Hommage à ... - 18.05.2010

Moncef Belhadj Amor: Ancien ministre

Moncef Belhaj Amor: Ancien ministre

« Je  tiens à rendre un vibrant hommage à vous qui n’avez cessé de lutter pour le triomphe des justes causes nationales. Vous êtes un exemple d’honnêteté, de compétence et conscience professionnelle, de courage, de dévouement absolu à la nation, au peuple, le petit peuple tout particulièrement. Je souhaite que le pays possède de plus en plus d’hommes comme vous et je vous souhaite un avenir digne de vos admirables qualités ce qui vous permettra de rendre, comme vous l’avez fait ces dernières années les plus grands services au Pays et au Peuple que vous servez ».

Moncef Bel Hadj Amor est tout entier dans le vibrant hommage que lui rendit, le père du Cambodge moderne, le prince Norodom Sihanouk au terme de sa mission dans ce pays, sorti exsangue d’une longue et cruelle guerre civile et qu’il avait réussi à remettre sur pied en une décennie grâce à ses qualités d’organisateur hors pair. Il sera d’ailleurs très fier de se voir décerner par Hun Sen, Premier Ministre, la Médaille de Commandeur de l’Ordre de Coopération et de l’Amitié « en reconnaissance de la qualité de ses performances et de ses mérites dans l’accomplissement de son travail d’assistance à la réforme  et au développement des travaux économiques et financiers du Royaume du Cambodge ». Car l’œuvre accomplie par notre compatriote a été titanesque.

Témoignage du Ministre d’Etat et Ministre de l’Economie et des Finances au Cambodge : « le travail accompli et l’esprit d’abnégation avec lequel M. Moncef Bel Hadj Amor a mené [sa mission], il l’a fait grâce à une formation de base solide et à sa grande expérience diversifiée ayant su lier la connaissance technique à une sensibilité éprouvée aux affaires de la cité.  A mes côtés, et par son travail, il a représenté la mémoire du Ministère. Les qualités humaines dont a fait preuve M. Bel Hadj Amor ne sont pas moindres, une disponibilité totale de tous les instants, une entente sans faille avec les responsables et agents de tous niveaux, une grande loyauté envers le Cambodge et ses institutions».

Un grand commis de l’Etat

Moncef Bel Hadj Amor s’est éteint en mai dernier à 78 ans. Au côté de feu Hédi Nouira, il avait, en sa qualité de Secrétaire général  du Gouvernement, contribué à la modernisation de l’administration tunisienne et au renforcement de ses structures. Il apportait un soin particulier, comme le souhaitait le premier Ministre, à la bonne préparation des conseils ministériels sur la base de notes approfondies, et assurait aux décisions prises, un suivi rigoureux, ce qui était alors une innovation. Plus encore, il avait entamé la vaste œuvre de réforme du fonctionnement administratif, des rouages et des procédures, plaidant pour une déconcentration progressive mais totale et une décentralisation des pouvoirs au profit des régions. Il réforma les structures des administrations centrale, régionale et communale, et structura le contrôle de l’administration publique en ce qui concerne les attributions des Ministères et les procédures et formalités de mise en œuvre. Sous sa direction, a vu le jour la réforme en profondeur de la Fonction Publique portant sur les statuts et les carrières, les rémunérations des fonctionnaires et des agents des entreprises publiques, et le régime de prévoyance sociale et de retraite. Il mit en chantier les grandes réformes de la loi organique du budget, y compris la mise en place des procédures techniques, le calendrier du budget, le contrôle des dépenses, et les procédures fonctionnelles du Trésor - il travailla d’ailleurs à l’amélioration des relations entre le Trésor et la Banque Nationale. Il participa activement à la conception et à l’élaboration de projets de loi, décrets et circulaires d’application en matière de finances publiques et de fiscalité.

Une nouvelle vision de l’aménagement du territoire

L’assistance à la réforme et au développement des travaux économiques, financiers et sociaux fut un autre aspect  de son champ d’intérêt. Il participa à un grand nombre de séminaires et conférences et représenta l’Etat au sein de plusieurs sociétés nationales et économiques. Il encouragea également le développement des formations scientifiques et techniques et fut l’un des pionniers de l’introduction de l’informatique dans l’administration centrale - fortement encouragé en cela par un Haut Gradé de l’armée qui deviendra plus tard  Président de la République Tunisienne.

A la tête du ministère de l’Habitat, pour la première fois détaché de celui de l’Equipement, il avait à cœur de promouvoir une nouvelle vision de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, lançant un vaste programme de construction de logement sociaux. Il amorça aussi l’étude d un projet de promotion de l’utilisation de systèmes innovateurs pour l’économie d’énergie.
Sa carrière comprenait aussi un aspect international. Outre ses missions en Mauritanie et au Cambodge, il dirigea des négociations financières avec des pays étrangers et des organisations internationales.  Il fut Gouverneur suppléant de la Banque Mondiale pour la Tunisie. Il participa à de multiples conférences et séminaires à l’étranger (par exemple au Canada, aux Etats-Unis, au Pérou, en Suède, et dans nombre de pays arabes et asiatiques), ainsi qu’à l’élaboration de plans de développement
 



 Un père avant tout

Mon âme faisait corps avec la sienne ; je me souviens q’il était le parangon de toutes les vertus paternelles, par l’aperception bouleversante qu’il avait  de l’instinct filial, apanage de son humanité et de sa sagesse, toujours attentives et lénifiantes.

Il fut l’âme, l’antre, l’âtre de notre foyer...Et l’essence, le substrat de mon bonheur.

Nom seulement, son image mais également ses pensées, sa réflexion, sa moralité demeurent au plus profond de mon être, l’anthèse des fleurs précieuses et immarcescibles du souvenir permanent, irrésistible qui m’imbibe et qui transcende l’action éversive du temps.


Dorra Belhadj Amor