News - 10.09.2017

Parcours d’un leader en herbe, Skander Charfi, admis aux grandes écoles

Skander Charfi: Admis aux grandes écoles Parcours d’un leader en herbe

Skander Charfi, jeune étudiant d’Esprit Prépa, vient d’être admis—entre autres !— à l’X (Ecole Polytechnique) et à l’ENS Lyon. Il a choisi d’intégrer cette dernière pour se préparer à une carrière d’enseignant-chercheur en mathématiques. Retour sur un parcours d’excellence.

Racontez-nous un peu le parcours scolaire qui vous a conduit à ces succès

En fait, je me suis intéressé aux mathématiques et aux sciences physiques de façon solitaire depuis mon plus jeune âge. Les problèmes posés aux Olympiades de mathématiques et les énigmes constituaient mon passe-temps favori, à côté d’autres lectures en relation avec les sciences. J’ai été élevé au sein d’une famille certes aimante, mais je n’étais pas entouré de scientifiques, mes parents ayant pour vocation principale l’éducation physique.  Ayant raté successivement les concours d’accès au collège pilote et au lycée pilote de Sfax, j’ai suivi une scolarité somme toute normale. J’étais persuadé que je ne pouvais mieux faire dans les examens et les concours nationaux qui, il faut l’avouer, sont davantage basés sur la restitution des savoirs que sur une réflexion conceptuelle, propre et profonde. L’année du bac, je m’étais efforcé de travailler dur dans l’espoir de poursuivre des études scientifiques dans un environnement autrement plus stimulant que le secondaire.

Malheureusement, j’ai été une fois de plus déçu par ma performance au baccalauréat «mathématiques». Avec 17 de moyenne, je n’avais pas le score suffisant pour accéder aux classes préparatoires en France, ni à l’Ipest. La seule perspective qui m’a été offerte par le système national d’orientation était l’Institut préparatoire aux études d’ingénieurs de Sfax. Il faut préciser que ma famille n’était pas non plus en mesure de me prendre en charge pour partir faire prépa en France.

De là, vous avez choisi de rejoindre Esprit Prépa. Comment avez-vous vécu cela et quel regard portez-vous sur cette prépa?

J’ai choisi de rejoindre Esprit Prépa qui, bien que récente de création, avait déjà fait ses preuves en offrant une nouvelle chance aux jeunes comme moi. Aujourd’hui, je peux dire qu’Esprit Prépa a carrément changé ma destinée, voire ma vie.

Au départ, j’étais toujours hanté par le complexe que je ne pourrai pas faire mieux que les lauréats orientés à l’Ipest ou dans les Cpge en France. Mais très vite, j’ai appris à avoir confiance en moi, et grâce à l’excellent encadrement de mes professeurs, j’ai commencé à nourrir l’ambition d’intégrer l’X ou une école normale.

En 2016, j’étais déjà admissible en 3/2 à tous les concours ENS, X, Mines-ponts, etc. Ayant raté les premières épreuves orales aux ENS, et bien qu’on m’ait proposé l’ENS de Rennes, j’ai décidé de refaire l’année en 5/2, avec l’ambition d’intégrer la rue d’Ulm.

Quels ont été vos résultats aux concours cette année?

Cette année, j’ai été admis à l’X (classé 21e parmi les 45 étrangers). J’ai raté de peu la rue d’Ulm mais j’ai été admis à l’ENS de Lyon, que j’ai choisi d’intégrer car elle m’offre de meilleures perspectives dans la recherche en mathématiques plus tard. Je peux donc affirmer sans regret que j’ai réalisé mon rêve.

Comment avez-vous pu faire face aux frais de scolarité à Esprit Prépa?

La première année en MPSI a été totalement prise en charge par mes parents. En 2e année (MP*), Esprit Prépa m’a offert une bourse d’excellence en tant que lauréat d’une sorte d’olympiade nationale organisée par l’association «Les amoureux des mathématiques», et j’ai enfin pu faire face aux frais de l’année 5/2 grâce au concours de la Fondation Esprit qui m’a proposé un prêt, remboursable une fois que j’aurai terminé mes études.

Et comment allez-vous financer vos études en France?

Je regrette amèrement que les bourses nationales du ministère de l’Enseignement supérieur, octroyées sur la base du mérite aux admis aux grandes écoles françaises figurant sur une liste restreinte du ministère, soient réservées aux seuls élèves de l’Ipest et des Cpge en France. Car le mérite se juge par les résultats obtenus aux concours. Heureusement, l’Institut français de Tunisie offre des bourses d’excellence, et j’espère pouvoir en bénéficier pour poursuivre mes études à l’ENS de Lyon.

Quelles sont vos nouvelles ambitions?

Mon rêve se transforme en réalité. J’ai fait le choix d’intégrer l’ENS de Lyon, pour m’adonner pleinement aux mathématiques dont je compte faire mon métier, dans l’enseignement et la recherche. Je pars donc à l’aventure, avec la certitude de découvrir de nouveaux horizons sur place.

Je ne saurais conclure sans adresser un message aux jeunes lycéens pour qu’ils croient davantage en leur potentiel caché. Si mon parcours pouvait les inspirer et changer la donne dans ce sens, j’en serais le premier ravi. Ma gratitude s’adresse à Esprit Prépa (professeurs, administration, etc.) qui – je peux le dire – a changé le cours de ma vie, m’a donné des ailes et m’a permis de réaliser le rêve que je nourrissais depuis mon plus jeune âge. Je ne ménagerai aucun effort pour me mettre à sa disposition pour lui rendre cela sous quelque forme que ce soit. L’ambassadeur de France, M. Olivier Poivre d’Arvor, est personnellement intervenu pour que j’obtienne à temps mon visa afin de passer mes oraux en France. Qu’il en soit remercié tout comme l’Institut français de Tunisie qui m’offre l’opportunité de bénéficier d’une bourse d’études à l’ENS de Lyon.

T.H.