Opinions - 25.05.2017

Abbes Mohsen: Le Gouverneur retourne à l'intérieur après une année de hors-sol

Abbes Mohsen: L’insubmersible

Même si la décision matérialisée par le décret du 20 mai 2016 était compréhensible, justifiée qu'elle était par la nécessaire remise en route de programmes d'infrastructures arrêtés depuis 2011, il fallait qu'il retournât un jour à son ministère d'origine. C'est fait.

L'administration territoriale fut, jusqu'à octobre 1955, gérée par le Premier ministre et la Section d'Etat.

Elle constitua en 1955  le joyau du tout nouveau ministère de l'Intérieur créé pour et par Mongi Slim, son chef de cabinet étant M. Ahmed Mestiri.

Le 21 juin 1956, Taïeb Mehiri et Bourguiba estimèrent naturel que le  Gouverneur nouvellement créé continuât à dépendre du ministère de l'Intérieur. Jamais Bourguiba ne balança. Même dans la période où un lien  fusionnel l'attacha à "ses “ Gouverneurs, jamais ne fut remise en question la subordination hiérarchique de ceux-ci au ministre de l'Intérieur.

Au-delà de toute autre considération, Gouverneur et Ministre de l'Intérieur partagent une compétence qui n'appartient qu'à eux : l'ordre public et sa fameuse trilogie : sécurité, tranquillité et salubrité.
Au ministère de l'Intérieur, il est dans son milieu.

Les adversaires de cette conception ont tenté parfois d'appeler l'histoire au secours: le caïd ne dépendait-il pas du Grand Vizir? Argument fragile car le Grand Vizir était plus qu'un Premier ministre ou un chef de gouvernement. Contrairement à ceux-ci, il n'était pas dans la coordination et le contrôle mais dans l'action administrative directe.
De plus, et depuis l'instauration du Protectorat, Police et Gendarmerie lui échappaient et relevaient des autorités coloniales. Cela justifiait que l'administration territoriale restât attachée au " Grand Ministère".

Ce n'est plus le cas.

En accueillant de nouveau l'administration régionale, le ministère de l'Intérieur s'étoffe et s'aère tout à la fois. Réduit à la Police, il apparaissait quand même un peu stalinien ! Ça ne manquait pas de surprendre dans un pays aspirant à la démocratie.
Heureux retour.

Le plus intéressant à noter est la résistance de l'institution gubernatoriale que la Constitution de 2014 aurait bien aimé faire mourir de mort naturelle en évitant, au Chapitre VII,  de la nommer. Peine perdue.
Sa résilience est le signe que la société tunisienne en a encore besoin pour maintenir le droit et protéger la population parfois désorientée par le rythme des choses.

Abbes Mohsen