellement  coincé  en période pré- électorale  pris en otage entage entre  la peur et la soumission; réfléchir est une arme, et vaut mieux pour certains partis  ,un peuple docile  et désarmés. «جمهوريّة الثّقافة»  est dangereuse pour ces partis et on comprend pourquoi!
Un danger à, sauver et à défendre. Vive La république, Vive «la république de la culture»

                                                                                                                                                 Amel Dhaouadi