News - 04.07.2017

Boubaker Ben Kraiem: Et la révolution eut lieu et avec elle la démocratie et... ses dérives !

Le secteur du transport : il est autant stratégique qu’infortuné !

Notre pays était dirigé, avant janvier 2011, par un régime autoritaire que certains qualifient de dictatorial. Soit. Mais le pays évoluait, positivement, dans le domaine économique et social, parce que les règles du jeu étaient respectées, jusqu’à une certaine limite, par tous les acteurs du système. L’explication de tout cela réside, tout simplement, dans l’existence d’une discipline stricte, respectée par tous, sans laquelle rien ne peut être réalisé et par l’esprit d’émulation entre les cadres recherché par les ambitieux et qui fait la différence entre les uns et les autres; d’ailleurs,

A- la fonction publique donnait d’excellents résultats parce qu’elle était dirigée par des responsables compétents et disciplinés; l’absentéisme n’était pas élevée, et nos concitoyens ne s’en plaignaient pas trop,

B- les opérateurs économiques du transport s’ingéniaient à développer leurs secteurs à tel point que le tourisme a dépassé, annuellement, les dix millions de visiteurs et les grandes compagnies nationales de transport avaient une excellente réputation quant à la qualité du service, au respect de l’horaire ainsi qu’au mérite de l’accueil fait aux clients.

Et la révolution du 14 janvier eut lieu, walhamdoulellah !!!! et avec elle, la démocratie, la liberté d’expression, la nonchalance, l’absentéisme et pour la première fois de l’histoire de la Tunisie indépendante, des incidents regrettables qui se déroulent, de temps à autre, et  qui ne font honneur ni aux fleurons de nos entreprises, encore moins à notre pays ni à la révolution du jasmin; ce sont:

1- TUNIS AIR

11- le retard quasi- régulier des départs et des arrivées des vols,
12- le pilote devant effectuer le vol vers le Canada, quelques jours avant l’Aid, qui serait arrivé deux heures en retard,
13-l’avion, en trajet direct Tunis-Strasbourg, qui fait une escale à Jerba sans que les voyageurs n’en soient avertis,          
14- le pilote, commandant de bord, maitre après Dieu dans l’avion, s’est battu, il y a
quelque temps, en présence des voyageurs, avec son mécanicien, et le vol fut annulé.

2- La SNCFT

le conducteur du train qui se serait arrêté, en rase campagne pour aller acheter des pêches et qui repart comme s’il conduisait un véhicule personnel: cela ne s’est passé ni chez les républiques bananières, ni de notre temps, lorsqu’on était au Congo, dans les années 60 du siècle dernier; mais cela est arrivé, malheureusement, en Tunisie et que vive la démocratie; et cela sans oublier les nombreux accidents qui ont eu lieu cette année et dont le dernier, à Ghardimaou, il y a quelques jours, et qui a fait une vingtaine de blessés.

3- La CTN

notre Compagnie Tunisienne de Navigation, ne doit pas être en reste et il fallait qu’elle ne soit pas aux abonnés absents, dans cette situation peu *flatteuse* puisqu’un différend a eu lieu entre le Commandant du navire et le personnel naviguant, le jour de l’Aïd, ce qui entraina l’annulation de la traversée du* Carthage*, notre fierté, vers Gênes. Cela ne devrait jamais exister parce que le Commandant est seul maitre à bord et l’équipage doit s’exécuter, quelques soient les ordres reçus, et se plaindre, une fois, la mission accomplie. Quand est-ce que nous allons comprendre cela ? Et quand est-ce nous commencerons à respecter les voyageurs, nos clients?

Où allons-nous ainsi, messieurs? C’est comme cela qu’on fait la bonne publicité pour notre pays et surtout pour notre tourisme?

Aussi, le fait de ne pas être à l’heure pour exécuter une mission d’importance stratégique, c’est le cas du pilote, ou d’empêcher un moyen de production de fonctionner normalement, est un acte de sabotage prévu par la Loi sur le terrorisme et cela, on ne doit pas l’oublier!.

Comme d’habitude, on assistera à l’intervention de quelques parties aux âmes charitables qui essayeront d’arrondir les angles pour trouver le compromis pouvant satisfaire tout le monde et éviter les sanctions qui s’imposent. Cette méthode, si elle continue à être appliquée, ne servira qu’à accélérer la déconfiture de l’Autorité de l’Etat ou de ce qu’il en reste. Comme tous les incidents cités plus haut nécessitent, au minimum, de sévères sanctions disciplinaires qui ne concernent que l’Autorité, il n’y a aucune raison d’y mêler les syndicats, car il ne s’agit pas d’un problème d’ordre social ; d’ailleurs, la partie sociale ne peut prendre que faits et causes pour ses affiliés parce qu’elle ne peut être juge et partie.  
Notre pays n’avancera pas d’un iota si la discipline, à tous les échelons et à tous les niveaux n’est pas rétablie, si l’Autorité, quelle qu’elle soit n’est pas respectée par tout et par tous, et si les sanctions qui s’imposent ne sont pas prises pour corriger, d’abord, les fautes élémentaires, que ce soit pour des absences illégales ou répétées, ou pour un travail mal fait, ou pour une mauvaise tenue, et même pour un employé qui n’a pas veillé à avoir une bonne présentation, et cela avant même d’arriver aux fautes professionnelles. 

Je ne suis le seul à être surpris et déçu que la relève des responsables,qu’ils soient des politiques ou des directeurs généraux de département et d’entreprises concernés n’ait pas été prononcée depuis fort longtemps. La démocratie nécessite un certain niveau culturel et social; et puis, si on en abuse, on risque de ne pas atteindre nos objectifs.

Boubaker Ben Kraiem
Ancien Gouverneur